Négociations à Moscou : cinq heures au Kremlin sans percée sur l’Ukraine

Négociations à Moscou : cinq heures au Kremlin sans percée sur l’Ukraine

MOSCOU – Les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner ont passé près de cinq heures mardi soir au Kremlin avec le président russe Vladimir Poutine, dans une tentative de relancer les discussions sur un plan de paix pour l’Ukraine. Accompagnés d’interprètes, ils ont abordé une version révisée d’une proposition américaine en 28 points, affinée lors de consultations récentes avec les autorités ukrainiennes à Genève et en Floride.

Malgré des échanges qualifiés de « constructifs » et « utiles » par les deux camps, aucune avancée concrète n’a émergé, en particulier sur les territoires contrôlés par la Russie, qui représentent environ 19 % du pays.

Chronologie des événements du 2 décembre

La journée a débuté par l’arrivée de la délégation américaine à Moscou en matinée. Witkoff, magnat de l’immobilier et proche de Donald Trump depuis les années 1980, était accompagné de Kushner, gendre du président américain et figure clé des négociations passées au Moyen-Orient. Avant l’entrée au Kremlin, les deux hommes ont été vus se promenant sur la place Rouge, en compagnie de Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe d’investissements directs, et Yuri Ushakov, conseiller diplomatique de Poutine – un geste symbolique de courtoisie.

La réunion proprement dite a démarré vers 17h00 heure locale (15h00 à Paris), retardée de trois heures par rapport à l’horaire initial. Elle s’est prolongée jusqu’à minuit passé, couvrant le plan de paix américain qui inclut des concessions russes sur les territoires occupés (comme une neutralité ukrainienne et des limites sur ses forces armées), en échange d’une levée progressive des sanctions et de garanties de sécurité. Selon Ushakov, « certaines propositions américaines peuvent être discutées » , mais « aucune solution de compromis n’a encore été choisie » sur les zones disputées, notamment la région de Donetsk, épicentre des combats actuels.

Parallèlement, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi était à Moscou pour la 20e ronde de consultations stratégiques sino-russes. Ses entretiens avec Sergey Lavrov (ministre russe des Affaires étrangères) et Sergei Shoigu (conseiller à la sécurité) ont porté sur la sécurité mutuelle, le renseignement et les « défis communs » – un euphémisme pour les pressions occidentales.

Pékin a réaffirmé son rôle « constructif » dans la résolution du conflit ukrainien, tout en maintenant des communications avec Washington, comme lors d’un appel récent entre Trump et Xi Jinping. 

Aucune coordination tripartite formelle n’a été confirmée, mais la simultanéité des visites envoie un signal clair d’unité entre Moscou et Pékin.

Positions des parties et points de blocage

Le Kremlin, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, s’est dit prêt à « rencontrer les Américains autant que nécessaire » . Des documents supplémentaires – quatre au total – ont été échangés, sans détails publics pour préserver la discrétion des pourparlers. Poutine a insisté sur les « causes racines » du conflit, réitérant des exigences comme l’arrêt de l’expansion de l’OTAN et la reconnaissance des gains territoriaux russes. Avant la réunion, il a revendiqué la prise totale de Pokrovsk, une ville stratégique dans l’est ukrainien, une affirmation contestée par Kiev qui maintient que les combats y persistent.

Du côté américain, un responsable de la Maison Blanche a qualifié les discussions de « réunion approfondie et productive » . Trump lui-même, briefé sur les échanges de Moscou, a déclaré que les talks étaient « très bonnes » et que Poutine « voudrait mettre fin à la guerre« , tout en ajoutant « nous verrons ce qu’il se passera sur les suites » . Marco Rubio, secrétaire d’État, a évoqué « quelques progrès » et une recherche de formules « acceptables pour les Ukrainiens« , avec des garanties de sécurité à long terme. Witkoff et Kushner ont brièvement contacté une délégation ukrainienne par téléphone après la réunion, mais aucun rendez-vous physique n’a été confirmé pour l’immédiat – bien que des sources ukrainiennes évoquent une possible rencontre en Europe dès mercredi.

À Kiev, le président Volodymyr Zelensky a exprimé des réserves, soulignant que « tout dépendra des résultats à Moscou » et appelant à une pression accrue sur la Russie. Son ministre des Affaires étrangères, Andriy Sybiha, a noté que les avancées militaires russes récentes « influencent » les pourparlers, mais a insisté sur la nécessité d’un processus inclusif. L’Ukraine a rejeté une invitation à poursuivre les talks à Istanbul, préférant un cadre plus large.

Positions des belligérants

Corruption à Kiev et pression américaine sur les enquêtes

Depuis 2023, plus d’une vingtaine de scandales majeurs ont éclaboussé le gouvernement Zelensky : détournement de fonds d’aide militaire (40 millions $ sur des obus jamais livrés), surfacturation massive des achats alimentaires pour l’armée, programme « Big Construction » entaché d’irrégularités estimées à plusieurs milliards de dollars, villas et comptes offshore découverts chez plusieurs ministres et députés. En novembre 2025, un scandale de 100 millions $ dans le secteur énergétique a provoqué la chute du chef de cabinet Andriy Yermak et de plusieurs ministres. Trump a publiquement déclaré que ces affaires étaient « délétères » pour les négociations de paix et a conditionné toute nouvelle aide militaire massive à un « grand ménage » anti-corruption, menaçant de couper totalement le robinet financier américain si les dérives persistent.

Réactions internationales et perspectives

L’exclusion apparente de l’Union européenne des pourparlers bilatéraux a suscité des critiques à Bruxelles. Des officiels européens, dont la haute représentante Kaja Kallas, ont formulé des contre-propositions au plan initial américain, jugé trop favorable à Moscou. Lors d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles mercredi, le secrétaire général Mark Rutte a déclaré que « Trump est le seul à pouvoir débloquer » la situation, tout en avertissant que « Poutine pense pouvoir nous surpasser, mais nous ne bougerons pas » . 

Vladimir Poutine, de son côté, a accusé les Européens de « bloquer » la paix en n’ayant « pas d’agenda de paix » et d’être « du côté de la guerre« , ajoutant que la Russie n’a pas l’intention d’attaquer l’Europe, mais que « si l’Europe veut soudainement mener une guerre contre nous et la commence, nous sommes prêts immédiatement. Il n’y a aucun doute là-dessus« .

Sur le front mondial, la fatigue face au conflit est palpable. Plus de 1,2 million de tués ou blessés depuis février 2022, des avancées russes en 2025 au rythme le plus rapide depuis l’invasion, et une économie ukrainienne à sec : ces éléments pèsent sur les négociations.

Le 3 décembre 2025, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que la décision de l’UE de cesser totalement les importations de gaz russe d’ici fin 2027 allait accélérer la perte de compétitivité et de potentiel économique de l’Europe, en raison du recours à des sources d’énergie plus coûteuses.

Les discussions se poursuivront, avec de nouveaux échanges prévus sous égide américaine (notamment une rencontre le 4 décembre à Miami entre les émissaires de Trump et le négociateur ukrainien Rustem Umerov) et, selon le Kremlin, « beaucoup de travail reste à faire à Washington comme à Moscou » . Pour l’heure, le terrain militaire – avec des combats intenses à Donetsk – dicte le tempo, et les Russes, forts de leurs positions, ne semblent pas pressés de céder. Une percée pourrait survenir l’année prochaine, peut-être lors d’un sommet Trump-Poutine évoqué en Alaska en août dernier, mais le chemin semble encore long.

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