Ces soldats qui refusent la guerre

Ces soldats qui refusent la guerre

Depuis octobre 2023, la guerre à Gaza a révélé des fractures profondes au sein de la société israélienne, notamment à travers l’émergence des “refuzniks”, ces soldats et réservistes qui refusent de combattre. Ce mouvement, porté par des objecteurs de conscience dénonçant une guerre qu’ils jugent moralement ou stratégiquement injustifiable, met en lumière une réalité souvent occultée : une guerre sans soutien populaire est vouée à l’échec. À l’échelle mondiale, ce phénomène fait écho à une méfiance croissante envers les conflits alimentés par des manipulations médiatiques, comme l’illustrent des précédents historiques tels que l’affaire des couveuses au Koweït ou la fiole d’anthrax brandie pour justifier la guerre en Irak. Ces cas rappellent comment les “fake news” orchestrées par des gouvernements peuvent doper la popularité d’une guerre, un stratagème moins efficace aujourd’hui face à des populations occidentales de plus en plus sceptiques et informées, notamment en France vis-à-vis du conflit ukrainien.

Les “Refuzniks” : une rébellion au cœur de Tsahal

En Israël, le service militaire est un pilier de l’identité nationale, mais la guerre à Gaza a vu une montée du refus de servir. Selon un reportage d’Envoyé spécial diffusé le 12 juin 2025, environ 20 % des 300 000 réservistes de Tsahal n’auraient pas répondu à l’appel cette année. Parmi eux, Daniel Yohaval, emprisonné pour avoir dénoncé des “crimes de guerre” à Gaza, incarne cette désobéissance. Des figures comme Sofia Orr, 18 ans, préfèrent la prison à l’enrôlement, tandis que Yuval Green, ancien parachutiste, a fondé un mouvement anti-guerre après avoir été témoin d’opérations qu’il juge inutiles et destructrices.

Ce mouvement n’est pas nouveau. Dès les années 1980, l’organisation Yesh Gvul (“Il y a une limite”) soutenait les objecteurs refusant de servir dans les territoires occupés. En 2025, la contestation prend une ampleur inédite : en avril, 1 000 pilotes et aviateurs de réserve ont exigé un cessez-le-feu pour prioriser la libération des otages, défiant ouvertement la stratégie du gouvernement de Benjamin Netanyahou. Ces refuzniks, souvent issus d’unités d’élite, ne sont pas tous pacifistes. Beaucoup se disent patriotes mais critiquent une guerre qu’ils perçoivent comme un engrenage sans fin, alimenté par des objectifs flous et des pertes civiles massives.

Une guerre sans peuple : l’inefficacité d’un conflit impopulaire

L’histoire militaire montre que le succès d’une guerre repose sur la cohésion et le soutien populaire. En Israël, le conflit à Gaza, avec ses dizaines de milliers de morts palestiniens et la destruction quasi-totale de l’enclave, a érodé la confiance dans le gouvernement. Un sondage de l’Israel Democracy Institute (juin 2025) révèle que 65 % des Israéliens doutent de la “victoire totale” promise par Netanyahou, et une minorité croissante (35 % des Juifs israéliens) soutient une solution à deux États. Cette désaffection fragilise Tsahal : les désertions, même limitées, perturbent les opérations, et les critiques publiques des refuzniks sapent le moral des troupes.

Plusieurs facteurs expliquent cette crise :

  • Épuisement des réservistes : Mobilisés à répétition, beaucoup, comme Yuval Ben-Ari, 40 ans, abandonnent après avoir vu des zones réduites à des “champs de ruines” sans progrès stratégique.
  • Questions morales : Les refuzniks dénoncent des opérations qu’ils qualifient de “crimes de guerre”, comme la destruction d’infrastructures civiles, documentée par des ONG comme B’Tselem.
  • Isolement diplomatique : Les accusations de génocide à la Cour pénale internationale et la reconnaissance de la Palestine par des pays comme l’Espagne ont terni l’image d’Israël, alimentant les doutes des refuzniks sur la légitimité du conflit.

Fake news et guerres : quand la propagande dope la popularité

Les refuzniks israéliens s’inscrivent dans un contexte global où les populations, notamment en Occident, se méfient des narratifs bellicistes, souvent gonflés par des manipulations médiatiques. Deux exemples historiques illustrent comment des “fake news” ont servi à légitimer des guerres :

