La bipolarité des décisions de Trump brouille les cartes et devient illisible

La bipolarité des décisions de Trump brouille les cartes et devient illisible

En une semaine, le président américain Donald Trump a de nouveau illustré son inconstance politique en suspendant les livraisons d’armes vitales à l’Ukraine, pour ensuite annoncer leur reprise lors d’un dîner à la Maison Blanche le 7 juillet 2025. Cette volte-face, révélée par France 24, intervient dans un contexte de tensions accrues sur le front ukrainien et de spéculations sur une possible purge au sein de l’OTAN, notamment à l’Agence de soutien et d’acquisition (NSPA). Alors que l’Ukraine lutte contre une offensive russe intensifiée, l’approche bipolaire de Trump – marquée par des décisions impulsives et des revirements spectaculaires – fragilise ses alliés et alimente les incertitudes sur ses intentions stratégiques.

Une suspension abrupte, suivie d’un revirement imprévisible

Le 2 juillet 2025, le Pentagone, dirigé par le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, a suspendu plusieurs livraisons d’armes à l’Ukraine, incluant des missiles Patriot, des munitions GMLRS pour les systèmes HIMARS et des missiles Hellfire. Cette décision, attribuée à une note interne signalant des tensions dans les stocks de missiles Hellfire et Stinger, visait à préserver les réserves américaines, notamment pour soutenir Israël face aux récentes escalades au Moyen-Orient. Selon The Guardian, cette pause concernait également les obus d’artillerie de précision et les missiles pour les F-16 ukrainiens, des équipements cruciaux alors que la Russie a intensifié ses attaques, avec une hausse de 36,8 % des drones longue portée en juin 2025.

Cette annonce a provoqué un tollé à Kiev. Le député ukrainien Roman Kostenko a qualifié la suspension de « coup porté à l’Ukraine », tandis que le ministère de la Défense a déploré l’absence de consultation préalable. Les alliés européens, selon le porte-parole polonais Paweł Wroński, ont été pris de court, redoutant un désengagement américain durable. John Hardie, de la Foundation for Defense of Democracies, a averti que cette réduction compromettrait la défense antiaérienne ukrainienne, tandis que Michael McFaul, ancien ambassadeur en Russie, y a vu un recul stratégique face à Moscou.

Pourtant, le 7 juillet, Trump a opéré un revirement soudain lors d’un dîner avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Ils doivent pouvoir se défendre. Ils sont très durement touchés en ce moment. Nous allons devoir envoyer plus d’armes, des armes défensives avant tout », a-t-il déclaré, selon France 24. Exprimant sa frustration envers Vladimir Poutine, qui « ne s’est pas arrêté », Trump a semblé contredire la décision du Pentagone, qu’il n’aurait pas pleinement validée. Ce revirement, salué par la vice-présidente du Parlement ukrainien Olena Kondratiuk, reste entouré de flou, Trump n’ayant pas précisé la nature ni l’ampleur des envois prévus.

Une inconstance politique qui désoriente

Ce nouvel épisode illustre l’inconstance chronique de Trump, une gouvernance que le correspondant de France 24, Mathieu Mabin, qualifie de « bipolaire ». « Trump menace, affirme, puis se rétracte », note Mabin, soulignant un rythme de revirements si rapide qu’il défie toute interprétation cohérente. La suspension des livraisons, par exemple, aurait été décidée après un bref échange avec Hegseth, sans concertation approfondie, tandis que la reprise semble motivée par une réaction émotionnelle lors d’un événement diplomatique. Cette impulsivité contraste avec la rigueur de l’administration Biden, qui avait sécurisé une aide militaire conséquente avant son départ, convertie en contrats garantissant des livraisons jusqu’en août 2025.

Ce n’est pas la première fois que Trump vacille sur l’Ukraine. En mars 2025, il avait suspendu l’aide militaire après un différend avec Volodymyr Zelensky, pour la rétablir une semaine plus tard. En avril, il avait conditionné une vente d’armes à un accord sur les minerais ukrainiens. Ces allers-retours, amplifiés par des déclarations ambiguës – comme l’emploi du terme vague d’« armes défensives », qui peut englober des systèmes Patriot comme des obus d’artillerie – sèment la confusion. Selon Politico, des alliés de Trump, dont le représentant Michael McCaul, critiquent l’absence de coordination, attribuée à un Conseil de sécurité nationale affaibli et à des figures comme Elbridge Colby, sous-secrétaire à la Défense.

Cette inconstance reflète une approche gouvernée par l’humeur plus que par la stratégie. Trump oscille entre des postures pro-russes – il a tenté, sans succès, de négocier un cessez-le-feu avec Poutine via des pourparlers en Turquie – et des gestes de soutien à l’Ukraine, comme ce dernier revirement. Cette absence de ligne claire complique les efforts des analystes, qui, à Washington, s’épuisent à décoder des décisions souvent dénuées de rationalité, comme l’a noté France 24.

