Guerre en Ukraine : le retour de la 7ème compagnie ?

Guerre en Ukraine : le retour de la 7ème compagnie ?

Depuis sa nomination en tant que chef d’état-major des armées (CEMA) en juillet 2021, le général Thierry Burkhard a imprimé une marque résolument offensive à la doctrine militaire française. Sa vision stratégique, exposée dès octobre 2021 sous le titre « Gagner la guerre avant la guerre », prône une préparation à des conflits de haute intensité dans un monde marqué par un triptyque « compétition-contestation-affrontement ». Si cette approche peut sembler lucide face à l’évolution des menaces géopolitiques, elle révèle, dans le cadre du conflit ukrainien, une posture belliciste dangereuse, un alignement aveugle sur les objectifs de l’OTAN, et une inadaptation totale de l’armée française aux nouvelles formes de conflits, notamment dans le domaine clé de la guerre des drones que la France a été incapable d’anticiper.

Une posture belliciste dans le conflit ukrainien

Depuis l’intervention russe en Ukraine en février 2022, le général Burkhard s’est illustré par un soutien marqué aux initiatives françaises d’appui militaire à Kiev. En mars 2024, il a publiquement appuyé la proposition d’Emmanuel Macron d’envisager un déploiement de troupes en Ukraine, que ce soit pour entraîner les forces ukrainiennes, gérer des systèmes d’armes, mener des cyberattaques contre des positions russes ou participer à des opérations de déminage. Cette position, bien que présentée comme une réponse à l’agression russe, reflète une volonté d’escalade militaire qui contraste avec les appels à la prudence d’autres acteurs européens.

Guerre en Ukraine : le retour de la 7ème compagnie ?

Le général Burkhard semble s’inscrire dans une logique de confrontation directe, alignée sur les objectifs stratégiques de l’OTAN, qui cherche à infliger une « défaite stratégique » à la Russie. Cette ambition, défendue par les États-Unis de l’administration Biden et certains alliés comme la Grande-Bretagne, vise à affaiblir durablement Moscou sur les plans militaire, économique et politique. Cependant, cette stratégie ignore les réalités du terrain : la Russie, malgré quelques revers initiaux, a démontré une résilience militaire et une capacité d’adaptation, notamment dans sa gestion des ressources humaines et matérielles. La posture belliciste du chef d’état-major des armées (CEMA), qui soutient une implication accrue de la France, expose le pays à un risque d’escalade incontrôlable, notamment si des troupes françaises venaient à être déployées sur le sol ukrainien – un acte que Moscou considérerait comme un casus belli.

L’impréparation doctrinale, logistique et opérationnelle de l’armée française

Si la vision stratégique du général Burkhard met l’accent sur la préparation aux conflits de haute intensité, l’armée française est loin d’être prête à relever un tel défi, tant sur le plan doctrinal que sur les plans logistiques et opérationnels. Sur le plan doctrinal, la France a longtemps privilégié des opérations extérieures de basse intensité, comme celles menées au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. Ces missions, centrées sur la lutte contre le terrorisme, ont orienté la formation et l’équipement des forces françaises vers des conflits asymétriques, au détriment d’une préparation à un affrontement conventionnel contre une puissance comme la Russie, dotée d’une armée numériquement et technologiquement redoutable.

Sur le plan logistique, l’armée française – comme ses homologues européennes –  souffre de lacunes criantes. Les stocks de munitions, par exemple, sont insuffisants pour soutenir un conflit prolongé de haute intensité. Ce problème avait déjà été soulevé lors du conflit lybien de 2011 sans qu’aucun remède ne soit apporté. En 2023, des rapports ont révélé que la France ne disposait que de quelques jours de munitions pour ses systèmes d’artillerie, comme les canons CAESAR, pourtant envoyés en Ukraine. De plus, la maintenance des équipements est un problème chronique : les taux de disponibilité des blindés, des hélicoptères et des avions de combat sont souvent inférieurs à 50 %, en raison de coupes budgétaires successives et d’une dépendance accrue à des sous-traitants privés souvent situés à l’étranger. Opérationnellement, l’armée française manque d’entraînement collectif à grande échelle, un domaine où la Russie, grâce à ses exercices annuels réguliers, conserve un avantage certain.

Cette impréparation est d’autant plus préoccupante que le duo Macron/Burkhard semble prêt à engager la France dans un conflit direct avec la Russie, sans avoir les moyens de ses ambitions. La proposition d’envoyer des troupes en Ukraine, même pour des missions « non combattantes » comme le déminage, sous-estime les risques d’escalade et ignore les faiblesses structurelles de l’appareil militaire français. En cas de confrontation ouverte, l’armée française se retrouverait rapidement débordée, incapable de soutenir un effort de guerre prolongé.

