Une situation tendue après l’arrestation d’İmamoğlu
Au 20 mars 2025, la Turquie semble traverser une vague de troubles déclenchée par l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul et principal rival de Recep Tayyip Erdoğan, le 18 mars. Selon Le Monde (19 mars 2025), İmamoğlu a été interpellé pour « corruption » et « aide au PKK », des accusations que l’opposition qualifie de « coup d’État » politique. Dès le lendemain, des manifestations ont éclaté à Istanbul, Ankara et Izmir, avec des affrontements signalés près de l’université d’Istanbul (Euronews, 19 mars 2025). La police a utilisé gaz lacrymogènes et matraques pour disperser les foules, et un couvre-feu de quatre jours a été imposé dans plusieurs villes.
Des allégations non confirmées
Sur X, des utilisateurs évoquent une escalade dramatique : le ministère de la Justice à Ankara aux mains de « rebelles », Gaziantep sous contrôle insurgé, et même une fuite d’Erdoğan. Ces récits, bien que relayés, manquent de corroboration officielle. Les grands médias (Reuters, Le Figaro) confirment des protestations importantes à Istanbul, avec des routes bloquées et des arrestations massives, mais ne mentionnent ni soulèvement national ni départ du président. L’absence de déclarations du gouvernement turc au 20 mars laisse planer le doute : crise localisée ou début d’un mouvement plus vaste ?
Un contexte explosif
Ces événements s’inscrivent dans un climat déjà volatile. Les municipales de 2024 ont vu l’AKP d’Erdoğan perdre du terrain face au CHP d’İmamoğlu (Le Monde, 2 avr. 2024), et l’économie turque souffre d’une inflation persistante (50 % en 2024, Les Echos, 28 maRS 2024). L’arrestation d’İmamoğlu, précédée par l’annulation de son diplôme universitaire le 17 mars, apparaît comme une tentative d’éliminer un adversaire clé avant la primaire du CHP le 23 mars et la présidentielle de 2028. Ce coup dur a galvanisé l’opposition, qui dénonce un régime autoritaire prêt à tout pour se maintenir.
Perspectives pour Erdoğan
Une répression à double tranchant
À court terme, Erdoğan pourrait opter pour une ligne dure : couvre-feu prolongé, censure d’Internet, et arrestations massives. Cette stratégie, utilisée lors des purges post-2016, pourrait contenir les troubles, mais au prix d’une radicalisation de l’opposition. Si la situation s’aggrave, la légitimité d’Erdoğan, déjà ébranlée, risque de s’effriter davantage.
Une économie fragilisée
La crise économique amplifie le danger. Une livre turque dévaluée et des marchés nerveux pourraient la voir s’effondrer si l’instabilité persiste, coupant Erdoğan de son assise populaire. La Turquie, qui exporte drones et armements dans 170 pays (Le Monde, 7 mars 2025), ne peut se permettre un isolement prolongé.
Vers une rupture ou un sursis ?
Deux scénarios émergent. Si Erdoğan maîtrise la situation, il renforcera son pouvoir, mais à un coût social et politique élevé, préparant le terrain à une révolte future. Sinon, une perte de contrôle – improbable à ce stade sans preuves solides – pourrait précipiter sa chute, portée par une opposition unie autour d’İmamoğlu. D’ici l’été 2025, la capacité du régime à juguler cette colère sera décisive pour son avenir.
From the heart of Türkiye—violent clashes between demonstrators and police are escalating rapidly. Eyewitnesses report the first casualties as the situation spirals. Tension is at its peak and the streets are ablaze with unrest. pic.twitter.com/tmeD0cQcb1
— Aprajita Nefes 🦋 Ancient Believer (@aprajitanefes) March 21, 2025
20/3 - Turquie 🇹🇷
— Charli☀️🦎 (@CharliB97783485) March 20, 2025
protestation des étudiant-es à Izmir ce soir
le cortège a tenté d'atteindre le bâtiment de l'AKP, siège du parti d'Erdogan pic.twitter.com/YN9zJnK7hK
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