Enquête sur cinquante ans de dérive idéologique
Ils sont 9 000. Neuf mille magistrats pour juger 68 millions de Français. Un corps minuscule, homogène, urbain, diplômé, presque exclusivement de gauche, qui décide chaque jour qui va en prison, qui reste libre, qui perd sa nationalité, qui peut manifester ou non, qui entre ou sort du territoire.
Et pourtant, quand on demande aux Français s’ils font confiance à leur justice, la réponse est tombée à 32 % en 2024, son plus bas historique.
Comment une institution censée incarner l’impartialité absolue a-t-elle pu devenir, aux yeux d’une majorité de citoyens, un contre-pouvoir idéologique qui censure la loi quand elle lui déplaît et protège le délinquant au détriment de la victime ? La réponse tient en une date : 1968.
Le poison originel
En pleine effervescence post-soixante-huitarde, une génération de jeunes magistrats, fils de bonne famille fascinés par le tiers-mondisme et la révolution, crée le Syndicat de la magistrature. Le logo : un poing levé. Le texte fondateur, la « harangue d’Oswald Baudot » (1974), est un programme de rupture explicite :
« Soyez partiaux. Méprisez la loi, elle dira ce que vous voudrez qu’elle dise. Défendez le voleur contre la police, l’ouvrier contre le patron. »
Le délinquant n’est plus coupable : il est malade de la société. La prison est une « école du crime ». Le juge doit soigner, réinsérer, jamais punir. L’idée est séduisante pour une jeunesse qui veut refaire le monde. Elle va devenir l’idéologie dominante de l’institution.
1981, l’année de la prise de pouvoir
L’élection de François Mitterrand offre au Syndicat de la magistrature (SM) l’occasion rêvée. Robert Badinter arrive place Vendôme. En quelques mois : abolition de la peine de mort, abrogation de la loi Sécurité et Liberté votée trois mois plus tôt, amnistie massive (20 % des détenus libérés), suppression des quartiers de haute sécurité.
Le nouveau code pénal Badinter supprime les peines minimales : un vol simple peut être puni de trois ans… mais ne le sera jamais.
Les anciens du SM trustent les cabinets, la direction de l’École nationale de la magistrature, les postes de président de cour d’appel. Le message est clair : sois du « camp du Bien », ta carrière est assurée ; résiste, tu es fini.
Le mur des cons, ou l’impunité totale
Le 5 avril 2013, un journaliste entre au siège du Syndicat de la magistrature. Sur un mur entier : des centaines de photos sous le titre « Mur des cons ». On y trouve Nicolas Sarkozy, Éric Ciotti, des journalistes, des parents de victimes… mais aucun violeur, aucun terroriste, aucun récidiviste.
La présidente du SM, Françoise Martres, est condamnée à 500 € d’amende avec sursis.
Elle est immédiatement promue à un poste hiérarchique supérieur. Tout est dit : l’impunité est absolue.
Un corps judiciaire devenu caste
Aujourd’hui, le profil type du jeune magistrat est une femme, fille de cadres supérieurs ou d’enseignants, urbaine, diplômée de Sciences Po ou d’Assas, qui lit Libération dans le métro et Le Monde le soir. 70 à 80 % des promotions de l’ENM votent à gauche ou extrême gauche.
À l’École comme en juridiction, la pensée unique règne. Contredire est vu comme une trahison. La « loyauté envers les collègues » est une obligation déontologique. Le Syndicat de la magistrature, qui représente officiellement 30 % des syndiqués (50 % à Paris), tient toujours un stand à la Fête de l’Humanité et appelle ouvertement à faire barrage au Rassemblement National.
Cinq cours suprêmes pour censurer le peuple
Le juge français n’applique plus la loi : il la réécrit.
Conseil constitutionnel, Conseil d’État, Cour de cassation, CEDH, CJUE : cinq cours suprêmes peuvent retoquer la loi votée par le Parlement. Résultat :
- 40 % de la loi immigration 2023 censurés
- loi narcotrafic, loi justice des mineurs, loi rétention des étrangers irréguliers : systématiquement détricotées
- jurisprudence inventée de toutes pièces (« les parlementaires sont agents publics ») pour poursuivre François Fillon, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy.
Le peuple vote, le juge censure.
Les chiffres qui font mal
Pendant que l’idéologie « humaniste » triomphe :
- coups et blessures volontaires ×5 en trente ans
- tentatives d’homicide +76 % depuis 2017
- récidive légale ×9 depuis 1990
- France championne d’Europe de la hausse des violences physiques
Et pourtant :
- une peine prononcée représente en moyenne 19 % de la peine encourue
- 95 % des sanctions pénales sont inférieures à deux ans
- la France incarcère moins qu’en 1980
Le fossé abyssal
80 à 90 % des Français veulent des peines plus sévères, la perpétuité réelle, l’expulsion des délinquants étrangers, la fin des aménagements automatiques. Aucune de ces mesures n’a tenu plus de quelques mois. De gauche comme de droite, les gouvernements ont toujours reculé devant le corporatisme judiciaire.
Le constat
La justice française n’est plus une autorité indépendante : elle est devenue un pouvoir idéologique non élu qui impose sa vision de la société contre la volonté clairement exprimée du peuple souverain.
Tant que le politique n’aura pas le courage de réformer le statut de la magistrature, de supprimer le syndicalisme politique, de rétablir des peines planchers impératives et de limiter le pouvoir de censure des juges constitutionnels et européens, la fracture continuera de s’élargir.
Et un jour, quand les Français comprendront que la justice n’est plus rendue en leur nom, mais contre eux, il sera peut-être trop tard pour sauver la République.


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