La démocratie : une promesse trahie, du berceau antique à l’oligarchie moderne

La démocratie : une promesse trahie, du berceau antique à l’oligarchie moderne

La démocratie, ce mot chargé d’espoir, est souvent brandi comme un étendard de liberté et d’égalité. Pourtant, en retraçant son histoire depuis ses origines à Athènes et à Rome jusqu’à nos jours, on observe une constante : le peuple, initialement au cœur du système, a été progressivement dépossédé de son pouvoir par une élite avide de contrôle, d’argent et de prestige. Cet article se propose de décortiquer ce lent glissement, de dénoncer la tromperie orchestrée par les oligarchies modernes et d’explorer des pistes pour restaurer une démocratie véritable, fidèle à son idéal originel.

Les origines de la démocratie : Athènes et Rome

À Athènes, au Ve siècle avant J.-C., la démocratie directe est née comme une réponse à la tyrannie. Les citoyens – hommes libres, excluant femmes, esclaves et métèques – participaient à l’Ecclésia, où ils débattaient et votaient directement les lois. Ce système, bien qu’imparfait, reposait sur une implication réelle du peuple. Les magistrats, tirés au sort ou élus, étaient soumis à un contrôle strict, et la reddition des comptes (euthyna) garantissait leur responsabilité. Cependant, des figures comme Périclès, par leur charisme et leur rhétorique, ont parfois orienté les décisions, révélant une première faiblesse : la manipulation des masses par une élite éloquente.

À Rome, la République (509-27 av. J.-C.) offrait un modèle différent, mêlant éléments démocratiques et aristocratiques. Le Sénat, dominé par les patriciens, partageait le pouvoir avec les assemblées populaires, comme les comices, où les citoyens votaient lois et élisaient leurs magistrats. Pourtant, ce système favorisait les grandes familles, et le clientélisme – où les puissants achetaient la loyauté des plus pauvres – limitait l’influence réelle du peuple. Les tribuns de la plèbe, censés défendre les intérêts populaires, étaient souvent cooptés par l’élite. Ainsi, dès ses origines, la démocratie portait en elle les germes de sa confiscation par une minorité.

La confiance du peuple et l’ascension de l’oligarchie

Au fil des siècles, le concept de démocratie a évolué, mais un schéma persistant s’est imposé : le peuple, initialement confiant en ses institutions, a été progressivement marginalisé. Étienne de La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire (1576), pointe une vérité cruelle : les peuples se soumettent volontairement à leurs oppresseurs, fascinés par le prestige du pouvoir ou désunis par leurs divisions. Cette servitude volontaire a permis aux élites de transformer les démocraties en oligarchies déguisées.

Montesquieu, dans L’Esprit des lois (1748), insiste sur la séparation des pouvoirs comme rempart contre la tyrannie. Mais il avertit que sans vertu civique, les institutions démocratiques s’effondrent. Rousseau, dans Du contrat social (1762), va plus loin en affirmant que la souveraineté populaire est inaliénable, et toute délégation excessive du pouvoir trahit la volonté générale. Pourtant, ces penseurs n’ont pas empêché la dérive des systèmes modernes. Machiavel, dans Le Prince (1513), offre une lecture cynique : les dirigeants, pour conserver le pouvoir, manipulent les apparences de la démocratie tout en consolidant leur domination. Cette lucidité éclaire la manière dont les élites contemporaines utilisent médias, lois et institutions pour maintenir leur emprise.

À l’époque moderne, la démocratie représentative, née des révolutions américaine (1776) et française (1789), promettaient de concilier souveraineté populaire et gouvernance efficace. Mais dès ses débuts, elle a été captée par une classe dirigeante. Les élus, souvent issus de milieux favorisés, ont transformé leur mandat en carrière, s’éloignant des aspirations populaires. Les lobbies, les réseaux d’influence et la finance ont achevé de vider la démocratie de sa substance, la réduisant à un théâtre où le vote n’est qu’un rituel vidé de sens.

Les soubresauts populaires : une résistance avortée

L’histoire est ponctuée de révoltes populaires, mais celles-ci, bien que spectaculaires, n’ont que rarement inversé la dynamique oligarchique. Les jacqueries médiévales, les révoltes paysannes contre l’oppression féodale, étaient écrasées par la force, faute d’organisation. La Révolution française de 1789, malgré ses idéaux d’égalité, a rapidement été confisquée par une nouvelle élite bourgeoise. Les sans-culottes, porteurs d’une vision radicale, ont été marginalisés, et le Directoire, puis l’Empire, ont rétabli un ordre favorable aux puissants.

Au XXe siècle, Mai 68 en France a secoué l’ordre établi, mais ses aspirations libertaires ont été absorbées par le système capitaliste, qui a transformé la contestation en produit de consommation. Plus récemment, le mouvement des Gilets jaunes (2018-2019) a révélé la fracture entre le peuple et une élite déconnectée. Les revendications – justice sociale, démocratie directe, pouvoir d’achat – ont été ignorées ou durement réprimées, et les réformes cosmétiques qui ont suivi n’ont rien changé au fond. Ces soubresauts, bien que porteurs d’espoir, illustrent une constante : sans outils institutionnels pour pérenniser le pouvoir populaire, les révoltes s’essoufflent face à l’inertie du système.

