Alors que les contrôles se renforcent aux frontières intérieures, une nouvelle menace, plus sournoise, inquiète les services de sécurité : la falsification et l’obtention frauduleuse de visas. Des données exclusives de la police fédérale allemande révèlent l’ampleur d’un phénomène en pleine explosion, qui contourne nos défenses.
Une menace qui change de visage
Le retour des frontières visibles au sein de l’espace Schengen a-t-il ouvert la boîte de Pandore ? C’est la question brûlante que posent les derniers chiffres de la police allemande. Face aux check-points et aux vérifications d’identité, les filières d’immigration illégale ont opéré un dangereux virage. Désormais, ce n’est plus à travers champs ou par la mer qu’elles progressent, mais à travers les méandres administratifs de nos propres consulats. Leur arme ? Le visa frauduleux, un sésame en apparence parfaitement légal, mais obtenu par le mensonge.
Les statistiques sont glaçantes. En Allemagne, le nombre de suspects impliqués dans des affaires d’« escroquerie aux visas » atteint des sommets historiques. Pour la seule période de janvier à octobre de cette année, 5 569 individus ont été enregistrés. Un chiffre qui frôle déjà le total de toute l’année 2024.
Un porte-parole de la police fédérale le confirme sans ambages : « Les autorités chargées du contrôle du trafic transfrontalier constatent depuis plusieurs années une augmentation du nombre de cas de visas frauduleusement obtenus. »
Cette fraude n’est plus anecdotique ; elle est devenue une voie migratoire à part entière.
L’effet pervers des contrôles renforcés
Le lien avec nos politiques est direct, et les policiers allemands l’établissent eux-mêmes.
Leur analyse est implacable : « D’une manière générale, les chiffres permettent de déduire que la grande efficacité des contrôles temporairement rétablis aux frontières intérieures peut aussi, dans une certaine mesure, avoir des répercussions sur le domaine de la délinquance qu’est l’escroquerie aux visas. »
En clair, en verrouillant un accès, nous avons involontairement canalisé la pression vers un autre. Les passeurs, toujours ingénieux, transforment nos procédures en failles exploitables. Cette fraude a un visage et une finalité.
Les principaux pays d’origine des suspects — la Turquie, l’Azerbaïdjan, l’Iran, la Syrie et l’Afghanistan — dessinent une géopolitique de la détresse et d’une volonté de rejoindre l’Europe coûte que coûte. Plus troublant encore : « De nombreux cas sont liés à des demandes d’asile » en Allemagne, souligne la police. Pire, une nouvelle tendance émerge : « l’abus de visas nationaux allemands pour l’accès à l’emploi ou le commencement d’une formation ». La tromperie ne vise donc plus seulement à entrer, mais à s’installer durablement en exploitant nos systèmes sociaux et économiques.
Et la France dans tout cela ? L’alerte est transnationale. Les enquêtes portent aussi sur des « visas pour la France, la Grèce, l’Italie ou l’Espagne » obtenus illégalement. Dès septembre 2025, Berlin a diffusé des « mises en garde aux postes consulaires allemands dans le monde entier », preuve que le réseau est global. Nos consulats, déjà sous pression, sont en première ligne face à cette offensive de faux-semblants.


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