L’Union européenne traverse une crise profonde, marquée par des tensions commerciales avec les États-Unis, le conflit en Ukraine, des dissensions internes, et une perte de crédibilité sur la scène internationale. Au cœur de cette tempête, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est de plus en plus critiquée, au point que des diplomates exigent son départ. Selon le journal Die Weltwoche (26 avril 2025), son leadership est jugé toxique, et sa position affaiblie, notamment en raison de ses prises de position anti-Trump, menace la cohésion de l’UE.
Une intervention maladroite dans la campagne américaine
L’un des reproches les plus graves adressés à von der Leyen concerne son parti pris lors de la campagne électorale américaine de 2024. Comme le souligne Die Weltwoche, elle s’est « résolument rangée du côté de Biden », une décision perçue comme une ingérence maladroite dans les affaires internes des États-Unis. Cette prise de position a eu des conséquences désastreuses après la victoire de Donald Trump. Dès son retour à la Maison Blanche, Trump a snobé von der Leyen, refusant de la rencontrer ou de lui accorder un entretien, préférant négocier directement avec des leaders nationaux comme Giorgia Meloni. Une publication sur X de Thierry Breton (17 avril 2025) déplore ce « mépris institutionnel » qui « humilie » l’UE, soulignant l’isolement de von der Leyen.
Ce choix stratégique de s’aligner contre Trump a exacerbé les tensions commerciales transatlantiques. Alors que Trump a imposé des tarifs douaniers de 20 % sur les produits européens (Euronews, 2 avril 2025), von der Leyen, qui prône une « solution négociée » tout en préparant des contre-mesures, semble incapable de rétablir un dialogue constructif. Die Weltwoche note que son refus de s’aligner sur l’approche pragmatique de Trump « Deal » au profit d’un « No deal » rigide a nui aux intérêts économiques de l’UE, déjà fragilisée par une bureaucratie lourde et une compétitivité déclinante.
Une opacité qui alimente la méfiance
Les critiques ne se limitent pas à ses erreurs diplomatiques. Von der Leyen est également sous le feu des projecteurs pour son opacité dans la gestion des crises, notamment pendant la pandémie de Covid-19. Le journal évoque des « manigances liées au Covid », des « messages secrets », et un « refus de divulguer des informations sur les accords en coulisses ». Ces accusations font référence aux controverses autour des contrats de vaccins négociés avec Pfizer, où von der Leyen a été critiquée pour son manque de transparence sur les termes financiers et les échanges avec le PDG Albert Bourla. Ces révélations ont terni son image, renforçant l’idée d’une dirigeante autoritaire et corrompue.
Cette opacité s’étend à d’autres dossiers, comme les sanctions contre la Hongrie ou les pressions sur des États membres jugés récalcitrants. Die Weltwoche rapporte que des diplomates dénoncent une tendance à « harceler » des pays comme la Hongrie, qui revendique sa souveraineté, et à menacer de retirer leur droit de vote. Ces pratiques alimentent un sentiment d’injustice et fracturent l’unité européenne, déjà mise à mal par la montée des populismes.
Une « féminité toxique » ?
L’article de Die Weltwoche utilise l’expression provocatrice de « féminité toxique » pour qualifier le leadership de von der Leyen, une formule politiquement incorrecte qui n’a pas manqué de jeter de l’huile sur le feu. Pour certains, cette critique relève d’un sexisme déguisé, visant à discréditer une femme à la tête d’une institution puissante. Von der Leyen, première femme présidente de la Commission, a souvent été louée pour son énergie et sa résilience, notamment pour son soutien forcené à l’Ukraine (The Guardian, ( avril 2023). Cependant, pour ses détracteurs, cette « toxicité » renvoie à un style de gouvernance autoritaire, marqué par un manque de dialogue et une centralisation excessive du pouvoir.
Cette perception est renforcée par son isolement physique et politique. Vivant dans un modeste appartement au siège de la Commission, von der Leyen évite les conférences de presse et privilégie des messages vidéo scriptés, limitant les interactions spontanées.
Ce style, perçu comme distant, contraste avec l’approche plus directe de leaders comme Giorgia Meloni, qui a su tisser des liens avec Trump. En interne, von der Leyen est accusée de marginaliser ses vice-présidents, comme Frans Timmermans ou Margrethe Vestager, et de manquer de consultation sur des dossiers clés comme la règle de droit en Pologne et en Hongrie.
Une position affaiblie face à une UE fracturée
L’UE, décrite par Die Weltwoche comme étant dans un « état pitoyable », souffre d’une crise multidimensionnelle : tensions commerciales, dépendance énergétique, montée des populismes, et incertitude géopolitique face à la Russie et à la Chine. Von der Leyen, censée incarner la stabilité, semble dépassée. Sa vision d’une « nouvelle puissance mondiale » pour l’UE, vantée dans une interview à Die Zeit (Euronews, 16 avril 2025), est ridiculisée par Die Weltwoche, qui souligne que le centre de gravité géopolitique se déplace vers l’Asie, tandis que les États-Unis restent la superpuissance dominante.
En interne, von der Leyen fait face à une fronde croissante. Des diplomates la jugent « toxique » et appellent à un changement de direction pour « débloquer » la politique européenne et restaurer une diversité d’approches. Cette pression s’ajoute à l’affaiblissement de ses alliés traditionnels, comme Emmanuel Macron et Olaf Scholz, tous deux fragilisés par des revers électoraux (Politico, 19 juillet 2024). Pendant ce temps, des leaders comme Orban ou Fico qui sont en lien avec l’administration Trump, gagnent en influence, marginalisant davantage von der Leyen.
Une démission inéluctable ?
Dans un État normal, la question du maintien de von der Leyen serait posée. Mais l’UE n’est, « ni un État ni une institution normale » et tarde à réagir. Pourtant, les appels à sa démission se multiplient, portés par des diplomates et des voix populistes comme celle de Florian Philippot, qui célèbre l’humiliation de von der Leyen par Trump et appelle à la disparition de l’UE (publication sur X du 18 avril 2025).
La réhabilitation judiciaire de Călin Georgescu en Roumanie, si elle se confirme, pourrait être un coup supplémentaire pour von der Leyen. Son implication présumée dans l’exclusion de Georgescu, dénoncée comme une ingérence européenne, a attisé la colère populaire et renforcé les critiques contre son autoritarisme. Cette affaire illustre sa difficulté à naviguer entre pressions internes et externes, notamment celles de l’administration Trump, qui soutient des figures souverainistes.
Un leadership en sursis
Ursula von der Leyen, autrefois célébrée comme la « voix de l’Europe », est aujourd’hui une dirigeante isolée, critiquée pour ses erreurs stratégiques, son opacité, et un style de gouvernance jugé catastrophique. Ses prises de position anti-Trump ont non seulement affaibli sa légitimité face à Washington, mais aussi exacerbé les fractures au sein de l’UE. Un changement à la tête de la Commission pourrait, comme le suggèrent les diplomates, ouvrir la voie à une politique plus flexible et plus ouverte. Mais pour l’heure, von der Leyen s’accroche, au risque de précipiter l’UE dans une crise encore plus profonde.
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