La tromperie oligarchique : une dépossession systématique

Aujourd’hui, la démocratie est un simulacre. Les citoyens votent – de moins en moins d’ailleurs -, mais les décisions majeures – économiques, sociales, géopolitiques – échappent à leur contrôle. Les multinationales, les institutions supranationales (comme l’Union européenne ou le FMI) et les réseaux financiers dictent les politiques publiques. Les élus, souvent issus des mêmes écoles et milieux, forment une caste interchangeable, motivée par l’argent et le pouvoir. Les médias, détenus par une poignée de milliardaires, façonnent l’opinion pour maintenir le statu quo.

Cette dépossession est d’autant plus insidieuse qu’elle se pare des atours de la démocratie. Les élections, les débats télévisés, les consultations publiques donnent l’illusion d’un choix, mais les options proposées servent toujours les mêmes intérêts. Comme le soulignait Machiavel, le prince n’a pas besoin de régner par la force : il lui suffit de contrôler les esprits. La confiance du peuple, jadis accordée aux institutions, a été trahie par ceux qui les ont détournées à leur profit.

Une porte de sortie : restaurer la souveraineté populaire

Pour retrouver une démocratie authentique, il faut rompre avec ce système vicié. Plusieurs pistes concrètes s’offrent à nous, toutes visant à redonner au peuple un pouvoir réel :

  • Le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) : Cet outil permettrait aux citoyens de proposer et voter directement des lois, contournant les élus. En Suisse, où une forme de RIC existe, les citoyens influencent des décisions majeures, comme les politiques fiscales ou migratoires. Un RIC bien encadré – avec un seuil raisonnable de signatures et des débats publics transparents – redonnerait vie à la souveraineté populaire.
  • La révocation des élus : Les responsables politiques doivent être responsables devant le peuple. Un mécanisme de révocation, comme dans certains cantons suisses ou États américains, permettrait de destituer les élus qui trahissent leurs promesses ou abusent de leur pouvoir. Cela instaurerait une culture de responsabilité et briserait l’impunité des élites.
  • La souveraineté nationale : Une démocratie véritable exige un État libre de toute ingérence extérieure. Les institutions supranationales, les traités commerciaux et les pressions géopolitiques limitent la capacité des peuples à décider de leur destin. Restaurer la souveraineté – monétaire, législative, territoriale – est essentiel pour empêcher les manipulations venues de l’étranger ou des multinationales.
  • L’éducation et la participation civique : Une démocratie vivante repose sur des citoyens informés et engagés. Renforcer l’éducation civique, encourager les débats locaux et soutenir les médias indépendants sont des préalables pour contrer la désinformation et réveiller la conscience politique.

Ces réformes non exhaustives,  nécessitent une mobilisation collective et une rupture avec l’apathie. Comme l’écrivait La Boétie, il suffit que le peuple cesse de consentir à sa servitude pour que le pouvoir des tyrans s’effondre. La véritable démocratie n’est pas un cadeau octroyé par des élites auto-proclamées : elle se conquiert.

Le Peuple, acteur de son destin

De l’Athènes antique à nos jours, la démocratie a été un idéal constamment détourné par ceux qui cherchent à monopoliser le pouvoir. La sagesse ancienne nous rappelle que la liberté exige vigilance et courage. Les révoltes populaires, souvent révélatrices d’un malaise profond, ont malheureusement montré leurs limites face à un système conçu pour étouffer la voix du peuple. Pourtant, des outils comme le RIC, la révocation des élus et la souveraineté nationale offrent une voie pour restaurer une démocratie digne de ce nom.

Le peuple n’est pas condamné à la servitude. En reprenant en main son destin, il pourrait transformer la démocratie d’un système oligarchique en une réalité vivante, où la volonté générale et le bien commun primeraient sur les intérêts égoïstes d’une minorité transformée en caste.
Le chemin sera ardu, mais, n’en doutons pas : « la liberté ne se donne pas, elle se prend ». À nous de la saisir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

NOUS CONCERNANT
NOUS CONCERNANT
MultiPol 360
À l’heure où tout semble s’effondrer dans les sociétés humaines et où ceux qui prônaient un Nouvel Ordre Mondial unipolaire découvrent avec rage que la majorité des peuples du monde n’acceptent plus la dictature occidentale, notre équipe a décidé de vous présenter ce monde en mutation en analysant les faits principaux qui sont soit occultés soit manipulés par les médias aux ordres. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité française et internationale sans que vous perdiez votre temps à chercher parmi les milliers d’informations qui nous sont proposées chaque jour. Aujourd’hui, ceux qui veulent s’informer pour approcher la vérité et résister à la désinformation du Système ont un nouvel outil à leur disposition : Il s’appelle MultiPol360. Nous sommes heureux de le mettre à votre disposition. Bienvenue dans le monde multipolaire de demain !

NOS CONSEILS DE LECTURE

Vous y trouverez des conseils de lecture qui vous aideront à mieux comprendre les enjeux de la géopolitique et des interactions qui gouvernent notre monde.

SITES AMIS