Une coalition de 343 plaignantes, emmenée par l’association Les Tricoteuses hystériques, a déposé plainte pour injure publique contre l’épouse du président.
L’affaire judiciaire est désormais ouverte. Ce mardi, le mouvement féministe a transformé la polémique en action en justice. L’association, aux côtés des structures 3égales3 et MeTooMedia, a officiellement déposé une plainte contre Brigitte Macron. Le grief ? L’expression « sales connes », proférée par la Première dame à l’encontre des militantes ayant perturbé le spectacle du comédien Ary Abittan. Loin de s’éteindre, l’incident cristallise les tensions autour de la place du féminisme et de la liberté d’expression des proches du pouvoir.
Le collectif a précisé, dans son communiqué, que cette action en justice était engagée au nom de 343 signataires, femmes et associations, toutes se considérant touchées, à titre personnel et collectif, par les déclarations incriminées. Le chiffre n’est pas anodin : il renvoie délibérément au « Manifeste des 343 » publié en 1971 pour la dépénalisation de l’avortement.
Dans un amer parallèle historique, les plaignantes constatent que, plus d’un demi-siècle après le manifeste fondateur, les militantes restent la cible d’insultes et de tentatives de discrédit. Cette procédure, portée par la présidente des Tricoteuses, Vigdis Morisse Herrera, vise précisément à traduire en actes l’indignation provoquée par la publication des images de l’agence Bestimage.
La défense de Brigitte Macron
Face à la montée des critiques, Brigitte Macron s’est expliquée dans un entretien à Brut.
Elle a affirmé que ses mots, prononcés en coulisses, « n’étaient absolument pas destinés à être publics » et qu’elle n’avait « pas vu qu’il y avait quelqu’un derrière elle qui filmait ».
Elle a présenté ses regrets aux victimes, indiquant éprouver des remords de les avoir heurtées et affirmant que sa préoccupation allait exclusivement à elles. Brigitte a justifié ses propos en revendiquant le droit de penser et de parler librement, soulignant qu’elle n’était pas seulement l’épouse du chef de l’État, mais aussi une personne disposant d’une sphère privée, et que cet instant relevait précisément de cette intimité.
Un fossé qui se creuse avec les associations de terrain
Cet argument de la sphère privée peine à convaincre les plaignantes. Pour elles, l’injure dépasse la personne de Brigitte Macron et vise toute femme osant élever la voix. Sur les réseaux sociaux, la réplique cinglante de l’association #NousToutes n’a pas tardé, rétorquant que les militantes ainsi insultées accomplissaient un travail plus concret que celui du président de la République lui-même, une pique qui souligne le fossé grandissant entre les déclarations d’intention de l’exécutif et la perception des actrices de terrain.
Des chiffres rappelés avec insistance par le collectif viennent étayer leur colère : 210 000 viols ou tentatives par an et déjà 156 féminicides depuis janvier, un bilan plus lourd qu’à la même période en 2024.
Alors que la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a appelé à « laisser tranquille » la Première dame, la plainte déposée ce mardi prouve que l’onde de choc est durable. Elle pose une question fondamentale à laquelle le Palais de l’Élysée et la société devront répondre : où commence et où s’arrête la vie privée d’une personnalité publique dont les mots, même chuchotés, peuvent blesser une cause que l’État prétend défendre ? L’affaire est désormais entre les mains de la justice.


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