Corruption et arrogance : la caste politique française au bord du gouffre

Corruption et arrogance la caste politique française au bord du gouffre

La France, berceau autoproclamé des droits de l’Homme et de la démocratie, traverse une crise morale et politique profonde. Les scandales judiciaires impliquant des élus et des figures de premier plan, l’absence d’exigence d’un casier judiciaire vierge pour exercer un mandat, la stagnation dans les classements internationaux de la corruption, et une magistrature comme une presse à géométrie variable alimentent une défiance citoyenne sans précédent. Cette situation a trouvé un écho retentissant dans le mouvement des Gilets jaunes, symptôme d’un ras-le-bol face à une élite perçue comme déconnectée et intouchable. En s’appuyant sur des exemples précis, notamment sous les gouvernements Macron (2017-2025), cet article décortique les dérives d’une classe politique qui semble naviguer dans une zone d’impunité, tout en pointant du doigt les complicités institutionnelles qui les perpétuent.

I. Une litanie de scandales judiciaires : l’entourage de Macron sous les projecteurs

Les vingt dernières années ont vu une succession d’affaires judiciaires impliquant des élus de tous bords, mais le quinquennat d’Emmanuel Macron (2017-2022, prolongé en 2022-2025) a concentré une densité exceptionnelle de scandales touchant ministres, proches collaborateurs et parlementaires. Voici une liste élargie et actualisée des cas les plus emblématiques, avec un focus sur les gouvernements Macron :

  • Alexis Kohler : le bras droit de Macron dans la tourmente
    Secrétaire général de l’Élysée de 2017 à avril 2025, Alexis Kohler a été mis en examen le 23 septembre 2022 pour « prise illégale d’intérêts » dans l’affaire MSC, révélée par Mediapart. Il lui est reproché d’avoir caché ses liens familiaux avec la famille Aponte, actionnaire principal de l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), tout en influençant des décisions publiques en faveur de cette entreprise lorsqu’il était haut fonctionnaire à Bercy (2012-2016). Entre 2009 et 2016, Kohler a approuvé des contrats entre MSC et des entités publiques comme le Grand Port maritime du Havre, où il siégeait, et a ensuite rejoint MSC comme directeur financier en 2016, avant de revenir à l’Élysée. Malgré sa mise en examen, Macron a maintenu sa confiance, qualifiant Kohler d’« intègre » lors d’une interview sur France 2 en mars 2023, une décision perçue comme un déni de la gravité des faits. En novembre 2024, la Cour d’appel de Paris a validé les poursuites, rapprochant Kohler d’un éventuel procès.
  • Éric Dupond-Moretti : un ministre de la Justice devant la justice
    Nommé garde des Sceaux en 2020, Éric Dupond-Moretti a été mis en examen en juillet 2021 pour « prise illégale d’intérêts » et renvoyé devant la Cour de justice de la République (CJR) en octobre 2022. Il lui est reproché d’avoir utilisé son pouvoir ministériel pour diligenter des enquêtes administratives contre des magistrats avec lesquels il avait des différends lorsqu’il était avocat, notamment dans l’affaire des fadettes du PNF. Jugé en novembre 2023, il a été relaxé par la CJR, une décision critiquée pour son apparente clémence. Cette affaire illustre un conflit d’intérêts flagrant, aggravé par le fait que Dupond-Moretti, en poste, pouvait influencer la nomination du procureur général de la Cour de cassation, son propre accusateur. Malgré les appels à sa démission, il est resté en fonction jusqu’en 2024, soutenu par Macron qui a minimisé l’affaire comme un « cas particulier » lié à sa carrière d’avocat.
  • François Bayrou : un retour controversé au sommet

    Figure clé de la majorité macroniste et président du MoDem, François Bayrou a été nommé Premier ministre en décembre 2024, malgré deux affaires judiciaires et morales qui jettent une ombre sur son intégrité. Premièrement, Bayrou est impliqué dans l’affaire des assistants parlementaires européens, où il est accusé d’avoir orchestré un système d’emplois fictifs au profit de son parti entre 2005 et 2017. Mis en examen en 2019, il est renvoyé en procès, prévu pour 2025, un calendrier qui n’a pas empêché Emmanuel Macron de le propulser à Matignon. Cette nomination, alors que Bayrou avait déjà dû démissionner de son poste de garde des Sceaux en 2017 sous la pression de cette même enquête, illustre l’abandon de la « jurisprudence » macroniste, qui voulait qu’un ministre mis en examen quitte ses fonctions.

