Unité binationale unique en son genre, la brigade franco-allemande a pour objectif de renforcer l’interopérabilité entre nos deux pays. Une nouvelle étape vient d’être franchie : sa mise à disposition de l’Otan pour trois ans. D’ici 2026, l’unité réalisera ainsi sa première mission sur le flanc Est de l’Alliance.
Depuis le 2 octobre 1989, la France et l’Allemagne partagent une brigade, pensée comme un signe politique fort au lendemain de la Guerre froide, mais aussi comme le début d’une défense européenne. La volonté : créer un laboratoire grandeur nature pour harmoniser les procédures, les conditions d’exécution du service et de vie des unités, favoriser le rapprochement des hommes et accroître la standardisation des matériels. Cette recherche d’interopérabilité a été réaffirmée en 2013 par la feuille de route Interoperability Roadmap fixant de nouveaux objectifs.
Lors du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité du 28 mai 2024, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et le ministre fédéral de la Défense allemand, Boris Pistorius se sont exprimés sur ce sujet. Ils ont fait savoir que la brigade devait continuer à être employée en tant qu’outil opérationnel répondant aux besoins de l’Otan pour faire face à la menace russe. Huit mois plus tard, ce 23 janvier, les deux ministres ont acté la mise à disposition de la brigade au corps d’armée multinational Nord-Est de Stettin (ou Szczecin) en Pologne. Elle sera sous commandement de l’Otan pendant trois ans. L’objectif : renforcer la brigade dans un environnement de préparation au commandement des forces déployées de haut niveau.
L’unité participera à des exercices otaniens en Europe de l’Est dès 2025. Elle pourra réaliser sa première mission sur le flanc Est de l’Alliance dès l’année suivante. Cette brigade détient désormais une fonction opérationnelle claire et une feuille de route pluriannuelle de formation. « L’action de cette brigade renforcera notre voix au sein de l’Alliance, parce que nous démontrons que nous pouvons fournir des capacités militaires opérationnelles communes », a alors déclaré Sébastien Lecornu.
Brigade binationale
La brigade franco-allemande est aujourd’hui composée de 5 400 soldats, dont 40 % de Français et 60 % d’Allemands qui partagent leurs savoir-faire. Ces militaires sont répartis de part et d’autre du Rhin en un état-major, six régiments et bataillons et une compagnie autonome. La brigade a pour mission d’intervenir dans l’ensemble des missions de maintien de la paix et de la sécurité. La Bosnie a été le premier théâtre d’opération extérieure où les forces de stabilisation ont été déployées, six ans après la création de la brigade. Avec l’évolution du contexte sécuritaire européen et mondial, la brigade franco-allemande s’est progressivement tournée vers l’Afghanistan puis le Kosovo.
Les deux pays se retrouvent régulièrement dans le cadre d’exercices conjoints, comme récemment lors de l’exercice Feldberg 2022 en Allemagne. La brigade vient également en renfort dans le cadre de missions nationales telles que la lutte contre les feux de forêt, comme en Corse. Elle apporte également une aide à la population comme outre-Rhin lors des grandes crues de l’Elbe en 2002 et 2013 ou lors de la lutte contre la Covid-19.
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