Le 28 avril 2025, George Simion, leader du parti d’extrême droite roumain Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), a marqué les esprits lors du premier débat télévisé de la campagne pour l’élection présidentielle prévue en mai. Diffusé sur la chaîne Digi 24, ce moment clé a vu Simion quitter abruptement le plateau après avoir offert symboliquement un bouquet de fleurs à Elena Lasconi, candidate du parti USR (Union Sauvez la Roumanie), avec ces mots : « J’aimerais offrir ces fleurs à Mme Elena Lasconi. »
Un geste de protestation contre un « vol démocratique »
Le départ de Simion n’était pas un simple coup de théâtre. Il s’agissait d’une protestation retentissante contre l’exclusion de Calin Georgescu, un candidat d’extrême droite pro-russe, de la course présidentielle. Georgescu avait été interdit de participation par l’autorité électorale centrale roumaine le 9 mars 2025, une décision qui a plongé le pays dans une crise constitutionnelle majeure. Cette exclusion faisait suite à l’annulation de l’élection présidentielle initiale, le 6 décembre 2024, en raison d’allégations d’ingérence russe en faveur de Georgescu, une affaire qui a suscité des réactions internationales. Des figures comme Elon Musk et le vice-président américain JD Vance ont critiqué cette annulation, tandis que des diplomates européens, notamment d’Allemagne, de France, des Pays-Bas et d’Espagne, ont défendu l’indépendance des tribunaux roumains.
En quittant le débat, Simion a dénoncé ce qu’il considère comme un « vol » de la première élection présidentielle, affirmant que Georgescu, qu’il avait soutenu lors du second tour initial, était le « vrai président » du pays. Ce geste a été largement salué par des figures populistes européennes, notamment Florian Philippot, président du parti français Les Patriotes, qui a publié un message de soutien sur X le 29 avril 2025. Philippot, fervent défenseur du #Frexit (sortie de la France de l’UE), a applaudi l’action de Simion, la qualifiant de « classe et efficace », et a appelé à dire « non au coup d’État, non à l’UE », en prônant également un #Roumanexit.
Une montée des sentiments anti-UE en Roumanie et en Europe
L’action de Simion s’inscrit dans un contexte de montée des tensions politiques en Roumanie, où l’extrême droite, représentée notamment par l’AUR, détient environ un tiers des sièges au Parlement. Simion, qui s’est imposé comme un successeur nationaliste à Georgescu, cherche à mobiliser les électeurs frustrés par ce qu’il dénonce comme une atteinte à la démocratie roumaine. Il a également critiqué l’Union européenne, rejoignant un mouvement populiste plus large en Europe. En Espagne, par exemple, le parti anti-immigration Vox et un nouveau groupe populiste ont gagné du terrain lors des élections européennes de 2024, reflétant une vague de mécontentement similaire contre les institutions européennes.
Simion, connu pour ses positions bien tranchées, avait déjà fait parler de lui par le passé. Il milite notamment pour une réunification avec la Moldavie – ce qui lui a valu d’être interdit d’entrée dans ce pays – et est également persona non grata en Ukraine pour des raisons de sécurité. En 2020, son parti, l’AUR, était passé de l’obscurité à une force politique notable en obtenant 9 % des voix aux élections législatives roumaines, lui permettant d’entrer au Parlement.
Un symbole de résistance pour les souverainistes
Le geste de Simion, salué par Philippot comme une « leçon de grande classe », résonne particulièrement auprès des mouvements souverainistes à travers l’Europe. En France, Philippot, qui avait quitté le Front National en 2017 en raison de désaccords avec Marine Le Pen, milite depuis pour une sortie de la France de l’Union européenne. Dans une interview accordée à Public Sénat en juin 2024, il déclarait vouloir « détruire l’UE avant qu’elle nous détruise », une rhétorique qui trouve un écho dans les actions de Simion.
Sur les réseaux sociaux, les réactions au geste de Simion ont été nombreuses. Des utilisateurs ont exprimé leur admiration, évoquant « des frissons comme on n’en a plus en politique » et saluant « un homme avec du cran ». D’autres ont vu dans cette action un exemple à suivre pour une « France belle et libre », en soutien à Philippot et à son mouvement Les Patriotes.
Vers une élection sous haute tension
À l’approche de l’élection présidentielle roumaine de mai 2025, le climat reste extrêmement tendu. Selon un article d’AP News publié le 27 avril 2025, les Roumains font face à une vague de désinformation en ligne, avec des rumeurs alarmistes prétendant que le pays, membre de l’UE et de l’OTAN, se dirige vers une « guerre imminente » avec la Russie. Dans ce contexte, la candidature de Simion, portée par un discours nationaliste et anti-UE, pourrait galvaniser une partie de l’électorat, tout en exacerbant la vindicte européenne prête à tout pour ne pas laisser la Roumanie aux mains des nationalistes anti-UE.
Il est également à noter que d’ici à 2030, la Roumanie devrait accueillir la plus grande base militaire de l’Otan. Un renforcement durable du flanc est de l’Europe face à la supposée et sempiternelle menace russe…
Le geste de George Simion, à la fois symbolique et provocateur, illustre ainsi les enjeux majeurs de cette élection : la défense de la souveraineté nationale face à l’influence européenne, la lutte contre ce que certains perçoivent comme une dérive antidémocratique, et la montée en puissance des forces populistes dans un paysage politique européen en pleine mutation qui veut retrouver sa souveraineté et son libre-arbitre.
Voyez ça !
— Florian Philippot (@f_philippot) April 29, 2025
Le candidat @georgesimion a été incroyable hier soir lors du premier débat télévisé pour la présidentielle en #Roumanie ! (cf vidéo ⤵️)
Il a immédiatement quitté le débat, expliquant que la première élection présidentielle avait été volée aux Roumains avec… pic.twitter.com/QM1AycFD7G
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