    Plus grave encore, l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram, révélée par Mediapart en février 2025, accuse Bayrou d’avoir couvert des violences physiques et sexuelles dans cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques, où ses enfants étaient scolarisés et où son épouse enseignait le catéchisme. Avec 112 plaintes déposées pour des faits s’étendant des années 1950 aux 2000, cette affaire expose des décennies d’omerta. Mediapart a publié des témoignages accablants, dont celui d’une enseignante, Françoise Gullung, qui affirme avoir alerté Bayrou et son épouse dès 1995 sur des maltraitances, sans réaction de leur part. Un courrier envoyé en mars 2024 par une victime, reçu avec accusé de réception à la mairie de Pau, prouve que Bayrou était informé, contrairement à ses dénégations répétées devant l’Assemblée nationale. En 1998, un gendarme et un juge, chargés d’enquêter sur des viols commis par un prêtre de l’établissement, ont confirmé sous serment que Bayrou était intervenu dans la procédure, entravant potentiellement la justice. Libération rapporte que, président du département à la fin des années 1990, Bayrou a octroyé environ 1 million de francs de subventions à l’établissement, malgré des signalements de violences.

    Face à ces révélations, Bayrou a nié toute connaissance des faits, qualifiant les accusations de « polémiques artificielles » et annonçant une plainte pour diffamation. Pourtant, la commission d’enquête parlementaire, lancée en mars 2025, continue de mettre en lumière son rôle, alimentant les appels à la démission de la part de LFI et d’écologistes. Cette double controverse – financière avec les assistants parlementaires et morale avec Bétharram – incarne la « République des affaires » dénoncée par les opposants. Elle ravive la colère des Gilets jaunes, pour qui Bayrou symbolise une élite intouchable, protégée par une justice et une presse à géométrie variable, incapable de sanctionner les puissants malgré des preuves accablantes.

  • Alain Griset : un ministre condamné mais maintenu
    Ministre délégué aux PME en 2020, Alain Griset a été condamné en décembre 2021 à six mois de prison avec sursis pour déclaration incomplète de patrimoine, après avoir omis de déclarer 171 000 euros à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP). Il n’a démissionné qu’après sa condamnation, malgré sa mise en examen antérieure, marquant un recul par rapport aux engagements initiaux de Macron sur l’exemplarité.
  • Muriel Pénicaud : des soupçons sur Business France
    Ministre du Travail de 2017 à 2020, Muriel Pénicaud a été visée par une enquête pour « favoritisme » dans l’affaire Business France. En 2016, alors directrice de cette agence, elle avait supervisé l’organisation d’un événement à Las Vegas pour Emmanuel Macron, alors ministre, confié sans appel d’offres à Havas pour un coût de 381 000 euros. Bien que l’enquête ait été classée sans suite en 2018, elle a alimenté les accusations de conflits d’intérêts au sein de la Macronie.
  • Rachida Dati : une ministre sous enquête
    Ministre de la Culture depuis janvier 2024, Rachida Dati est mise en examen depuis 2021 pour « corruption passive » et « recel d’abus de pouvoir » dans l’affaire Carlos Ghosn. Elle est soupçonnée d’avoir reçu des fonds de Renault-Nissan pour des prestations de conseil douteuses. En novembre 2024, le PNF a requis un procès, mais Dati reste en poste, protégée par l’exécutif qui minimise l’affaire. Ce cas illustre la tolérance persistante pour les conflits d’intérêts au sommet de l’État.
  • Olivier Dussopt : des cadeaux controversés
    Ministre du Travail de 2020 à 2024, Olivier Dussopt a été mis en examen en 2020 pour « favoritisme » et « corruption » dans une affaire de marchés publics à Annonay, lorsqu’il était maire. Il a également été critiqué pour avoir accepté des cadeaux (deux lithographies) d’une entreprise liée à un contrat public. Bien que relaxé en 2023, son maintien en poste pendant l’enquête a renforcé l’image d’une justice à deux vitesses.

