Ce que j’ai vu en Ukraine : révélations d’un observateur international

Ce que j’ai vu en Ukraine : révélations d’un observateur international

Le 12 juin 2025, lors de l’émission La Matinale Tocsin sur TV Libertés, Benoît Paré, ancien observateur international pour l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a partagé ses expériences en Ukraine, détaillées dans son livre Ce que j’ai vu en Ukraine 2015-2022 : journal d’un observateur international. Ancien fonctionnaire français, analyste au ministère de la Défense et officier de réserve déployé à huit reprises en opérations extérieures, Paré livre un témoignage factuel et troublant sur le conflit dans le Donbass, révélant des manipulations et des pressions qui ont entravé la vérité. Cet article s’appuie sur la transcription de l’interview pour explorer ses observations, les défis de l’OSCE et les implications de ses révélations.

Le rôle d’un observateur international

Benoît Paré a rejoint la mission spéciale de l’OSCE en Ukraine en juillet 2015, mandaté pour recueillir des informations objectives sur le terrain, vérifier les incidents sécuritaires et faciliter le dialogue entre les parties en conflit. L’OSCE, créée en 1975 et regroupant 57 États membres (pays occidentaux et ex-URSS), a déployé cette mission en 2014, initialement avec des civils, avant de recruter des profils militaires et policiers après l’escalade du conflit dans le Donbass. Paré, recommandé par le ministère français des Affaires étrangères, a travaillé sur place jusqu’en mai 2022, date de dissolution de la mission.

« Notre rôle était de rapporter les faits, sans biais, pour informer les États membres et contrer la propagande des deux côtés », explique-t-il. Ses patrouilles couvraient les zones contrôlées par le gouvernement ukrainien et celles tenues par les séparatistes prorusses, offrant une perspective unique sur la réalité du terrain.

Des chiffres censurés : une vérité qui dérange

L’un des points les plus marquants du témoignage de Paré concerne les rapports de l’OSCE sur les victimes civiles. En 2016, après un travail rigoureux de vérification impliquant trois sources par cas (médicale, officielle, et témoignages directs), l’OSCE a établi que 63 % des victimes civiles se trouvaient dans les zones séparatistes, contre 35 % dans les zones sous contrôle ukrainien. Ces chiffres, révélant un déséquilibre significatif, ont provoqué un scandale.

« Le gouvernement ukrainien a accusé l’OSCE d’être manipulée par les observateurs russes », raconte Paré. Sous la pression de Kyiv, le chef de mission, craignant pour son poste, a décidé de ne plus publier de données détaillées par zone, se limitant à des chiffres globaux. Paré, qui avait accès aux bases de données internes, a constaté que ce déséquilibre s’accentuait avec le temps : entre 2016 et 2018, 72 % des victimes de bombardements (excluant les mines) étaient dans les zones séparatistes, contre 25 % côté ukrainien, soit un rapport de 1 à 3. « Ces chiffres n’ont jamais été rendus publics, c’est une trahison du devoir de vérité », déplore-t-il, expliquant sa motivation à écrire ce livre.

Manipulations et falsifications : un système sous pression

Paré révèle plusieurs cas de falsification de rapports, principalement imputables à des observateurs occidentaux, notamment anglo-saxons. À Kramatorsk en 2015-2016, il découvre qu’un rapport quotidien attribuait à tort un bombardement de Gorlovka (tenue par les séparatistes) à une ville sous contrôle ukrainien, inversant les faits. L’auteur du rapport, un Américain ayant travaillé pour la National Endowment for Democracy (NED), une ONG soupçonnée de liens avec la CIA, a plaidé une « erreur humaine », mais Paré juge l’acte intentionnel. Deux autres collègues, un Français et un Britannique, lui ont rapporté des falsifications similaires orchestrées à Kyiv par une observatrice américaine en couple avec un officier des services ukrainiens (SBU).

« Je n’ai jamais constaté de mensonge de la part d’un Russe dans la mission, mais j’en ai vu plusieurs de la part d’Occidentaux, surtout anglo-saxons », affirme Paré. Il dénonce une culture d’autocensure et de « cachoterie » au sein de l’OSCE, où l’accès aux rapports de patrouille était parfois restreint, limitant la transparence.

