Dans un communiqué officiel publié le 2 août 2025 par le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou a annoncé la suspension de son moratoire unilatéral sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire et plus courte basés au sol. Cette décision est présentée comme une réponse nécessaire aux actions provocatrices des États-Unis et de leurs alliés, qui, selon la Russie, minent la stabilité stratégique globale et violent les principes de non-prolifération.
Contexte et justifications de la suspension
Dans le cadre des actions délibérées des États-Unis, qui ont provoqué en 2019 la suspension puis la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), la Fédération de Russie a multiplié les initiatives pour préserver la modération dans ce domaine. Cela s’est traduit, entre autres, par des déclarations au plus haut niveau entre 2019 et 2020, instaurant un engagement volontaire et unilatéral de la Russie à s’autolimiter sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire basés au sol, tant que des armes équivalentes de fabrication américaine seraient implantées dans les régions concernées du globe. Simultanément, la Russie a adressé un appel explicite aux pays membres de l’OTAN pour qu’ils adoptent un moratoire réciproque sur le déploiement de systèmes d’armement précédemment prohibés par le Traité FNI, et aux alliés des États-Unis en Asie-Pacifique pour qu’ils soutiennent ses efforts visant à éviter une course aux armements de cette nature dans cette zone.
Cependant, le ministère met en avant plusieurs précédents qui justifient cette mesure défensive. Depuis 2023, des systèmes américains capables de lancer des missiles à portée intermédiaire (FNI) depuis le sol ont été transférés vers des pays européens de l’OTAN pour des tests lors d’exercices à orientation clairement antirusse.
En Asie-Pacifique, la situation est particulièrement préoccupante : en avril 2024, sous prétexte d’exercices, un complexe de missiles à portée intermédiaire Typhon a été livré aux Philippines, où il se trouve encore. Plus récemment, lors de l’exercice Talisman Sabre 2025, un équipage australien utilisant le système Himars acheté aux États-Unis a tiré un missile américain PrSM. Ce missile, testé par le Pentagone dès 2021, possède une portée supérieure à 500 km, le classant ainsi parmi les missiles terrestres à portée intermédiaire.
Un facteur supplémentaire souligné par Moscou est l’intention déclarée par plusieurs alliés des États-Unis d’acquérir auprès de Washington des missiles à portée intermédiaire basés au sol, de développer leurs propres systèmes avec une portée de 500 à 5.500 km, ou d’augmenter leur arsenal existant de tels armements. Ces développements sont bien évidemment perçus comme une escalade directe menaçant la sécurité russe.
Une réponse symétrique et défensive
Face à ces précédents, la Russie affirme qu’elle n’est plus liée par son moratoire et procédera au développement et au déploiement de missiles à portée intermédiaire et plus courte pour contrer les menaces émergentes.
Le ministère insiste sur le caractère défensif et symétrique de ces mesures, visant à rétablir l’équilibre stratégique perturbé par les actions unilatérales des États-Unis et de l’OTAN.
Cette annonce s’inscrit dans le contexte plus large de la dissolution du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) en 2019, suite à des accusations de violations. Moscou appelle à un dialogue international pour éviter une nouvelle course aux armements, mais conditionne toute reprise du moratoire à des engagements réciproques de non-déploiement de la part des États-Unis et de leurs alliés.
Implications géopolitiques et appels au dialogue
La Russie réaffirme son engagement pour la stabilité stratégique, mais avertit que toute escalade supplémentaire entraînera des contre-mesures appropriées, tout en invitant à un dialogue constructif pour préserver la paix globale.
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