Aux États-Unis, pourquoi Donald Trump veut supprimer le département de l’Éducation ?

Aux États-Unis, pourquoi Donald Trump veut supprimer le département de l’Éducation ?

Le président américain Donald Trump a franchi une nouvelle étape dans son offensive contre les institutions fédérales en signant, jeudi dernier, un décret visant à « démanteler » le département de l’Éducation des États-Unis. Cette décision, qui s’inscrit dans une promesse de campagne de longue date, ravive un débat vieux de plusieurs décennies entre conservateurs et progressistes sur le rôle du gouvernement fédéral dans l’éducation. Mais pourquoi Trump s’acharne-t-il sur cette agence, créée en 1979 sous la présidence de Jimmy Carter, et que signifie cette mesure pour l’avenir du système éducatif américain ?

Une croisade conservatrice contre une « bureaucratie inutile »

Pour Donald Trump et ses alliés conservateurs, le département de l’Éducation incarne une bureaucratie fédérale coûteuse et inefficace. Lors de la cérémonie de signature du décret, entouré d’écoliers dans une mise en scène soigneusement orchestrée à la Maison-Blanche, le président a dénoncé une institution qui, selon lui, « n’a jamais éduqué un seul enfant » mais « vole l’argent des contribuables ». Il a également pointé du doigt les résultats médiocres des élèves américains dans les évaluations nationales, affirmant que les États-Unis dépensent plus par tête en éducation que la plupart des pays développés, sans pour autant obtenir des performances à la hauteur.

Cette critique n’est pas nouvelle. Dès 2023, Trump avait qualifié le département de l’Éducation d’agence infiltrée par des « radicaux, des fanatiques et des marxistes », reprenant une rhétorique chère à la droite américaine. Pour lui et ses soutiens, dont des figures influentes comme les gouverneurs Ron DeSantis (Floride) et Greg Abbott (Texas), l’éducation doit revenir aux États et aux communautés locales, loin de ce qu’ils perçoivent comme une ingérence fédérale imposant des idées progressistes.

Une guerre culturelle au cœur du débat

Au-delà des arguments économiques, la suppression du département de l’Éducation s’inscrit dans une guerre culturelle plus large qui agite les États-Unis. Les conservateurs, soutenus par des mouvements évangéliques et des think tanks comme la Heritage Foundation, accusent depuis des années les écoles publiques de promouvoir des idéologies « woke ». Ce terme, utilisé de manière péjorative, englobe des politiques de diversité, des programmes sur l’égalité raciale ou encore des enseignements sur les questions de genre, que les républicains jugent contraires à leurs valeurs traditionnelles.

Dans certains États conservateurs, cette bataille est déjà engagée : en Floride et au Texas, par exemple, des contenus pédagogiques sur l’esclavage ont été révisés, et des livres abordant l’homosexualité ou le racisme ont été retirés des bibliothèques scolaires. Pour les partisans de Trump, démanteler le département de l’Éducation permettrait d’accélérer cette reprise en main idéologique en supprimant un garde-fou fédéral qui, bien que limité dans ses prérogatives, garantit un minimum d’uniformité et de financement pour les écoles défavorisées.

Une mesure symbolique aux obstacles concrets

Si le décret signé par Trump marque un coup politique fort, sa mise en œuvre reste incertaine. En effet, la fermeture définitive du département nécessite l’approbation du Congrès, où les républicains, malgré leur majorité au Sénat (53 sièges), n’atteignent pas le seuil des 60 voix requis pour une telle réforme. En attendant, le président a chargé la secrétaire à l’Éducation, Linda McMahon, de réduire drastiquement les fonctions de l’agence, notamment en licenciant près de la moitié de son personnel et en transférant certaines compétences, comme les bourses étudiantes, à d’autres entités.

Cette approche unilatérale a suscité une levée de boucliers chez les démocrates et les syndicats d’enseignants, qui y voient une attaque contre l’éducation publique et un risque d’aggravation des inégalités. « C’est un jour sombre pour les millions d’enfants qui dépendent du financement fédéral », a déploré Derrick Johnson, président de la NAACP, soulignant les conséquences potentielles pour les communautés pauvres et rurales.

Vers un système éducatif à deux vitesses ?

Si Trump parvient à ses fins, les implications pourraient être profondes. Le département de l’Éducation, bien que son rôle soit moins centralisé qu’en France, joue un rôle clé dans le financement des écoles en difficulté et la protection des droits des élèves, notamment via des programmes comme Title I ou les aides aux étudiants handicapés. Sans cette supervision fédérale, les disparités entre États riches et pauvres pourraient s’accentuer, laissant les gouverneurs libres de façonner les programmes scolaires selon leurs priorités politiques.

Pour l’heure, la bataille est loin d’être terminée. Des recours judiciaires sont déjà en préparation, et le Congrès reste un obstacle majeur. Mais une chose est sûre : en s’attaquant au département de l’Éducation, Donald Trump ne se contente pas de réduire les dépenses publiques. Il cherche à redessiner, à sa manière, l’avenir de l’éducation américaine, au risque de raviver les tensions dans un pays déjà profondément divisé.

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