Liban : Le pape Léon XIV, voix de paix au cœur des ruines de Beyrouth

Liban : Le pape Léon XIV, voix de paix au cœur des ruines de Beyrouth

Beyrouth, 2 décembre 2025. Sous un ciel méditerranéen chargé de souvenirs et d’espoirs fragiles, le pape Léon XIV a clos son premier voyage apostolique par une célébration eucharistique qui restera gravée dans les mémoires libanaises. Devant une marée humaine de 150.000 fidèles, massés sur l’esplanade du front de mer, tout près du port dévasté par l’explosion de 2020, le souverain pontife a élevé sa voix pour un appel vibrant à la coexistence pacifique. « Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches pour rejeter la vengeance et la violence, et ouvrir des chapitres de réconciliation et de paix » , a-t-il lancé dans une homélie prononcée en français, langue de cœur pour ce pape d’origine francophone. Ce geste symbolique, au cœur d’un pays fracturé par les guerres et les crises, résonne comme un cri d’espérance face aux ombres d’un nouveau conflit qui plane sur la région.

Un voyage apostolique sous le signe de l’unité et de la mémoire

Élu en mai 2025, Léon XIV – né Robert Prevost, un Américain de 69 ans issu des ordres augustiniens

a choisi le Liban pour sa première sortie internationale, après une étape en Turquie marquée par un pèlerinage à İznik pour le 1700e anniversaire du premier concile de Nicée.

Ce déplacement de trois jours au pays du Cèdre, du 30 novembre au 2 décembre, s’inscrit dans l’Année Jubilaire proclamée par son prédécesseur. Mais au-delà des rites, c’est une visite profondément ancrée dans la réalité libanaise : un État multiconfessionnel au bord du gouffre, où chrétiens, musulmans sunnites et chiites, druzes cohabitent dans une fragile harmonie, hantée par l’héritage de la guerre civile (1975-1990) et les plaies récentes.

Dès son arrivée le 30 novembre à l’aéroport de Beyrouth, le pape a été accueilli par une foule en liesse, sous les applaudissements du président Joseph Aoun et des chefs religieux. Son programme, dense et symbolique, a mis l’accent sur le dialogue interreligieux. Le 1er décembre, sur la place des Martyrs – lieu emblématique des manifestations antigouvernementales de 2019 –, Léon XIV a réuni patriarches maronite et syro-catholique, le grand imam sunnite et un représentant chiite. Dans un discours émouvant, il a invoqué l’exhortation Ecclesia in Medio Oriente de Benoît XVI, signée à Beyrouth en 2012 : « Le Liban est une terre bénie, exaltée par les prophètes, un carrefour où l’on apprend à vivre ensemble malgré les épreuves. » Il a appelé à « surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses », citant la vocation de l’Église au dialogue comme antidote à la haine.

Le lendemain matin, avant la grand-messe, Léon XIV s’est rendu sur le site de l’explosion du port du 4 août 2020. Cette catastrophe, causée par 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées illégalement, a fait plus de 220 morts, 7.000 blessés et ravagé un quartier entier de la capitale, symbole d’une corruption endémique et d’un État défaillant. Accompagné des familles des victimes, le pape a allumé une bougie et observé une prière silencieuse devant le dernier silo à grains encore debout, entouré de carcasses de voitures calcinées. « Cette brève visite au port de Beyrouth, où l’explosion a dévasté non seulement un lieu, mais aussi de nombreuses vies, m’a profondément touché » , confiera-t-il plus tard. Il a relayé leur « soif de vérité et de justice », cinq ans après un scandale judiciaire toujours en suspens, où nul haut responsable n’a été condamné.

La messe du front de mer : un océan de foi face à la tempête

Le clou du voyage : la messe célébrée sur le « Front de mer de Beyrouth », une esplanade en bord de mer jouxtant le port sinistré. Dès l’aube, des cars affrétés par les paroisses ont déversé une foule multiconfessionnelle – catholiques, orthodoxes, mais aussi musulmans curieux et druzes solidaires. Les rues ont été fermées, les militaires postés aux carrefours, et une scène ornée d’une croix d’or a été dressée pour accueillir le pontife. « Environ 150.000 personnes », estime le Vatican, un chiffre relayé par RFI et Le Figaro, faisant de cet événement le plus grand rassemblement religieux au Liban depuis la visite de Jean-Paul II en 1997.

