Dans le cirque médiatique autour des revendications de Donald Trump sur le Groenland – cette immense île autonome du royaume du Danemark, convoitée pour ses ressources et sa position stratégique –, deux vérités dérangeantes sont systématiquement passées sous silence par des journalistes avides de sensationnalisme : la lutte historique des Groenlandais pour leur indépendance et les violations massives des droits humains infligées par le Danemark à cette population inuite. Derrière les gros titres, un scandale perdure : des décennies d’abus, de stérilisations forcées, de rapts d’enfants et d’atrocités coloniales qui font du Groenland un symbole de l’oppression brutale exercée par une puissance européenne prétendument « civilisée ».
Spiralkampagnen : un génocide démographique planifié
Au cœur de cette horreur se trouve la Spiralkampagnen, une campagne de stérilisation forcée orchestrée par le gouvernement danois dans les années 1960 et 1970. Sous prétexte de « contrôler » la natalité d’une population jugée trop prolifique pour les caisses de Copenhague, des milliers de femmes et de jeunes filles inuites – certaines à peine adolescentes – ont été mutilées sans leur consentement. Entre 1966 et 1970, pas moins de 4 500 dispositifs intra-utérins (DIU) ont été implantés de force, souvent à l’insu des victimes, dans une opération malthusienne digne des pires heures de l’eugénisme. Des témoignages glaçants, comme celui de Naja Lyberth, 13 ans à l’époque, ou d’Henriette Berthelsen, révèlent l’ampleur du traumatisme : des vies brisées, des familles détruites, et une infertilité imposée par la violence étatique.
Le Danemark, inquiet d’un « accroissement démographique » qui menaçait ses subventions coloniales, a sciemment choisi de stériliser la moitié des femmes inuites en âge de procréer. Résultat ? Le taux de fécondité, autrefois parmi les plus élevés au monde (6,5 à 7 enfants par femme dans les années 1960), s’est effondré. En 2025, la population du Groenland stagne entre 55 900 et 57 000 âmes, avec un taux de natalité négatif. Ce n’était pas un accident : c’était une politique délibérée pour éradiquer un peuple, un génocide silencieux sous couvert de « modernité ».
Rapts d’enfants et tortures : l’assimilation par la barbarie
Mais la Spiralkampagnen n’est que la partie visible de l’iceberg. En 1951, 22 enfants inuits ont été arrachés à leurs familles et expédiés au Danemark dans une expérience dite de « rééducation ». Considérés comme des « sauvages » à civiliser, ces petits ont été soumis à des traitements inhumains, coupés de leur culture et de leur langue. Les conséquences ? Une santé mentale ravagée, des vies fracassées, et un silence imposé par la honte et la peur. Ces rapts ne sont pas des cas isolés : ils s’inscrivent dans une logique coloniale où les Inuits devaient être « danoisés » à tout prix, y compris par la force.
À cela s’ajoutent des abus sexuels massifs – un fléau reconnu par l’ONU, qui estime qu’un tiers des Groenlandais, et 20 % des enfants nés après 1995, ont été victimes de violences sexuelles dans leur jeunesse. Ces chiffres, bien supérieurs à ceux du Danemark continental, traduisent un climat de prédation entretenu par des décennies de domination. Les récalcitrants ? Internés en psychiatrie, réduits au silence par un système qui préférait les enfermer plutôt que les écouter.
Une indépendance étouffée, un peuple nié
Face à ce sombre tableau, la revendication d’indépendance des Groenlandais, portée aujourd’hui par des figures comme le Premier ministre Múte Egede, prend tout son sens. Depuis 2009, le Groenland a le droit à l’autodétermination, et un référendum pourrait voir le jour dès 2025. Mais le Danemark, accroché à son joyau arctique, freine des quatre fers, préférant maintenir un statu quo colonial sous des airs de bienveillance. Les enquêtes sur ces abus, lancées sous la pression internationale (notamment après les plaintes de 143 femmes inuites en 2024), traînent en longueur, noyées dans un déni officiel qui parle de « pratiques normales » d’une autre époque.
Et Trump dans tout ça ? Depuis 2019, il agite le spectre d’une annexion américaine, arguant de la « sécurité nationale ». Le Danemark et Nuuk ont beau clamer que « le Groenland n’est pas à vendre », l’idée d’un soutien américain aux indépendantistes reste une option sous-explorée. Si Washington appuyait les aspirations des Inuits avec des moyens économiques, cela pourrait renverser la donne, offrant une échappatoire à un peuple étouffé par des siècles de joug danois. Une telle démarche rappellerait les idéaux wilsoniens de défense des peuples opprimés – un contraste saisissant avec les guerres impérialistes récentes des États-Unis.
Un silence médiatique complice
Pourquoi ce silence assourdissant des médias sur ces exactions ? Parce qu’il est plus facile de gloser sur les frasques de Trump que de regarder en face les crimes d’un pays comme le Danemark, membre respectable de l’UE et parangon de la « vertu nordique ». Les Inuits, eux, restent des oubliés, leurs voix écrasées par un sensationnalisme qui préfère les gros titres aux vérités gênantes. Pendant que Copenhague joue les innocents, les cicatrices de la Spiralkampagnen et des abus sexuels continuent de hanter une population au bord de l’effacement.
Verdict : un peuple à libérer
Le Groenland n’est pas qu’une île stratégique ou un trophée géopolitique : c’est un peuple martyrisé par des décennies de politiques danoises abjectes. Stérilisations forcées, enfants volés, violences endémiques – ces abus historiques ne sont pas des « erreurs » du passé, mais les fondations d’un colonialisme qui perdure. Trump pourrait, paradoxalement, devenir un levier pour l’indépendance inuite. Mais avec ou sans lui, une chose est claire : les Groenlandais méritent justice, réparation, et surtout la liberté de reprendre leur destin en main. Il est temps que le monde ouvre les yeux sur ce scandale – et que le Danemark rende des comptes.
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