Être « munichois » aujourd’hui : qui veut vraiment la guerre ?

Être « munichois » aujourd’hui : qui veut vraiment la guerre ?

Rédigé à partir de l’émission d’Éric Branca sur Tocsin média.

Dans un contexte où le terme « munichois » est brandi comme une insulte sur les réseaux sociaux – notamment à propos du conflit en Ukraine –, il est temps de revenir sereinement aux accords de Munich de septembre 1938. Souvent invoqués sans explication précise, ces accords symbolisent une capitulation en temps de paix qui a pavé la voie à la guerre. Comme l’aurait dit Churchill (même si la formule est apocryphe) : « Nous avions le choix entre la guerre et le déshonneur. Nous avons choisi le déshonneur, et nous aurons la guerre. »

Le contexte historique : l’expansion hitlérienne et la complaisance anglo-saxonne

En 1938, l’Allemagne d’Hitler viole systématiquement le traité de Versailles depuis 1935, avec la complicité active des Britanniques et des Américains. Ces derniers, motivés par des intérêts économiques, aident l’Allemagne à se relever au détriment de la France, victorieuse de 1918 mais privée des réparations attendues.

Les étapes clés de l’expansion allemande :

1935 : Rétablissement du service militaire et signature d’un accord naval anglo-allemand (à l’insu des Français), autorisant l’Allemagne à reconstituer une flotte importante.

1936 : Remilitarisation de la Rhénanie, sans réaction française malgré les protestations initiales.

1938 : Anschluss (annexion de l’Autriche).

Hitler, dans Mein Kampf (1927), avait pourtant annoncé ses intentions : détruire la France, les Juifs, la Russie, et coloniser l’Europe de l’Est. Mais les capitaux anglo-saxons continuent d’affluer.

Les Sudètes : un prétexte stratégique

Hitler revendique les Sudètes, région tchécoslovaque peuplée de 3 millions d’Allemands germanophones. Officiellement, pour réunir les Allemands dispersés. En réalité, c’est un levier pour démanteler la Tchécoslovaquie, alliée clé de la France en Europe centrale.

Les Sudètes forment une forteresse naturelle protégée par une ligne de fortifications modernes (comparable à une Maginot achevée), et abritent les usines Škoda – un joyau industriel d’armement, passé sous influence française après 1918.

Sans les Sudètes, la Tchécoslovaquie devient vulnérable : Hitler sait que sa perte la fait « tomber comme un fruit mûr ».

Les « négociations » de Munich : un diktat

Il n’y a pas eu de véritables négociations, mais une série de concessions :

Avril 1938 : Konrad Henlein (leader nazi des Sudètes) exige l’autonomie.

Juin 1938 : Chamberlain impose un référendum via le Times allant plus loin qu’Hitler.

Septembre 1938 : Crise aiguë au congrès de Nuremberg ; Hitler menace d’intervenir militairement.

29-30 septembre : Conférence de Munich entre Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier. La Tchécoslovaquie n’est pas invitée ; son président Beneš cède tout.

Un secret révélé : les usines Škoda sont vendues discrètement à un consortium allemand lié à Göring, affaiblissant définitivement la défense tchécoslovaque.

À son retour, Daladier s’attend à être hué mais est acclamé ; il murmure : « Les cons ! S’ils savaient… » Il croit gagner du temps pour réarmer, mais Chamberlain signe un papier séparé avec Hitler promettant la paix entre Royaume-Uni et Allemagne (sans mentionner la France).

Les leçons de Munich et le parallèle avec l’Ukraine

Le parallèle formel est troublant : un puissant voisin revendique une région (Sudètes/Donbass), et des grandes puissances décident du sort d’un État sans le consulter.

Mais les différences sont profondes :

– En 1938, l’Occident n’aide pas la Tchécoslovaquie ; aujourd’hui, des moyens massifs soutiennent l’Ukraine.

– La dynamique favorise Hitler (expansion territoriale de 30 % pour l’Allemagne de 1933 à 1938) ; depuis 1991, c’est l’OTAN qui s’étend vers l’Est (14 nouveaux membres).

– Les Sudètes n’étaient couvertes par aucun traité protecteur ; le Donbass l’était par les accords de Minsk, non respectés (comme l’ont admis Merkel et Hollande), avec l’Europe comme garante.

– La Tchécoslovaquie était vitale pour la sécurité française ; le Donbass ne l’est pas pour l’Europe occidentale.

La conséquence oubliée de Munich : le pacte germano-soviétique (1939), Staline se tournant vers Hitler face au refus anglo-français d’un alliance.

Aujourd’hui, repousser la Russie pourrait la pousser vers la Chine, comme l’URSS vers l’Allemagne en 1939.

Jacques Chirac le disait : « Il ne faut jamais pousser un chat dans un coin. »

Les vrais « munichois » d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui prônent la paix en Ukraine, mais ceux qui, par idéologie, risquent d’isoler la Russie et d’alimenter une escalade plus large.

L’histoire ne se répète pas, mais les rapports de force, eux, déterminent tout. Il est temps de raisonner avec calme, loin des anathèmes et des parallèles hâtifs.

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