L’Euro numérique : vers un contrôle total de l’argent ?

L’Euro numérique : vers un contrôle total de l’argent ?

Dans un monde marqué par des tensions géopolitiques, des instabilités économiques et des débats sur la préservation des libertés, un projet discret mais révolutionnaire émerge : les monnaies numériques de banque centrale (MNBC), ou Central Bank Digital Currencies (CBDC) en anglais. L’euro numérique, piloté par la Banque centrale européenne (BCE), s’inscrit dans cette tendance mondiale. Selon un sondage de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) réalisé en 2023 auprès de 86 banques centrales, 94 % d’entre elles explorent déjà une MNBC. En mai 2020, seulement 35 pays s’y intéressaient ; quatre ans plus tard, en mai 2024, ce sont 134 pays, représentant 98 % du PIB mondial, qui sont engagés dans ce domaine. Cette accélération n’est pas anodine : elle répond à la concurrence des cryptomonnaies privées et vise à maintenir la souveraineté monétaire face à une fragmentation potentielle des moyens de paiement.

Ces MNBC, contrairement aux cryptomonnaies décentralisées comme le Bitcoin, sont émises et garanties par une banque centrale, offrant une stabilité similaire à un stablecoin mais avec un contrôle centralisé.

Le projet initial de Facebook (Libra, rebaptisé Diem) a accéléré les efforts des banques centrales, craignant une perte d’hégémonie. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a confirmé cette « course contre la montre » face à la montée des stablecoins comme l’USDT ou l’USDC, lors d’un entretien en 2024. Bien que présentées comme un complément aux espèces, ces monnaies soulèvent des inquiétudes sur la confidentialité et le contrôle des transactions.

Contexte mondial des MNBC : une tendance massive

À l’échelle globale, les MNBC se déclinent en deux catégories principales :

  • les MNBC de gros (wholesale), destinées aux institutions financières pour optimiser les règlements interbancaires, et
  • les MNBC de détail (retail), accessibles au grand public pour les paiements quotidiens.

Selon la BRI, les projets varient en architecture, infrastructure, accès et interconnexion, mais aucun n’offre un accès totalement anonyme. Trois pays ont déjà lancé des MNBC opérationnelles : les Bahamas (Sand Dollar, octobre 2020), la Jamaïque (Jam-Dex, juillet 2022) et le Nigeria (eNaira, octobre 2021). Ces initiatives font face à des défis d’adoption et de confidentialité, avec une utilisation limitée en 2025.

La Chine mène la danse avec son e-CNY (yuan numérique), en phase avancée depuis 2020, avec un volume de transactions atteignant 7 billions de yuans (environ 837 milliards €) en juin 2024. En 2025, la Chine continue d’étendre son utilisation internationale, promouvant un système multipolaire. D’autres pays avancent : le Brésil (Drex) et l’Inde (Digital Rupee) prévoient un lancement fin 2024, tandis que le Japon et la Russie visent 2026, comme l’UE. Aux États-Unis, en revanche, l’opposition est forte : le public et le Congrès s’y opposent, et un décret exécutif de janvier 2025 interdit explicitement un dollar numérique fédéral, renforçant la législation anti-CBDC.

Avancées techniques et fonctionnalités programmables

Récemment, la BCE a lancé une plateforme d’innovation pour explorer les potentialités de l’euro numérique. Près de 70 acteurs du marché, incluant des fintech, des start-ups, des universités et des banques, ont participé à une première phase d’expérimentation. Les résultats, publiés fin septembre 2025, mettent en avant des applications qui pourraient stimuler l’innovation dans les systèmes de paiement et favoriser l’inclusion financière. Parmi les fonctionnalités testées, les paiements conditionnels se distinguent : ces transactions automatisées s’exécutent uniquement si des critères prédéfinis sont remplis. Bien que présentés comme un moyen d’améliorer la vie quotidienne des Européens, ces mécanismes ouvrent la porte à des contrôles potentiels sur les dépenses, évoquant des systèmes de crédit social.

La programmabilité des MNBC amplifie ces risques : il serait possible de restreindre les usages à certains produits, d’imposer des critères d’éligibilité ou même de fixer une date d’expiration aux fonds, forçant la consommation et limitant l’épargne.

Une seconde phase d’expérimentation est annoncée, avec des résultats attendus au premier semestre 2026. Ces tests confirment également d’autres aspects préoccupants, comme les prélèvements automatiques facilités pour les impôts ou les services publics, rendant obsolètes les avis d’imposition traditionnels. De plus, la fermeture de comptes pourrait devenir plus rapide et aisée, renforçant le pouvoir des autorités centrales sur les finances individuelles ou les saisies de comptes pour raisons politiques.