L’attaque de l’école maternelle : une manipulation suspectée

Un incident particulièrement troublant concerne le bombardement d’une école maternelle à Stanitsa Luganska, dans le Donbass, le 17 février 2022, juste après une recrudescence des tensions annoncée par les États-Unis comme la date d’une possible invasion russe. Les médias ukrainiens et occidentaux ont immédiatement accusé les séparatistes prorusses, mais le rapport de l’OSCE, que Paré a consulté, révélait une incohérence : les impacts sur la façade nord-est de l’école impliquaient un tir venant du nord-est, alors que les séparatistes étaient positionnés au sud-ouest. « Physiquement, ça n’avait pas de sens », explique-t-il.

Paré s’interroge : pourquoi les séparatistes, qui considèrent les habitants du Donbass comme leur peuple, bombarderaient-ils une école en plein jour, dans une ville historiquement liée aux Cosaques locaux ? De plus, les observateurs de l’OSCE ont été interdits d’approcher le site à moins de 50 mètres, une restriction inédite en cinq ans. Quelques heures après l’incident, la vice-ministre ukrainienne de la Défense et l’ambassade américaine ont accusé la Russie, un narratif repris par Volodymyr Zelensky à la conférence de Munich le lendemain. « Tout indique une manipulation, montée en épingle pour rallier l’Occident », conclut Paré.

Un narratif de propagande à grande échelle

Paré estime que ces manipulations s’inscrivent dans un schéma plus large, observé après 2022 dans des incidents comme le bombardement de la maternité de Marioupol, du théâtre de la ville, ou les prétendus massacres de Boutcha et Izioum. Il cite l’exemple de la médiatrice ukrainienne des droits humains, démise en 2022 pour avoir inventé des chiffres sur des « milliers de viols » par des soldats russes, justifiant ses mensonges par la nécessité d’obtenir des armes occidentales. « En Occident, ces affaires sont rarement corrigées », regrette-t-il, comparant ces techniques à des précédents comme la fiole de Colin Powell en 2003 ou le massacre de Račak en 1999, utilisé pour justifier les bombardements de la Serbie.

« Les manipulations existent depuis des décennies, mais elles restent cantonnées aux médias alternatifs », observe Paré, plaidant pour une prise de conscience plus large. Il reconnaît que la propagande peut aussi exister côté russe, mais il insiste sur l’asymétrie des manipulations occidentales dans son expérience.

Une mission sacrifiée pour la vérité

En publiant son livre, Paré savait qu’il mettait fin à sa carrière dans les missions internationales. « J’ai fait un choix : la vérité est plus importante que mon avenir économique », confie-t-il. Il considère que la guerre du Donbass, amplifiée par l’intervention russe en 2022, a des implications globales, au risque d’une « troisième guerre mondiale ». Son témoignage vise à fournir des faits bruts, basés sur des rapports vérifiés, pour contrer les narratifs orientés.

Aujourd’hui, alors que les discussions pour un cadre de paix restent fragiles, Paré suit l’actualité via des canaux Telegram et des contacts locaux. Il déplore que la mission de l’OSCE, dissoute en mai 2022, ait échoué à publier des vérités dérangeantes, mais il espère que ses révélations inciteront à une réflexion basée sur les faits.

Le témoignage de Benoît Paré, fruit de sept ans d’observation dans le Donbass, met en lumière des manipulations, des pressions et une censure qui ont entravé la mission de l’OSCE en Ukraine. En révélant des chiffres censurés, des falsifications de rapports et des incidents suspects comme l’attaque de Stanitsa Luganska, il expose les défis d’une organisation internationale confrontée à la propagande et aux intérêts politiques. Son livre, disponible ici, offre une source précieuse pour comprendre la réalité du conflit, loin des narratifs médiatiques. Dans un monde où la vérité est souvent sacrifiée, Paré appelle à une prise de conscience basée sur les faits.

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