Le 2 juin 2025, une attaque de drones audacieuse a visé des bases aériennes stratégiques russes, situées à 2 500 kilomètres à l’intérieur des frontières du pays, loin de la frontière ukrainienne. Cette opération, qualifiée par l’Ukraine d’ « Opération Toile d’araignée » et supervisée personnellement par le président Volodymyr Zelensky, a été décrite comme l’une des plus audacieuses menées par Kiev à ce jour. Selon Larry Johnson, ancien analyste de la CIA, interrogé par le juge Andrew Napolitano dans l’émission Judging Freedom, cette attaque portait clairement les empreintes des services de renseignement occidentaux, notamment la CIA, le MI6 britannique et potentiellement le Mossad israélien.
Une victoire tactique, mais un désastre stratégique
Johnson qualifie l’opération ukrainienne de « victoire à la Pyrrhus », c’est-à-dire un succès tactique coûteux qui pourrait se transformer en défaite stratégique. Selon lui, l’enthousiasme occidental face à cette attaque, parfois comparée à Pearl Harbor dans les médias, est non seulement exagéré, mais aussi ridicule. Il rappelle que l’attaque japonaise de 1941, censée détruire la flotte américaine, avait finalement réveillé un « géant endormi », conduisant à la victoire des États-Unis à la bataille de Midway. De manière similaire, Johnson estime que cette attaque pourrait pousser la Russie à passer d’une « opération militaire spéciale » à une posture de guerre totale, ciblant désormais des objectifs ukrainiens jusqu’alors épargnés.
L’Ukraine revendique avoir causé des dégâts de 7 milliards de dollars et détruit ou endommagé un tiers de la flotte de bombardiers stratégiques russes utilisés pour lancer des missiles de croisière. Cependant, Johnson conteste ces chiffres, affirmant que seulement sept avions auraient été touchés, et que plusieurs bases visées ont repoussé les drones grâce à leurs systèmes de défense électronique. Il souligne que cette opération, bien que spectaculaire, n’a pas affaibli de manière significative les capacités militaires russes.
Implication occidentale et déni plausible
Johnson est catégorique : il est « 100 % sûr » que la CIA, le MI6 et peut-être le Mossad ont joué un rôle dans la planification et l’exécution de l’attaque. Il évoque l’utilisation de drones sophistiqués, nécessitant des commandes externes et des communications par satellite, potentiellement via le réseau Starlink d’Elon Musk. Il mentionne également des rapports non confirmés selon lesquels Pete Hegseth, un responsable américain, aurait observé l’attaque en temps réel, ce qui impliquerait une connaissance préalable de l’opération.
Interrogé sur la crédibilité des démentis de l’administration Trump, notamment de figures comme John Ratcliffe (directeur de la CIA), Tulsi Gabbard (directrice du renseignement national), Marco Rubio (secrétaire d’État) ou le président Trump lui-même, Johnson parle de « déni plausible ». Selon lui, il est courant que les responsables politiques soient volontairement tenus dans l’ignorance pour pouvoir nier toute implication. « Ne me dites rien, faites-le », aurait été l’approche adoptée, selon Johnson.
Réactions russes et implications
L’attaque, bien que présentée comme un coup d’éclat par l’Ukraine et certains médias occidentaux, pourrait avoir des conséquences graves. Johnson estime qu’elle a galvanisé l’opinion publique russe, renforçant le soutien à des actions plus dures contre l’Ukraine. Jusqu’à présent, le président Vladimir Poutine a maintenu une approche mesurée, mais cette attaque pourrait pousser la Russie à intensifier ses opérations militaires, ciblant des infrastructures ukrainiennes critiques.
Johnson critique également la couverture médiatique occidentale, notamment un reportage de la BBC qui exagère l’ampleur des dégâts et présente l’Ukraine comme un adversaire ingénieux et déterminé. Il y voit une opération de propagande coordonnée par la CIA et le MI6 pour convaincre l’opinion publique, et même l’administration Trump, que l’Ukraine peut encore l’emporter face à une Russie prétendument affaiblie.
Terrorisme ou cible militaire légitime ?
L’attaque sur les bases aériennes russes est considérée par Johnson comme une action contre des cibles militaires légitimes, et non comme un acte de terrorisme. En revanche, il condamne d’autres attaques ukrainiennes, comme la destruction d’un pont à Briansk qui a causé la mort d’au moins 12 civils en s’effondrant sur un train de passagers. Ces actes, selon lui, n’ont aucun objectif militaire et visent à semer la terreur, ce qui en fait des actes de terrorisme.
Réactions politiques aux États-Unis
Johnson critique également les déclarations de sénateurs américains comme Lindsey Graham et Richard Blumenthal, qui ont qualifié l’attitude de Poutine de provocatrice et accusé la Russie de manipuler les négociations de paix. Graham a annoncé un projet de loi de sanctions « écrasantes » contre la Russie, mais aussi contre des pays comme l’Inde et la Chine, une démarche que Johnson juge contre-productive et susceptible d’aliéner davantage les partenaires mondiaux des États-Unis. Il accuse Graham d’être financièrement compromis par des intérêts ukrainiens, une allégation qu’il dit faire l’objet d’une enquête.
Perspectives pour la paix
Les pourparlers de paix à Istanbul, mentionnés dans le reportage de la BBC, se sont conclus après moins d’une heure, sans progrès significatif. Johnson note que la Russie continue de privilégier la diplomatie, proposant même des cessez-le-feu temporaires pour échanger les corps des soldats. Cependant, il estime que la Russie ne fait pas confiance à l’administration Trump, perçue comme un acteur non impartial en raison de son silence sur les attaques ukrainiennes et de son soutien implicite à Kiev.
Cette attaque de drones, bien que tactiquement impressionnante, risque d’aggraver le conflit russo-ukrainien en renforçant la détermination de la Russie et en radicalisant son opinion publique. Pour Johnson, l’implication des services de renseignement occidentaux est indéniable, et l’absence de condamnation claire de la part de l’administration Trump compromet sa crédibilité comme médiateur. Alors que l’Ukraine mise sur des coups d’éclat pour maintenir le soutien occidental, elle néglige, selon Johnson, une stratégie à long terme, ce qui pourrait accélérer sa défaite face à une Russie désormais plus résolue que jamais.
Note : Cet article est une synthèse et une adaptation en français de l’article de Leo Hohmann et de la transcription de l’interview de Larry Johnson. Pour plus de détails, consultez l’article original ICI et la vidéo sur ICI.
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