Retards et résistances : une bonne nouvelle pour les opposants ?

Initialement prévu pour 2027, le déploiement de l’euro numérique est désormais repoussé à 2028, voire 2029.

Ce délai, regretté par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans une interview récente, s’explique par des débats au Parlement européen et des oppositions de banques privées. Ces institutions craignent une concurrence directe avec la BCE, qui gèrerait les comptes sans intermédiaires. Le citoyen changerait alors de maître (État ou banques), mais serait toujours perdant.
Mais au-delà des enjeux économiques, une mobilisation citoyenne grandissante informe le public sur les risques, contribuant à ce ralentissement. 

Cette résistance s’organise autour de la défense de l’argent liquide, perçu comme un rempart contre la surveillance. Des pétitions nationales circulent pour constitutionnaliser son existence et s’opposer à l’euro numérique. Parallèlement, des manifestations sont prévues appelant à une sortie de l’euro et de l’Union européenne pour restaurer la souveraineté monétaire.

Le modèle chinois : un avertissement ?

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a récemment loué le modèle chinois de monnaie numérique, affirmant qu’une MNBC bien conçue bénéficie à tous les citoyens. En Chine, où le yuan numérique est largement adopté, les pièces et billets ont presque disparu en une décennie.

Les innovations incluent des paiements biométriques, comme scanner la paume de la main pour régler des achats, même sans téléphone.

Ce système, pratique pour certains, illustre une perte totale de confidentialité : le corps devient un outil de paiement, et l’argent peut expirer après une date fixée par les autorités, forçant la consommation et limitant l’épargne.

Liens avec les quotas carbone et contrôles

De plus, des liens avec des quotas carbone personnels sont explorés. Une étude de la Commission européenne de mars 2025 examine l’intégration de crédits CO2 dans l’euro numérique, conditionnant les achats à un bilan environnemental. Imaginez un refus d’achat de viande ou d’essence si votre quota est dépassé – un scénario qui n’est plus de la science-fiction.

Liens avec l’identité numérique et la censure

L’euro numérique ne s’isole pas : il s’intègre au portefeuille européen d’identité numérique, permettant de croiser des données comme le statut vaccinal ou les émissions carbone avec les transactions.

Ajoutez à cela des réglementations comme le DSA (Digital Services Act) ou le futur « chat control« , qui autorisent la surveillance des messages privés sur les réseaux sociaux et applications de messagerie. Aucun eurodéputé français n’a voté contre le DSA, trahissant ainsi la liberté d’expression. Ensemble, ces outils pourraient pénaliser les citoyens pour leurs opinions, en limitant l’accès à leur argent – une forme de crédit social à l’européenne.

Des suspicions émergent même sur des incidents orchestrés pour accélérer l’adoption. La BCE a récemment affirmé que l’euro numérique résisterait à des perturbations majeures, comme des cyberattaques ou des pannes de réseau, citant des exemples récents en Europe. Ces déclarations pourraient-elles masquer une volonté de créer des crises pour justifier une transition forcée ?

Alternatives et solutions pour préserver la confidentialité

Face à ces menaces, des alternatives émergent. Le projet Hamilton du MIT propose une plateforme open-source pour les MNBC, favorisant la transparence et la collaboration internationale. Des banques comme celles du Canada et d’Angleterre y participent déjà. Cela pourrait atténuer les craintes de surveillance en rendant le code accessible et modifiable. De plus, promouvoir les cryptomonnaies comme outil de liberté, tout en interdisant les MNBC via des décrets nationaux, à l’image de celui signé par Donald Trump en janvier 2025 contre le dollar numérique.

En France, les oppositions sont majoritairement portées par les partis souverainistes et « d’extrême droite », qui y voient un outil de surveillance et de perte de souveraineté. Les partis de gauche et centristes sont plus nuancés ou favorables avec parfois des conditions. Peu de partis ont une position explicitement détaillée dans leurs programmes officiels, et les sites visités montrent souvent un manque de contenu dédié.

Vers une mobilisation citoyenne

En somme, l’euro numérique et les MNBC globales représentent un pas vers un contrôle accru sur l’argent et la vie privée. Pour préserver les libertés, il est essentiel de s’informer, de signer des pétitions (si possible officielles), de manifester et de payer en liquide au quotidien. La résistance monte, et avec elle, l’espoir de freiner cette évolution dystopique, en favorisant des solutions ouvertes et respectueuses de la confidentialité.

 

Conseil de lecture : CBDC – Vers l’asservissement de l’humanité

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