Ces affaires, parmi une quarantaine recensées par Mediapart depuis 2017, touchant ministres, députés ou collaborateurs de Macron, révèlent un schéma récurrent : des mises en examen suivies d’un maintien en poste, en rupture avec les promesses d’exemplarité de 2017.

II. La France dans le classement de Transparency International : un recul alarmant

L’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de Transparency International place la France à la 25e place mondiale en 2024, avec un score de 67/100, en net recul par rapport à 71 en 2023. Ce classement, inférieur à la moyenne des démocraties avancées (64), reflète une perception croissante de la corruption dans le secteur public. Les raisons sont multiples :

  • Affaires à répétition : Les cas Kohler, Dupond-Moretti ou Bayrou alimentent l’idée d’une élite intouchable.
  • Manque de moyens judiciaires : Le Parquet National Financier (PNF), malgré ses succès mais aussi son fonctionnement parfois partisant, souffre d’un sous-financement chronique, limitant sa capacité à traiter les dossiers complexes.
  • Protection des puissants : La Cour de justice de la République, souvent critiquée pour sa clémence envers les ministres, incarne une justice d’exception. La relaxe de Dupond-Moretti en 2023 en est un exemple frappant.
  • Corruption systémique : Des pratiques comme le pantouflage (passage du public au privé, comme Kohler chez MSC) ou les conflits d’intérêts non déclarés gangrènent la haute fonction publique.

Ce recul dans l’IPC coïncide avec une montée de l’indignation populaire, cristallisée par le mouvement des Gilets jaunes.

III. Le scandale du casier judiciaire non vierge : une anomalie démocratique

L’absence d’obligation d’un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection, y compris à la présidence de la République, reste une exception française aberrante. Alors que 396 professions, des chauffeurs de bus aux agents municipaux, exigent un casier vierge, les élus échappent à cette règle. Cette anomalie, dénoncée par des associations comme Anticor, permet à des figures condamnées de continuer à briguer des mandats.

En 2017, Macron avait promis d’imposer un casier vierge pour les candidats, mais la loi sur la moralisation de la vie politique a écarté cette mesure sous la pression du Sénat. Comparée à des pays comme le Canada, où une condamnation pour corruption entraîne une inéligibilité automatique, la France apparaît laxiste, renforçant le sentiment d’une classe politique au-dessus des lois.

IV. Le mouvement des Gilets jaunes : un cri contre l’impunité des élites

Lancé en novembre 2018, le mouvement des Gilets jaunes n’était pas seulement une révolte contre la hausse des taxes sur le carburant, mais une explosion de colère contre une élite politique perçue comme corrompue, arrogante et déconnectée. Les scandales judiciaires sous Macron, comme l’affaire Benalla (violences et abus de passeports diplomatiques) ou les révélations sur les conflits d’intérêts de Kohler, ont alimenté cette défiance. Les Gilets jaunes, issus des classes populaires et moyennes, dénonçaient une « République des copains » où les puissants s’enrichissent impunément pendant que le peuple paie l’addition.

Les slogans comme « Macron, rends l’ISF ! » ou « Tous pourris ! » traduisaient une exaspération face à une justice à deux vitesses et à une presse accusée de minimiser les scandales des puissants. Les affaires impliquant des ministres en exercice, comme Dupond-Moretti ou Dati, maintenus malgré leurs mises en examen, ont renforcé l’idée que l’exécutif se croit intouchable. Ce sentiment d’injustice a transformé les ronds-points en tribunes populaires, où la demande d’un Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) visait à redonner le pouvoir aux citoyens face à une classe politique jugée illégitime.

V. La magistrature et la presse : une géométrie variable accablante

  • Une magistrature sous influence
    La justice française, bien qu’indépendante en théorie, souffre d’une perception de partialité. La Cour de justice de la République (CJR), composée de magistrats et de parlementaires, est régulièrement accusée de protéger les ministres. La relaxe d’Éric Dupond-Moretti en 2023, malgré des preuves documentées de conflits d’intérêts, a ravivé les critiques contre cette institution, perçue comme un vestige d’une justice d’Ancien Régime. De plus, le Parquet National Financier, bien que dynamique, est souvent entravé par des pressions politiques. Par exemple, une lettre d’Emmanuel Macron en 2019, visant à dédouaner Alexis Kohler dans l’affaire MSC, a suscité des accusations d’ingérence, bien que légale, dans une enquête judiciaire.

