La souveraineté énergétique française : une grandeur sacrifiée sur l’autel des ambitions politiques

La souveraineté énergétique française : une grandeur sacrifiée sur l’autel des ambitions politiques

Dans une interview percutante, Henri Proglio, ex-PDG de Veolia (2002-2010) et d’EDF (2009-2014), dresse un réquisitoire implacable contre la désintégration de la souveraineté énergétique française.

Henri Proglio
Henri Proglio

Au cœur de son analyse : des choix politiques opportunistes, notamment ceux des Verts sous l’égide de figures comme Dominique Voynet, prêts à compromettre l’intérêt national pour accéder au pouvoir, et une soumission coupable à une doctrine européenne dictée par l’Allemagne.

Une ambition originelle : l’indépendance énergétique

En 1946, dans une France exsangue, le général de Gaulle et un gouvernement incluant des communistes posent les fondations d’un système énergétique souverain. Face à un pays dépourvu de pétrole et de gaz, l’objectif est clair : industrialisation, compétitivité et service public universel, avec un accès à l’électricité à prix unique pour tous. EDF naît de la nationalisation des opérateurs, appuyée par le CEA pour le nucléaire et des barrages hydrauliques d’envergure. Ce modèle centralisé fait de la France un champion mondial, avec une électricité bon marché, symbole de fierté nationale.

La fracture des ambitions politiciennes

Ce « continuum politique » résiste aux alternances jusqu’aux années 1990, mais l’arrivée des Verts, incarnés par Dominique Voynet, marque une rupture.

dominique voynet
Dominique Voynet lors d une Manifestation anti EPR à Toulouse

Lors de la cohabitation Jospin (1997-2002), Voynet, ministre de l’Environnement, impose l’arrêt du réacteur Superphénix, un projet stratégique pour la gestion des déchets nucléaires. Proglio y voit une « obsession antinucléaire » dénuée de rationalité, un premier coup porté à l’édifice énergétique français. Cette décision n’est pas anodine : elle reflète l’ambition des Verts de s’imposer politiquement, quitte à sacrifier un atout national pour satisfaire leur base électorale et accéder aux sphères du pouvoir.

Le summum de cette dérive survient en 2012, lors de la campagne présidentielle de François Hollande. Pour sceller une alliance avec les Verts, menés par Jean-Vincent Placé, les socialistes proposent, dans une négociation nocturne, la fermeture de 26 réacteurs nucléaires. Proglio, alors PDG d’EDF, s’insurge contre cette « erreur magistrale », dénonçant un projet qui menace un million d’emplois et la compétitivité française. Les Verts, pourtant, jubilent : leur influence grandit, même si leurs exigences initiales étaient bien moindres. Cette surenchère illustre leur stratégie : instrumentaliser l’écologie pour conquérir le pouvoir, au mépris des conséquences pour les Français – hausses de prix, fragilisation industrielle et dépendance énergétique.

Hollande, conscient du désastre potentiel, recule partiellement, mais le mal est fait. La fermeture de Fessenheim, annoncée puis repoussée, devient un symbole de cette capitulation face aux Verts. Proglio révèle l’absurdité : 2,5 milliards d’euros investis pour moderniser Fessenheim, rendue « la plus moderne des centrales françaises », pour finalement la fermer sous pression politique. Les Français paient le prix fort : une électricité plus chère et une industrie en déclin.

L’ombre de l’Allemagne et la complicité européenne

Si les Verts portent une lourde responsabilité, l’Allemagne orchestre la seconde offensive via Bruxelles. Ayant abandonné son nucléaire sous la pression des Grünen, Berlin mise sur le gaz russe et cherche à neutraliser l’avantage compétitif français. La doctrine bruxelloise, « conçue par les Allemands », impose la concurrence au marché de l’électricité. EDF est contrainte de céder 25 % de sa production nucléaire à des concurrents à 42 €/MWh, bien en deçà de son coût de revient (60 €). Des « parasites » comme Direct Énergie, sans rien produire, revendent cette électricité à profit, tandis que les prix grimpent pour les consommateurs. Proglio fustige cette « braderie », qui enrichit des traders au détriment des Français.

Cette politique, imposée sous le mantra du « bonheur par la concurrence », est une aberration. Les gouvernements français, tétanisés par la fascination pour Bruxelles ou par peur de froisser les Verts, se soumettent. Proglio déplore l’absence de résistance : « J’en veux au gouvernement français de ne pas avoir défendu la France. » L’opposition, elle, reste muette, hypnotisée par le « rêve » des renouvelables (un air de déjà vu…).

Le mirage des renouvelables : une religion opportuniste

Les Verts, portés par une « religion » antinucléaire, promeuvent éolien et photovoltaïque comme solution miracle. Proglio démonte ce dogme : ces énergies intermittentes, représentant 15-16 % de la production, désoptimisent le parc nucléaire, forcé de moduler sa production à grands frais. L’absence de technologie européenne – le photovoltaïque est chinois – et les subventions massives, payées par le contribuable, aggravent la facture. En Allemagne, des parcs éoliens offshore, déconnectés faute d’infrastructures de raccordement suffisantes, illustrent l’absurdité de cette fuite en avant.

Pour Proglio, cette obsession relève d’une manipulation de l’opinion, orchestrée par des Verts en quête de légitimité politique et d’accès au pouvoir. Leur discours, drapé d’écologie, masque une ambition de pouvoir qui ignore les réalités : la France dispose d’un parc nucléaire et hydraulique décarboné à 95%, autonome et exportateur. Pourtant, des plans prévoient de tripler le photovoltaïque et de décupler l’éolien offshore, pour 300 milliards d’euros, sans justification économique ni environnementale.

Un sursaut urgent pour la France

Proglio appelle à un retour au bon sens : stopper les renouvelables, rétablir un opérateur unique sous contrôle étatique et baisser les prix de 25 à 50 % en s’appuyant sur le parc existant. Il propose de défier l’Europe, à l’exemple de l’Espagne et du Portugal, qui ont su s’émanciper de certaines règles. « Sortons de l’Europe de l’énergie », lance-t-il, excédé par une politique qui désintègre un outil industriel valant des milliers de milliards.

Ce cri d’alarme vise aussi les ambitions politiciennes qui ont gangréné le débat. Les Verts, de Voynet à Placé, ont sacrifié l’intérêt des Français pour leur ascension. Les socialistes, par calcul électoral, ont suivi. Quant aux décideurs actuels, ils persistent dans une « bouillie » idéologique, ignorant les évidences au nom d’une modernité illusoire. Proglio, patriote et pragmatique, en appelle aux « esprits vertébrés » pour remettre la France sur les rails d’une énergie souveraine, accessible et compétitive.

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