Spéculations sur une purge à l’OTAN

La suspension initiale des livraisons a coïncidé avec des rumeurs de purge au sein de l’OTAN, notamment à l’Agence de soutien et d’acquisition (NSPA), éclaboussée par un scandale de corruption en mai 2025. Des arrestations en Belgique et aux Pays-Bas ont révélé des pratiques de pots-de-vin, de fuites d’informations et de blanchiment d’argent au sein de l’agence, chargée des achats internationaux d’armes. Stacey Cummings, directrice de la NSPA depuis septembre 2021, est au centre des critiques. Selon le Luxembourg Times, Cummings fait l’objet d’une enquête pour manipulation des procédures internes et recrutements irréguliers, accusations qu’elle nie. Un article de Global Research ajoute que le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, aurait déposé une plainte contre elle, l’accusant d’orchestrer des accusations fallacieuses contre d’autres responsables.[](https://www.globalresearch.ca/nspa-scandals-biden-family-revealed-soon/5892421)[](https://www.luxtimes.lu/luxembourg/general-director-of-the-luxembourg-based-nato-support-and-procurement-agency-faces-allegations-of-manipulated-investigations-and-irregular-recruitments-prompting-member-states-to-launch-an-investigation/68136685.html)

Des médias comme Pravda suggèrent que Trump pourrait chercher à destituer Cummings pour « nettoyer » l’OTAN des influences perçues comme corrompues, en lien avec l’administration Biden. Ces spéculations s’appuient sur des allégations non prouvées liant Cummings à des contrats de défense ukrainiens et à la famille Biden, notamment via Hunter Biden et la société Burisma. Cependant, ces accusations, relayées par des sources comme Global Research, manquent de preuves solides à ce jour mais sont sérieusement étudiées.

Malgré ces allégations, Cummings reste en poste, et aucune action concrète de Trump contre elle n’a été confirmée. Les rumeurs de purge, alimentées par le scandale de la NSPA et les critiques de Trump envers l’OTAN, pourraient toutefois signaler une volonté de réorienter l’Alliance, en exigeant une nouvelle fois, une plus grande contribution européenne, comme l’a suggéré le politologue Patrick Baab.

Conséquences pour l’Ukraine et l’OTAN

Pour l’Ukraine, la suspension, même brève, a exacerbé les défis sur le terrain. La Russie, qui a revendiqué la prise d’une localité dans la région de Dnipropetrovsk le 7 juillet, intensifie ses frappes, avec plus de 330 missiles et 5 000 drones lancés en juin 2025. La reprise des livraisons, bien que bienvenue, reste incertaine, Trump n’ayant pas détaillé les équipements concernés. Selon le CSIS, les contrats signés sous Biden garantissent des livraisons jusqu’en août 2025, mais l’absence de nouveaux engagements laisse planer le risque d’un tarissement.

Sur le plan transatlantique, l’inconstance de Trump fragilise donc l’OTAN qui patauge déjà dans la corruption. Les Européens, qui ont dépassé les États-Unis en aide militaire à l’Ukraine (84,9 milliards d’euros contre 76,6 milliards en avril 2025, selon l’Institut Kiel), peinent à compenser le retrait américain. L’UE a proposé un plan de 800 milliards d’euros pour renforcer ses capacités de défense, mais, comme l’a noté Samir Puri du Chatham House, la complémentarité transatlantique reste essentielle. Une purge à la NSPA, si elle se concrétisait, risquerait d’aggraver les tensions avec les alliés, déjà ébranlés par l’unilatéralisme de Trump.

Une gouvernance bipolaire aux enjeux critiques

L’approche bipolaire de Trump – suspendre les armes un jour, promettre leur envoi le lendemain – reflète une gouvernance erratique qui désoriente alliés et adversaires. Ses décisions, souvent prises sans concertation défient les normes diplomatiques et compliquent la gestion d’un conflit aux enjeux mondiaux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

NOUS CONCERNANT
NOUS CONCERNANT
MultiPol 360
À l’heure où tout semble s’effondrer dans les sociétés humaines et où ceux qui prônaient un Nouvel Ordre Mondial unipolaire découvrent avec rage que la majorité des peuples du monde n’acceptent plus la dictature occidentale, notre équipe a décidé de vous présenter ce monde en mutation en analysant les faits principaux qui sont soit occultés soit manipulés par les médias aux ordres. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité française et internationale sans que vous perdiez votre temps à chercher parmi les milliers d’informations qui nous sont proposées chaque jour. Aujourd’hui, ceux qui veulent s’informer pour approcher la vérité et résister à la désinformation du Système ont un nouvel outil à leur disposition : Il s’appelle MultiPol360. Nous sommes heureux de le mettre à votre disposition. Bienvenue dans le monde multipolaire de demain !

NOS CONSEILS DE LECTURE

Vous y trouverez des conseils de lecture qui vous aideront à mieux comprendre les enjeux de la géopolitique et des interactions qui gouvernent notre monde.

SITES AMIS