Les syndicats de magistrats, comme l’Union syndicale des magistrats, dénoncent également des tentatives de contrôle de l’exécutif sur les nominations judiciaires. L’affaire Dupond-Moretti, où le ministre a pu influencer la carrière de ses adversaires magistrats, illustre cette porosité entre pouvoir politique et judiciaire. Cette « géométrie variable » de la justice – sévère pour les citoyens ordinaires, clémente pour les puissants – alimente le discours des Gilets jaunes sur une « justice de classe ».

  • La presse de grand chemin : entre silence et complaisance
    Les grands médias français, souvent détenus par des groupes industriels proches du pouvoir (Bouygues, Bolloré, Arnault, Dassault, etc…), sont accusés de minimiser les scandales touchant l’exécutif. Mediapart, dans un article du 4 octobre 2022, déplore le traitement marginal des affaires Kohler et Dupond-Moretti dans les journaux télévisés et les quotidiens mainstream, contrastant avec l’emballement médiatique pour des affaires moins graves (mais inacceptable), comme le protocole Covid de Jean-Michel Blanquer depuis Ibiza.

Cette couverture à géométrie variable renforce l’idée d’une presse « de grand chemin », qui protège les élites tout en amplifiant les faits divers pour détourner l’attention. Les Gilets jaunes, relayés par les réseaux sociaux, ont contourné cette censure implicite, faisant de plateformes comme X des espaces de contre-information, bien que parfois pollués par la désinformation. Des médias indépendants de ré_information, ont joué un rôle clé en documentant et diffusant les scandales macronistes et autres scandales d’État, mais leur audience reste limitée face aux mastodontes audiovisuels.

VI. Pistes de réforme face à une crise systémique

La récurrence des scandales et la complicité apparente des institutions exigent des réformes radicales pour restaurer la confiance, dont :

  • Abolition de la CJR : Remplacer cette juridiction par des tribunaux de droit commun pour juger les ministres, comme le proposent Anticor et Transparency International.
  • Casier judiciaire vierge obligatoire : Aligner les élus sur les exigences des fonctionnaires et professions réglementées.
  • Renforcement du PNF : Augmenter ses moyens et son contrôle par une autorité indépendante et populaire pour accélérer les enquêtes sur la délinquance financière.
  • Indépendance des médias : Réguler la concentration médiatique et protéger les rédactions des influences économiques et suppression de l’Arcom qui fonctionne en commissaire politique digne des pires moments de l’URSS.
  • Référendum d’Initiative Citoyenne : Donner aux citoyens un outil pour révoquer des élus corrompus, comme demandé par les Gilets jaunes.
  • Audit de la situation patrimoniale des candidats aux élections en entrée et sortie de mandat pour en vérifier la cohérence.
  • Doublement des peines pénales à l’encontre d’un détenteur d’un mandat électif quelconque.
  • Etc…


Conclusion : une République à la croisée des chemins

La France de 2025 est à un tournant. Les scandales impliquant Kohler, Dupond-Moretti, Bayrou, Dati et d’autres, sous l’ère Macron, ne sont pas des accidents, mais les symptômes d’un système où l’impunité des élites est tolérée par une magistrature et une presse à géométrie variable. Le mouvement des Gilets jaunes a révélé l’ampleur de la fracture entre le peuple et une classe politique perçue comme une caste intouchable. Si les réformes promises en 2017 – exemplarité, transparence, moralisation – sont restées lettre morte, l’exécutif porte une lourde responsabilité dans cette crise de légitimité.

Comme l’écrit Fakir, « 26 ministres ou proches de Macron ont été impliqués dans des affaires depuis 2017 », un bilan qui transforme la « République exemplaire » en « République des copains ». Face à cette dérive, la colère des Gilets jaunes, loin de s’éteindre, pourrait ressurgir sous des formes nouvelles, portée par une exigence de justice et de démocratie.
La balle est dans le camp des citoyens : sans une mobilisation massive, la France risque de s’enliser dans une oligarchie déguisée en République.

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