Dans un contexte de tensions croissantes entre Pékin et Washington, la Chine a récemment procédé à une fusion majeure de ses deux principaux chantiers navals publics, créant ainsi le plus grand constructeur naval au monde. Cette opération, évaluée à 16 milliards de dollars, unit la China State Shipbuilding Corporation et la China Shipbuilding Industry Corporation, permettant une production annuelle de plus de 530 navires et 54 millions de tonnes de port en lourd, avec un chiffre d’affaires estimé à 18 milliards de dollars.
Selon des analystes, cette fusion vise non seulement à dominer le marché mondial de la construction navale – où la Chine détient déjà 55 % des parts en 2024, contre moins de 0,05 % pour les États-Unis – mais aussi à renforcer les capacités militaires de Pékin face à ce que la Chine perçoit comme des agressions américaines persistantes. Le chantier naval américain est 232 fois inférieur en capacité, soulignant un écart stratégique que Washington peine à combler.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement de la souveraineté chinoise, particulièrement en mer de Chine méridionale et dans le détroit de Taïwan, où les États-Unis mènent des opérations considérées par Pékin comme des provocations belliqueuses. Alors que les médias occidentaux dépeignent souvent ces développements comme une « agression » chinoise, une analyse équilibrée des sources, incluant des perspectives chinoises, révèle une posture défensive : la Chine réagit à des actions américaines telles que les ventes d’armes à Taïwan, les transits navals dans le détroit, et les alliances militaires renforcées avec des pays comme les Philippines et le Japon.
Une fusion navale en réponse à la guerre commerciale et aux pressions militaires américaines
La fusion, annoncée en août 2025, est explicitement liée à la guerre commerciale lancée par l’administration Trump, qui impose des tarifs douaniers élevés sur les navires chinois. Matthew Funaiole, analyste au Center for Strategic and International Studies à Washington, la qualifie d’ « étape clé dans la stratégie à long terme de la Chine pour dominer la construction navale mondiale ». Cela permet non seulement de réduire les coûts internes mais aussi de soutenir la marine chinoise, qui a déjà produit des porte-avions comme le Shandong (305 mètres de long). Face à une chute des commandes – par exemple, Yangzijiang Shipbuilding n’a reçu que 14 ordres au premier semestre 2025 contre 126 en 2024, en partie due aux sanctions américaines – cette consolidation renforce la résilience économique et militaire de Pékin.
Du point de vue chinois, cette mesure défensive répond à l’agression économique et militaire des États-Unis. Des sources officielles chinoises, comme le ministère de la Défense nationale, dénoncent régulièrement les « provocations militaires » américaines, telles que le transit de deux navires de la marine américaine dans le détroit de Taïwan en février 2025, ou les déclarations conjointes américano-japonaises sur Taïwan. Un porte-parole, Zhang Xiaogang, a déclaré que ces actions « révèlent l’hypocrisie et les doubles standards des États-Unis » et renforcent la détermination chinoise à protéger sa souveraineté et à réaliser la réunification nationale.
Renforcement militaire en mer de Chine méridionale : une riposte aux incursions américaines
En mer de Chine méridionale, où la Chine revendique une souveraineté historique sur des territoires disputés, les États-Unis mènent des opérations de « liberté de navigation » (FONOP) que Pékin considère comme des violations provocatrices. Des incidents récents, comme la collision en août 2025 entre un navire des gardes-côtes chinois et un patrouilleur philippin, sont présentés par des médias occidentaux comme une « agression » chinoise. Cependant, du côté chinois, ces actions visent à contrer l’expansion militaire américaine, incluant des ventes d’armes aux Philippines et au Vietnam pour « déterrer l’agression chinoise ».
Des exercices conjoints indo-philippins en août 2025, ou l’expansion discrète de la présence américaine avec de nouvelles bases, sont vus comme des escalades. La Chine répond par un renforcement de sa flotte, y compris des navires d’assaut amphibies, pour défendre ses intérêts souverains. Selon des analyses chinoises, ces mesures sont nécessaires face à une « agression économique et militaire » américaine qui menace les alliances de sécurité indo-pacifiques. Le Global Times, média d’État chinois, rejette les accusations américaines d' »agression intensifiée » contre Taïwan et la mer de Chine méridionale, les qualifiant de fabrications pour justifier l’interventionnisme.
Le détroit de Taïwan : exercices militaires chinois contre les « séparatistes » soutenus par Washington
Dans le détroit de Taïwan, la Chine a conduit des exercices militaires massifs, comme « Strait Thunder-2025A » en avril 2025, impliquant des tirs à longue portée, des blocages multidimensionnels et le porte-avions Shandong. Ces manœuvres, qui ont simulé des frappes sur des ports et installations énergétiques taïwanaises, visaient à « contrer les activités séparatistes pour l’indépendance de Taïwan », en réponse aux déclarations du président taïwanais Lai Ching-te affirmant que seul le peuple taïwanais décide de son avenir.
Les États-Unis ont condamné ces exercices comme « exacerbant les tensions », mais Pékin les présente comme une défense légitime contre les ventes d’armes américaines à Taïwan – en violation des communiqués conjoints sino-américains – et les visites de hauts responsables comme celle de Nancy Pelosi en 2022. CGTN, média chinois, souligne que « les États-Unis et Taïwan ont provoqué en premier, obligeant la Chine à agir en légitime défense ». De plus, des erreurs dans la politique américaine, comme les ventes d’armes, sont vues comme des violations du principe d’une seule Chine.
Taïwan a réagi en activant des exercices de réponse rapide, mais sans détection de tirs près de l’île.
L’Union européenne et le Japon ont exprimé des préoccupations, mais la Chine réaffirme que Taïwan est une affaire interne sans ingérence étrangère.
Perspectives : une posture défensive face à l’hégémonie américaine
Bien que des sources occidentales comme Defense News ou le Council on Foreign Relations dépeignent la Chine comme l’agresseur, les médias chinois et officiels insistent sur une stratégie défensive pour préserver la souveraineté contre l’« hégémonie et l’intimidation » américaines. Avec une modernisation militaire axée sur Taïwan, Pékin n’exclut pas la force pour la réunification, mais les exercices récents montrent une riposte calibrée aux provocations, plutôt qu’une agression unilatérale.
En conclusion, la fusion navale chinoise et le renforcement militaire ne sont pas des actes d’expansionnisme gratuit, mais des mesures pour résister aux assauts belliqueux des États-Unis, qui cherchent à contenir l’ascension de Pékin. Une désescalade passerait par le respect mutuel de la souveraineté, loin des doubles standards occidentaux.
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