  • L’affaire des couveuses au Koweït (1990) : Lors de la première guerre du Golfe, une jeune Koweïtienne, présentée comme une infirmière bénévole, a témoigné devant le Congrès américain, affirmant que des soldats irakiens avaient arraché des bébés de leurs couveuses dans un hôpital de Koweït City, les laissant mourir. Ce récit émouvant, largement relayé, a galvanisé l’opinion publique américaine pour soutenir l’intervention contre Saddam Hussein. Il s’est avéré que la “témoin” était Nayirah, fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis, et que son témoignage, orchestré par l’agence de communication Hill & Knowlton, était un mensonge. Ce stratagème a contribué à justifier une guerre ayant causé 100 000 morts [; Radio France, 7 mai 2022].
  • La fiole d’anthrax et l’Irak (2003) : Lors d’un discours à l’ONU en février 2003, le secrétaire d’État américain Colin Powell a brandi une fiole censée contenir de l’anthrax, affirmant que l’Irak de Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive. Ce “preuve” a convaincu une partie de l’opinion internationale de la nécessité d’envahir l’Irak. Après la guerre, aucune arme de ce type n’a été trouvée, et Powell a reconnu que son discours reposait sur des informations “erronées”, voire fabriquées par des agences de renseignement. Cette manipulation a légitimé une guerre coûteuse en vies humaines et en stabilité régionale [Ouest-France, 18 octobre 2021].

Un autre exemple, moins connu, concerne la guerre du Vietnam. Dans les années 1960, l’incident du golfe du Tonkin (1964) a été présenté par le gouvernement américain comme une attaque non provoquée de navires nord-vietnamiens contre des destroyers américains. Ce récit, amplifié par les médias, a justifié l’escalade militaire. Des documents déclassifiés ont révélé que l’incident était exagéré, voire partiellement fabriqué, pour rallier l’opinion publique [The Guardian, 4 août 2014].

Ces cas montrent comment des gouvernements, en collaboration avec des médias ou des agences de communication, ont utilisé des récits dramatiques pour transformer des conflits géopolitiques en croisades morales. Ces manipulations étaient particulièrement efficaces à une époque où l’accès à l’information était limité et les sources médiatiques centralisées.

Le parallèle occidental : l’exemple de l’Ukraine

En France, la méfiance envers les guerres alimentées par des narratifs simplistes est palpable, notamment concernant le conflit en Ukraine. Malgré le soutien officiel à Kiev par Emmanuel Macron, un sondage IFOP de mars 2025 indique que 58 % des Français s’opposent à une intervention militaire directe, perçue comme éloignée des intérêts nationaux. Cette réticence s’explique par une lassitude face à une guerre prolongée et par des soupçons de désinformation. Un rapport du ministère français des Affaires étrangères (6
mai 2025) a identifié 80 opérations de désinformation attribuées à diverses
sources, visant à discréditer l’Ukraine et ses soutiens, mais les Français
demeurent de plus en plus sceptiques face aux récits des autorités françaises complètement discréditées qui désinforment à outrance avec la complicité active des médias français et européens.

Des intellectuels comme Emmanuel Todd critiquent une “guerre par procuration” qui bénéficierait davantage aux élites qu’aux peuples ukrainien ou européen. Cette méfiance reflète une évolution des sociétés occidentales : grâce aux réseaux sociaux et aux médias alternatifs, les citoyens sont mieux informés et moins enclins à avaler des récits officiels. Comme les refuzniks israéliens, les Français remettent en question les motivations des conflits, exigeant des justifications claires et des résultats tangibles.

Les refuzniks et l’avenir d’Israël : un défi à la propagande

En Israël, les refuzniks ne se contentent pas de refuser de servir ; ils contestent le narratif officiel qui présente la guerre à Gaza comme une nécessité existentielle. Ce narratif, souvent amplifié par des images de destructions attribuées au Hamas, rappelle les techniques de propagande utilisées dans d’autres conflits. Par exemple, des rapports non vérifiés sur des “atrocités” commises le 7 octobre 2023 ont été relayés pour justifier l’offensive, mais certains, comme Iddo, un lycéen refuznik, dénoncent des “exagérations” destinées à manipuler l’opinion.

Le mouvement des refuzniks, soutenu par des ONG comme Mesarvot, reste marginal mais symboliquement puissant. Il expose les divisions d’une société israélienne où l’armée, jadis intouchable, est critiquée. Ishai Menuchin, de Yesh Gvul, estime que chaque refuznik “force un débat” sur la légitimité du conflit. Cependant, leur combat est coûteux : prison, ostracisme et accusations de trahison sont leur quotidien.

La fin de la manipulation facile ?

Les refuzniks israéliens et la méfiance française envers le conflit ukrainien convergent vers une même réalité : les guerres impopulaires, même soutenues par des campagnes de désinformation, peinent à maintenir leur légitimité. Les précédents des couveuses koweïtiennes et de la fiole d’anthrax montrent que la propagande peut doper temporairement le soutien à un conflit, mais à l’ère des réseaux sociaux et de l’information décentralisée, les populations sont plus difficiles à manipuler. Comme l’a écrit Ehoud Olmert dans Le Monde (25 mars 2025), la guerre à Gaza, menée pour des “raisons personnelles” par Netanyahou, nuit aux intérêts d’Israël. Les refuzniks, en défiant ce système, pourraient ouvrir la voie à une réflexion sur une paix durable, mais leur voix reste étouffée dans un pays où la guerre reste une institution sacrée.

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