À bord de sa papamobile, Léon XIV, vêtu de ses habits liturgiques blancs, a traversé la foule en liesse, saluant les drapeaux vaticans et libanais agités avec ferveur. Parmi les fidèles, des témoignages émouvants : Raoul, un scout de 17 ans étudiant en sciences économiques, confie au Figaro : « Le Liban c’est mon pays, c’est ma patrie mais le pays est dans un état vraiment pitoyable, ce qui me déçoit beaucoup. Je suis déçu de voir mon pays dans un tel chaos et j’espère que la bénédiction du pape et son appel à nous relever vont unifier tout le Liban, nous aider à mettre de côté nos différences, pour que le Liban retrouve sa gloire. » Sandra Naïm, 37 ans, ajoute à La Presse : « J’espère que la paix va régner dans ce beau pays qui réunit toutes les confessions et religions » L’homélie, prononcée en français pour toucher les cœurs francophones du pays, a été un plaidoyer pour la résilience : « Liban, relève-toi ! Sois une maison de justice et de fraternité. » Le pape a évoqué la « beauté assombrie par la pauvreté, les blessures historiques, la crise économique dramatique et les conflits qui ravivent d’anciennes peurs ».

Face aux craintes d’une guerre renouvelée – le Liban ayant connu une escalade meurtrière avec Israël en 2024, malgré un cessez-le-feu fragile –, Léon XIV a multiplié les appels à la paix. « Que cessent les attaques et les hostilités », a-t-il lancé à l’aéroport avant son départ, dans un discours adressé aux autorités libanaises. « Les armes tuent, tandis que la négociation, la médiation et le dialogue construisent. Choisissons la paix comme chemin. » Il n’a pas nommé explicitement Israël ou le Hezbollah, mais son message vise les frappes régulières qui minent la stabilité, et les tensions régionales exacerbées par les conflits à Gaza et en Syrie.

Un geste diplomatique dans un Liban au bord du précipice

Ce voyage n’était pas seulement spirituel ; il portait une dimension géopolitique prudente. Le Liban, « message vivant pour le monde » selon Jean-Paul II, incarne le multiculturalisme arabe, avec ses 18 confessions officielles. Mais le pays saigne : hyperinflation (150 % en 2023), 80 % de la population sous le seuil de pauvreté, 1,5 million de réfugiés syriens et palestiniens, et une paralysie politique post-explosion du port. Les chrétiens, jadis 60 % de la population, ne sont plus que 30 %, minés par l’émigration des jeunes. Léon XIV, en visitant un hôpital psychiatrique tenu par les Sœurs franciscaines de la Croix – fondé par la bienheureuse Rafka –, a salué les « oubliés et marginalisés », rappelant l’« option préférentielle pour les pauvres » chère à François.

Sur les réseaux, l’événement a fait le buzz : des publications montrent des vidéos de la foule en liesse, avec des hashtags comme #PapeAuLiban ou #PaixPourLeLiban. TV5 Monde relaie des images poignantes de la prière au port, soulignant l’émotion palpable. Des analystes, comme ceux de Vatican News, y voient un « pèlerinage d’espérance » pour un Moyen-Orient « marqué par l’instabilité et la douleur ».

Vers un Moyen-Orient réconcilié ?

En regagnant le Vatican, Léon XIV laisse un Liban remotivé, mais toujours vulnérable. Son appel à la « coexistence pacifique » face aux « craintes de guerre renouvelée » – avec les tensions israélo-libanaises et le spectre d’une escalade régionale – résonne comme un défi aux puissances du moment. « Depuis cette place, je prie pour le Moyen-Orient et tous les peuples qui souffrent à cause de la guerre », a-t-il conclu son homélie. Elias Fadel, 22 ans, l’exprime simplement à l’AFP : « Les mots du pape sont un signe d’espoir pour le Liban. »

Dans un monde où les conflits semblent éternels, ce pape des périphéries rappelle que la paix n’est pas une utopie, mais un choix quotidien. Le Liban, ce « cèdre millénaire », pourrait-il renaître de ses cendres ? Léon XIV l’espère. Et avec lui, 150 000 voix unies sur les rives de Beyrouth.

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