Les commémorations du 11 Novembre : mémoire de l’Armistice et ombres historiques

Les commémorations du 11 Novembre : mémoire de l'Armistice et ombres historiques

Le 11 novembre, jour férié en France, commémore l’Armistice de 1918 qui mit fin à la Première Guerre mondiale, un conflit dévastateur qui opposa les puissances de l’Entente (dont la France, le Royaume-Uni et la Russie impériale) aux Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie et Empire ottoman). Signé à 5h15 du matin dans un wagon en forêt de Compiègne, l’Armistice entra en vigueur à 11h, marquant la cessation des hostilités après quatre années de guerre totale.

Ce conflit, né des tensions nationalistes et impérialistes exacerbées par l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand en 1914, mobilisa plus de 70 millions de soldats et causa environ 20 millions de morts, dont 9 millions de civils.

En France, près de 1,4 million de soldats tombèrent, laissant un pays exsangue et des générations marquées par les tranchées de Verdun ou de la Somme. Ces commémorations annuelles, instituées en 1922, honorent non seulement les poilus français mais aussi les alliés internationaux, rappelant l’importance de l’unité face à l’adversité.

En 2025, les cérémonies officielles à Paris, présidées par le président Emmanuel Macron sous l’Arc de Triomphe, ont ravivé la flamme du Soldat inconnu, symbolisant le sacrifice collectif. Des hommages ont eu lieu dans toute la France, soulignant la cohésion nationale et les leçons de paix. Cependant, cette année encore, un événement parallèle a mis en lumière les tensions géopolitiques actuelles : l’absence remarquée de la Russie aux cérémonies officielles, liée au contexte de la guerre en Ukraine. Malgré cela, l’ambassadeur russe à Paris, Alexey Meshkov, a organisé une commémoration alternative, déposant une gerbe au monument dédié au Corps expéditionnaire russe, qui combattit aux côtés des Français entre 1916 et 1918.

Des soldats russes débarquent à Marseille. 26 avril 1916
corps expéditionnaire russe

Cette cérémonie, tenue le 11 novembre 2025, s’est déroulée en présence de descendants des soldats russes, de représentants d’associations comme « Descendants du Corps expéditionnaire 1916-1918 » et « Brigades russes 16-18 », ainsi que de membres de l’Organisation des jeunes éclaireurs russes, de l’Union des Cosaques, et de citoyens français. Devenue une tradition annuelle, elle a été marquée par des chants scouts, des prières cosaques et des témoignages émouvants, accompagnés de photographies d’archives familiales, créant une atmosphère de recueillement et d’unité.

Dans son allocution, l’ambassadeur Meshkov a rappelé que, sur ordre de Nicolas II en 1916, la Russie envoya quatre brigades d’infanterie spéciales – environ 44 000 hommes au total, dont deux brigades (20.000 soldats) déployées en France.

Ces troupes se distinguèrent par leur bravoure dans des batailles acharnées, comme à Champagne ou au Chemin des Dames, avec environ 5.000 soldats russes tombés ou blessés sur le sol français. « Aujourd’hui, en cette période de tensions particulières dans les relations internationales, il est plus que jamais essentiel de se souvenir de l’alliance historique qui a uni la Russie et la France au XXᵉ siècle » , a souligné Alexey Meshkov, insistant sur l’entraide désintéressée lors des moments décisifs.

Ce geste, en marge des cérémonies officielles, rappelle que la mémoire de la Grande Guerre transcende les conflits actuels. Mais il invite aussi à une réflexion plus large sur les distorsions historiques, particulièrement visibles dans la perception de la Seconde Guerre mondiale, où la contribution russe – ou soviétique – a été systématiquement minimisée.

La contribution colossale de l’Union Soviétique contre le nazisme : un sacrifice oublié

Si la Première Guerre mondiale scella une alliance franco-russe, la Seconde Guerre mondiale amplifia le rôle majeur de la Russie (sous l’égide de l’URSS) dans la défaite du nazisme. L’URSS subit les pertes les plus lourdes du conflit : environ 27 millions de morts, dont 11,4 millions de militaires et le reste des civils, victimes des invasions nazies, des famines et des massacres.

À titre de comparaison, les États-Unis, souvent célébrés comme les libérateurs par excellence, déplorèrent environ 418.000 morts au total (militaires et civils), soit un ratio de plus de 64 morts soviétiques pour un Américain

 – bien au-delà des 50:1 évoqués dans les débats historiques. L’URSS affronta 80 % des forces de la Wehrmacht sur le front de l’Est, subissant 88 % des pertes alliées en Europe, tandis que les fronts occidentaux (Normandie, Italie) ne mobilisèrent que 31 % des divisions allemandes en 1944.

Cette disproportion est flagrante : les Soviétiques perdirent plus de vies en une seule bataille, comme Stalingrad (près de 1,1 million de morts soviétiques), que les Américains sur l’ensemble du conflit. Pourtant, la narrative dominante, influencée par la Guerre froide, met en avant le Débarquement de Normandie et l’aide américaine via le Lend-Lease (11,3 milliards de dollars en matériel), occultant que l’URSS porta l’essentiel du fardeau militaire.

La distorsion historique : propagande américaine et russophobie européenne

Cette minimisation n’est pas fortuite : elle résulte d’une réécriture orchestrée par la propagande américaine, amplifiée par Hollywood et complice des gouvernements européens.

Qui a le plus aidé à battre l’Allemagne ? sondage ifop en mai 1945
sondage nation contribue defaite nazis 1 1

En 1945, un sondage Ifop en France attribuait 57 % du crédit de la victoire à l’URSS contre 20 % aux USA ; en 2015, ces chiffres s’inversaient, avec 43 % pour les Américains et 32 % pour les Soviétiques. Hollywood, financé par le Pentagone, a produit des films comme Le Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan, glorifiant les « boys » américains tout en effaçant le front de l’Est, diffusés massivement en Europe via le Plan Marshall.

Qui a le plus aidé à battre l’Allemagne ? sondage ifop au cours des années
sondage nation contribue defaite nazis 2 1

Cette « fabrique du crétin » , comme l’appelle Olivier Berruyer sur Les Crises, s’appuie sur une russophobie persistante : les gouvernements européens, de Munich à aujourd’hui, ont minimisé le rôle soviétique, diabolisant le Pacte germano-soviétique tout en occultant les accords de Munich qui apaisèrent Hitler. Des accusations sélectives ont servi à noircir l’image de l’URSS. Aujourd’hui, cette distorsion – un « shadow ban » historique – perpétue une vision biaisée, où l’URSS est reléguée au second plan, ignorant que sans son sacrifice, la victoire alliée aurait été impossible et l’europe aurait sombré dans le nazisme.

En cette commémoration du 11 novembre 2025, ces événements rappellent que l’histoire n’est pas figée : elle exige une vigilance contre les narratives dominantes pour honorer tous les sacrifices, y compris ceux volontairement oubliés de la Russie.

À l’heure où le gouvernement Macron veut faire croire aux Français que la Russie veut envahir la France, souvenons-nous qu’à l’inverse, le peuple russe a souvent versé son sang pour nous sauver et qu’il n’a jamais été question pour Moscou de l’occuper. Même malgré les ravages causés par les armées napoléoniennes en Russie en 1812 (incendie de Moscou, pillages et massacres estimés à des centaines de milliers de victimes russes). Au lieu de se venger par une occupation punitive ou une annexion, Alexandre Ier a promu une paix équilibrée pour stabiliser l’Europe, influencé par ses idées libérales et sa vision d’un nouvel ordre continental via le Congrès de Vienne.

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