Un alignement complet sur les objectifs de l’OTAN

La posture de l’état-major français illustre sans le moindre esprit critique un alignement total de la France sur les objectifs stratégiques de l’OTAN, au détriment d’une politique de défense autonome. Historiquement, la France, sous l’impulsion de figures comme Charles de Gaulle, a cherché à maintenir une certaine indépendance vis-à-vis de l’Alliance atlantique, notamment par sa sortie du commandement intégré en 1966. Cependant, depuis le retour de la France dans ce dispositif en 2009 sous Nicolas Sarkozy, cet héritage gaulliste a été progressivement abandonné et des générations d’officiers généraux français, en soutenant une implication accrue dans le conflit ukrainien, s’inscrivent pleinement dans l’obéissance à l’idéologie anglo-saxonne, qui vise à affaiblir la Russie à tout prix.

Cet alignement est problématique à plusieurs égards. D’abord, il compromet la souveraineté stratégique de la France, qui devient un simple exécutant des directives anglo-saxonnes. Ensuite, il ignore les divergences d’intérêts au sein de l’Alliance : des pays comme la Hongrie ou même l’Allemagne, adoptent des positions bien plus nuancées vis-à-vis de la Russie, tandis que la France, sous l’impulsion de ses élites atlantistes, se place en première ligne, exposant ses soldats et ses citoyens à des représailles directes. Enfin, cet alignement contribue à polariser davantage les relations Est-Ouest, rendant toute solution diplomatique au conflit ukrainien plus difficile, et notamment en contrant les efforts de l’administration Trump en faveur de la paix.

Un suivisme suicidaire avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne

Pire encore, la France semble prête à s’allier avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne pour envisager un déploiement de troupes en Ukraine. Cette proposition, avancée par Emmanuel Macron et soutenue par le CEMA, constitue un suivisme suicidaire. La Grande-Bretagne, sortie de l’Union européenne, a ses propres intérêts géopolitiques, souvent alignés sur ceux des États-Unis, tandis que l’Allemagne, malgré ses déclarations martiales, reste réticente à s’engager militairement en raison de ses contraintes historiques et de sa classe politique totalement alignée sur les intérêts anglo-saxons.

Un tel déploiement, même limité, serait perçu par Moscou comme une déclaration de guerre. La Russie a maintes fois averti que l’intervention de troupes de l’OTAN sur le sol ukrainien constituerait une ligne rouge, susceptible de déclencher une escalade militaire majeure, voire un conflit nucléaire. Le général Burkhard, en soutenant cette initiative, semble ignorer ces mises en garde, préférant une posture de fermeté à une approche pragmatique. Cette position est d’autant plus irresponsable que la France, comme mentionné précédemment, n’a ni les moyens logistiques ni la préparation opérationnelle pour faire face à une guerre ouverte contre la Russie.

Une doctrine militaire française en quête de réalisme

La nouvelle doctrine militaire française, incarnée par le général Burkhard, se veut résolument tournée vers les conflits de haute intensité. Mais cette ambition, si elle peut sembler séduisante sur le papier, est déconnectée des réalités. La France, contrairement à des puissances comme les États-Unis ou la Russie, n’a pas les ressources économiques et industrielles pour soutenir un effort de guerre prolongé. Les budgets militaires, bien qu’en augmentation, restent insuffisants pour combler les lacunes accumulées depuis des décennies. De plus, la société française, que le général Burkhard lui-même juge en manque de cohésion, est peu préparée à accepter les sacrifices qu’impliquerait un tel conflit.

Les positions bellicistes du général Thierry Burkhard dans le cadre du conflit ukrainien, parfaitement en phase avec son mentor élyséen, révèlent une dangereuse insouciance. Son alignement sur les objectifs de l’OTAN, sa sous-estimation des capacités russes, et son soutien à un déploiement de troupes en Ukraine, en collaboration avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne, exposent la France à des risques disproportionnés. L’impréparation de l’armée française, tant sur le plan doctrinal que matériel, rend cette posture d’autant plus périlleuse. Plutôt que de chercher la confrontation, la France aurait tout intérêt à privilégier une approche diplomatique, à renforcer son autonomie stratégique, et à investir dans une défense véritablement adaptée aux défis du XXIe siècle.

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