Depuis mi-avril 2025, une série d’attaques d’une violence sans précédent cible les agents pénitentiaires, leurs domiciles et les établissements carcéraux en France. Revendiquées par un groupe se présentant comme la « Défense des droits des prisonniers français » (DDPF), ces agressions – tirs d’armes automatiques, cocktails Molotov, incendies volontaires et intimidations – soulignent l’incapacité de l’État à enrayer la montée du crime organisé. Alors qu’Emmanuel Macron engage des milliards d’euros dans le conflit ukrainien, les Français, exaspérés par l’insécurité galopante, déplorent que ces fonds ne soient pas investis dans une politique sécuritaire robuste pour pacifier les banlieues et protéger les citoyens. En s’appuyant sur l’analyse du criminologue Xavier Raufer, cet article explore cette crise, ses racines et ses implications.
Une escalade de violence sans précédent
Depuis le 13 avril 2025, plus de 65 incidents ont été recensés dans une trentaine de départements, mobilisant 125 enquêteurs et 30 agents de la police scientifique, selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Les attaques, d’une audace et d’une coordination alarmantes, visent des prisons comme celles de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Caen (Calvados) ou Hermes (Oise), mais aussi les domiciles des surveillants. À Villefontaine, dans la nuit du 20 au 21 avril, des commandos encagoulés ont tiré à l’arme automatique et lancé des cocktails Molotov, laissant des impacts de balles dans les façades et même à l’intérieur des habitations. Dans un cas tragique, les assaillants se sont trompés de cible, attaquant la maison d’un voisin pensant viser une surveillante.
Les modes opératoires témoignent d’une criminalité décomplexée : armes lourdes, mortiers d’artifice, engins incendiaires et tags « DDPF » laissés sur les lieux. À Caen, cinq véhicules administratifs ont été incendiés, tandis qu’à Hermes, des voitures et boîtes aux lettres ont été vandalisées. Des survols de drones au-dessus des prisons de Lutterbach, Lannemezan et Saint-Quentin-Fallavier suggèrent une planification sophistiquée, renforçant l’impression d’une menace structurée.
Le DDPF : un défi à l’autorité de l’État
Le groupe DDPF, qui revendique ces attaques, utilise des canaux cryptés comme Telegram pour diffuser des menaces et offrir des primes pour les adresses des agents : 1 000 euros pour un surveillant, 2 000 euros pour un chef ou brigadier. Cette « mise à prix » vise à terroriser les agents et leurs familles, les exposant à une insécurité jusque dans leur vie privée. Si le DDPF se présente comme défenseur des droits des prisonniers, ses actions semblent répondre au durcissement des politiques contre le crime organisé, notamment l’annonce de « narco-prisons » pour isoler les narcotrafiquants.
Le criminologue Xavier Raufer, dans une analyse pour Atlantico, inscrit ces violences dans une dérive plus large : une « explosion des atteintes aux personnes » (+51 % entre 2016 et 2023) et une emprise croissante du narcotrafic, qui transforme certaines banlieues en « narco-États ». Les attaques contre les prisons traduisent un renversement de la « peur du gendarme » : les criminels, bénéficiant d’une « impunité de facto », intimident désormais les agents, tandis que l’État peine à réaffirmer son autorité. Raufer déplore une justice débordée et une surpopulation carcérale (80 000 détenus pour 61 000 places) qui paralysent la réponse pénale.
Une menace qui déborde des prisons
Les violences ne se limitent pas aux agents pénitentiaires. À Villeurbanne, une entreprise du groupe Vinci, impliquée dans la construction de prisons, a été visée par un incendie revendiqué par courriel, suggérant une extension des cibles. Cette escalade intervient dans un contexte où le gouvernement Macron, ambitieux sur la scène internationale, semble dépassé par l’insécurité intérieure. Alors qu’Emmanuel Macron pousse pour une implication française dans le conflit ukrainien, engageant des sommes colossales – plus de 4 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine depuis 2022, selon des estimations officielles, et des promesses de livraisons d’armes pour 2025 – les Français expriment leur frustration. Des sondages récents, comme celui de l’IFOP (février 2025), révèlent que 68 % des citoyens préféreraient voir ces budgets alloués à la sécurité intérieure, notamment pour renforcer la police, la justice et l’administration pénitentiaire, plutôt que de financer des conflits étrangers : les « forces de réassurance » seraient ainsi les bienvenues sur le sol français !
Cette préférence reflète un sentiment d’abandon face à la montée de la violence dans les banlieues et les rues. Les fonds manquent cruellement pour recruter des agents, moderniser les prisons ou déployer des unités spécialisées contre le narcotrafic. Comme le souligne Raufer, l’État français, englué dans une « machine pénale grippée », échoue à rétablir l’ordre là où il est le plus urgent.
La réponse de l’État : entre discours ferme et impuissance structurelle
Le gouvernement a tenté de réagir. Le 23 avril, le Premier ministre François Bayrou, accompagné des ministres Gérald Darmanin (Justice) et Bruno Retailleau (Intérieur), s’est rendu à Saint-Quentin-Fallavier pour soutenir les agents. « Nous sommes absolument déterminés« , a promis Bayrou, tandis que Retailleau a annoncé des patrouilles renforcées et des consignes aux préfets dès le 17 avril. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de 13 enquêtes, explorant une possible ingérence étrangère, bien que cette piste reste spéculative.
Des interpellations ont eu lieu, comme à Varces (Isère), où trois individus ont été arrêtés avec un jerrican d’essence, ou à Caen, où une enquête suit l’incendie de véhicules. Mais Raufer critique une réponse judiciaire insuffisante, plaidant pour une « stratégie nationale contre le crime organisé » avec des unités spécialisées et une meilleure coordination. Sans cela, les criminels continueront d’exploiter les failles d’un système débordé, tandis que les agents pénitentiaires, terrorisés, vivent dans l’angoisse. « C’est un acte de guerre contre la République », tonne Alain Barberis, d’Alliance, relayant le désespoir des surveillants.
Une crise révélatrice des priorités mal alignées
Ces attaques, par leur ampleur et leur audace, exposent les faiblesses d’un État qui, selon Raufer, a « perdu le contrôle » face à une criminalité structurée. Elles surviennent alors que Macron, focalisé sur des ambitions géopolitiques comme l’Ukraine, néglige les urgences domestiques. Les milliards dépensés pour des conflits lointains contrastent avec le sous-financement chronique de la sécurité intérieure, alimentant un ressentiment populaire. Les Français, confrontés à une insécurité quotidienne, exigent que l’État donne la priorité à la pacification des banlieues, à la protection des agents et à la modernisation de la justice.
Pour les surveillants pénitentiaires, cette vague de violence transforme leur métier en mission à haut risque, les exposant à des représailles jusque dans leur intimité. Comme l’a souligné Bayrou, ces attaques visent « l’autorité de l’État » elle-même. Leur résolution exigera non seulement des arrestations, mais aussi un rééquilibrage des priorités budgétaires et une refonte du système sécuritaire pour restaurer la « peur du gendarme » et protéger ceux qui servent la République.
Laisser un commentaire