Analyse de l’opération israélienne « Rising Lion » contre l’Iran

Analyse de l’opération israélienne « Rising Lion » contre l’Iran

Dans une récente émission du Samedi politique diffusée sur TV Libertés, l’avocat au barreau de Paris et spécialiste en géopolitique, Ardavan Amir-Aslani, a livré une analyse approfondie de l’opération militaire israélienne Rising Lion, lancée dans la nuit du 12 au 13 juin 2025 contre l’Iran.

Ardavan Amir-Aslani
Ardavan Amir Aslani

Cette offensive, marquée par des frappes sur des cibles militaires et des figures des Gardiens de la Révolution, soulève des questions cruciales sur les véritables motivations d’Israël, le rôle des États-Unis, et les conséquences pour la population iranienne. Voici une synthèse des points clés abordés.

Contexte et motifs officiels de l’opération

L’opération Rising Lion intervient après une série d’offensives israéliennes au Proche et Moyen-Orient, notamment à Gaza, au Liban et en Syrie. Selon Benjamin Netanyahu, ces frappes visent à contrer l’avancée supposée de l’Iran vers l’arme nucléaire. Cependant, Ardavan Amir-Aslani conteste vigoureusement ce prétexte, le qualifiant de « faux » et d’« illégal ». Il rappelle que depuis 40 ans, des allégations similaires sur une bombe iranienne imminente circulent sans jamais se concrétiser. Des rapports récents, notamment de la CIA et de la responsable du renseignement américain, Tulsi Gabbard, confirment que l’Iran n’a pas relancé son programme d’armes nucléaires, suspendu en 2003.

Pour Amir-Aslani, l’objectif réel de cette opération n’est pas le nucléaire, mais un « regime change » visant à affaiblir ou renverser la théocratie iranienne. Il souligne que le moment choisi par Israël est opportun : l’Iran est fragilisé par une économie en ruine, une crise hydrique, et des révoltes populaires, notamment le mouvement Femme, Vie, Liberté. La neutralisation des proxies iraniens (Hamas, Hezbollah, régime d’Assad) a renforcé la perception d’une faiblesse iranienne, incitant Israël à agir.

Une guerre illégale et coordonnée avec les États-Unis

L’avocat dénonce l’illégalité de l’opération, menée sans mandat de l’ONU, en violation de la Charte des Nations Unies. Il pointe également une coordination étroite entre Israël et les États-Unis. Selon lui, les capacités déployées par Israël, notamment en matière de cyberattaques neutralisant les défenses iraniennes, dépassent ses moyens propres et impliquent un soutien américain. Les déclarations de Donald Trump, qui rejette toute négociation avec l’Iran et évoque une « capitulation sans condition », renforcent cette thèse. Amir-Aslani va jusqu’à suggérer que les négociations sur le nucléaire, prévues à Oman peu après les frappes, étaient une « mise en scène » destinée à faire baisser la garde de Téhéran.

Conséquences humanitaires et désinformation

L’émission met en lumière les conséquences dramatiques pour la population iranienne. Contrairement aux affirmations israéliennes, les frappes ne se limitent pas aux sites militaires. Des villes de province, des hôpitaux, des raffineries et des infrastructures civiles ont été touchés, causant des centaines de morts et des milliers de blessés. Amir-Aslani, en contact avec des Iraniens sur place, décrit une population terrifiée par les bombardements incessants et en colère, à la fois contre Israël et contre un régime incapable de la protéger.

Il critique également la propagande des deux camps, qui exagèrent les dommages collatéraux pour servir leurs récits. Si des frappes iraniennes de représailles ont causé des dommages limités en Israël (24 morts selon l’émission), les pertes en Iran sont incomparablement plus lourdes. Amir-Aslani rejette l’idée, relayée par certains médias israéliens, selon laquelle cette guerre serait un combat contre l’« islamisme radical ». Pour lui, il s’agit d’une stratégie de diversion visant à détourner l’attention des massacres à Gaza (65.000 morts selon ses chiffres et 55.000 selon l’UNICEF) et à légitimer l’hégémonie israélienne au Moyen-Orient.

L’Iran : un « tigre de papier » résilient

Malgré sa rhétorique belliqueuse, l’Iran apparaît comme un « tigre de papier », incapable de rivaliser militairement avec Israël en raison de 47 ans de sanctions internationales. Privé d’aviation moderne et limité à des missiles et drones de fabrication locale, le pays lutte dans un combat inégal. Pourtant, Amir-Aslani souligne la résilience historique du peuple iranien, qui a résisté à l’invasion de Saddam Hussein dans les années 1980. Il estime que le régime, bien que détesté par une majorité de la population (80 % selon lui), ne capitulera pas facilement, surtout face à une agression extérieure.

Le rôle de la France et la diplomatie internationale

Interrogé sur la position de la France, Amir-Aslani déplore l’affaiblissement de sa diplomatie. Alors qu’Emmanuel Macron appelle à la désescalade, il est immédiatement recadré par Trump, qui privilégie une victoire totale sur l’Iran. Pour l’avocat, la France a perdu son rôle de « troisième voie » incarné par de Gaulle, incapable de peser face à l’axe américano-israélien. Il critique l’absence d’une diplomatie française forte, soulignant que même Netanyahu n’a pas jugé nécessaire d’informer Paris des frappes. Cette marginalisation s’étend à l’Afrique, où la France a perdu son influence, et à l’international, où elle peine à faire entendre sa voix.

Perspectives et risques d’escalade

L’Iran, bien que membre des BRICS, se trouve relativement isolé sur le plan militaire dans son conflit avec Israël, ne bénéficiant pas d’un soutien concret de ses alliés potentiels. La Russie, la Chine et l’Inde ont adopté des positions prudentes, se limitant à des déclarations diplomatiques sans engager d’actions significatives ni condamner explicitement les États-Unis ou Israël. La Chine, principal acheteur de pétrole iranien (90 % des exportations pétrolières de l’Iran), a exprimé sa « profonde inquiétude » face à l’escalade et a appelé à un cessez-le-feu, tout en mettant en garde contre toute action menaçant la souveraineté iranienne ou les flux pétroliers, vitaux pour son économie. Pékin a toutefois exclu toute aide militaire directe, privilégiant une posture de médiation pour préserver sa stabilité énergétique et son influence régionale. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a déclaré le 19 juin 2025 que l’Iran n’avait pas sollicité de soutien militaire de Moscou, soulignant l’absence de clause de défense mutuelle dans leur partenariat stratégique signé en janvier 2025. Tout en condamnant les frappes israéliennes comme une « violation du droit international », Poutine a proposé une médiation pour résoudre le conflit, cherchant à renforcer la position diplomatique de la Russie sans s’engager militairement. L’Inde, quant à elle, s’est abstenue de toute prise de position ferme, reflétant sa volonté de maintenir des relations équilibrées avec toutes les parties. Cette retenue des BRICS illustre les limites de leur cohésion face à un conflit où les intérêts économiques et géopolitiques divergent.

Appel à la paix

Ardavan Amir-Aslani termine par un vibrant plaidoyer pour l’arrêt des bombardements, qu’il qualifie de « guerre totale » contre un peuple sans défense. Il appelle à laisser les Iraniens décider de leur avenir, convaincu que la théocratie est condamnée à terme par la jeunesse et les aspirations démocratiques du pays. Pour lui, l’interventionnisme occidental, illustré par les échecs en Irak, en Afghanistan ou en Libye, ne peut qu’aggraver les tragédies humaines.

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