La mort programmée de l’école française

La mort programmée de l’école française

Un diagnostic sans appel de Jean-Paul Brighelli

Dans un réquisitoire aussi lucide que cinglant, Jean-Paul Brighelli dresse un constat alarmant : le système scolaire français est en pleine « déroute ». L’École, jadis pilier de la transmission des savoirs et de la formation des citoyens, agonise sous le poids de décennies de réformes malavisées et d’orientations idéologiques destructrices. Près de vingt ans après avoir prédit cette « mort programmée », l’essayiste revient sur un patient plus mal en point que jamais, victime d’un projet qui, selon lui, n’a rien d’un accident. Mais ce déclin ne se limite pas à une perte de savoirs : il ouvre la porte à des conséquences sociétales graves, comme l’affaiblissement de l’esprit critique, voire une montée du fanatisme et de la violence.

Une école au service du marché

Pour Brighelli, l’École française n’est plus ce lieu d’émancipation par le savoir qu’elle fut autrefois. Depuis cinquante ans, elle a été progressivement remodelée pour répondre aux exigences du marché. Loin de cultiver des esprits éclairés, elle produit désormais « une masse de consommateurs à demi illettrés et satisfaits de l’être ». Cette adaptation utilitariste a sacrifié l’ambition humaniste qui avait fait la grandeur du système éducatif français, patiemment construit au fil de deux siècles. Les chiffres sont implacables : selon une étude relayée par France Bleu, la baisse du niveau en mathématiques est historique, plaçant la France parmi les derniers pays de l’Union européenne dans cette discipline selon le classement TIMSS 2019. À une même épreuve de calcul, 93 % des élèves de CM2 en 2017 n’atteignent pas le niveau de l’élève médian de 1987, signe d’un effondrement continu.

L’égalité par le nivellement par le bas

Sous prétexte de réaliser l’égalité promise par la République, l’École a choisi la voie du moindre effort : niveler par le bas. Le collège unique, censé démocratiser l’enseignement, est devenu un symbole de cette dérive. À cela s’ajoutent le « pédagogisme » – cette obsession pour des méthodes d’apprentissage souvent déconnectées de la réalité –, la méthode globale d’apprentissage de la lecture, ou encore une laïcité à géométrie variable qui fragilise l’unité du modèle républicain. Selon Hexagone, 85 % des enseignants et 70 % des parents constatent cette baisse, pointant du doigt des facteurs comme la surexposition aux écrans, le manque de discipline et les déficiences du système éducatif, tels que le nombre d’élèves par classe ou le manque de moyens. Brighelli y voit la destruction programmée de ce que la France avait mis deux siècles à élaborer.

Une chute qui menace la société

Maxime Tandonnet, dans une tribune pour Le Figaro, va plus loin : la chute du niveau scolaire n’est pas qu’une question académique, elle prépare une société vulnérable. « Il est plus facile d’influencer et de faire marcher au pas des femmes et des hommes sans racines intellectuelles », écrit-il, soulignant que ce déclin favorise la « poussée des extrémismes en politique » et le « triomphe des aboyeurs au détriment de la raison collective ». Privés de repères en littérature, histoire ou philosophie, les élèves perdent leur capacité à penser de manière critique, devenant une proie idéale pour le fanatisme et la violence. Les chiffres corroborent cette inquiétude : selon les évaluations nationales, en 2021, une dictée révèle 19,4 erreurs en moyenne chez les élèves, contre 10,7 en 1987, tandis que le classement PISA place la France 23e en compréhension de l’écrit.

À qui la faute ?

Le débat sur les responsabilités fait rage. Le Figaro Étudiant rapporte les conclusions d’une enquête d’Hexagone : les parents blâment le manque de discipline en classe et l’abus des écrans, tandis que les enseignants dénoncent un système éducatif à bout de souffle. Brighelli, lui, cible des coupables structurels : le collège unique, le pédagogisme, mais aussi des politiques migratoires mal gérées, comme le regroupement familial, qui complexifient la mission éducative sans accompagnement adapté. Les récents ministres de l’Éducation nationale n’échappent pas à la critique. Ni Jean-Michel Blanquer, avec ses ambitions de rigueur, ni Pap Ndiaye, avec une approche plus progressiste, n’ont réussi à enrayer le déclin. Leurs actions s’apparentent à des pansements sur une plaie béante.

Un ultimatum pour l’avenir

L’École française se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Elle peut devenir « l’instrument d’une dissolution dans l’individualisme et le communautarisme », où chacun se replie sur ses intérêts ou son identité particulière, au détriment d’un projet collectif. Ou bien, elle peut redevenir « l’outil d’une résurrection », retrouvant sa vocation de creuset républicain, capable de former des citoyens libres et éclairés. Mais le temps presse. Comme le note Tandonnet, changer de cap nécessite « un véritable bouleversement intellectuel autour de la réhabilitation de l’excellence », loin des « coups de menton » politiques. Pour Brighelli, la question n’est pas tant de savoir si une réaction est possible, mais si elle n’arrive pas déjà trop tard.

Un sursaut encore possible ?

Le tableau dressé est sombre, presque désespéré. Pourtant, implicitement, Brighelli appelle à une prise de conscience. Si l’École est au pied du mur, c’est peut-être dans cette urgence qu’elle pourrait trouver les ressources pour se réinventer. Mais cela exige un effort collectif, au-delà des querelles partisanes ou des rustines budgétaires. Car au-delà de l’institution, c’est l’âme d’une nation qui se joue dans cette bataille pour l’éducation. La France saura-t-elle relever le défi, ou continuera-t-elle à sombrer dans une médiocrité qui menace bien plus que ses salles de classe ?

Deux visions très intéressantes du triste constat et du défi à relever :

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