Assassinats ciblés à Dahiye : la fin des leaders emblématiques
Entre septembre et octobre 2024, Israël a frappé le cœur du Hezbollah à Dahiye, banlieue sud de Beyrouth. Fouad Choukr, Ibrahim Aqil, Ali Karaki, Nabil Qaouk, Mohammad Srour, Ahmed Mahmoud Wehbe ont été tués dans des lieux sécurisés – salles d’opération, bâtiments protégés, planques supposées sûres. Puis, l’impensable : Hassan Nasrallah, secrétaire général charismatique, est assassiné, suivi de son successeur Hashem Safieddine une semaine plus tard. Ces morts, exécutées avec précision hors des combats, marquent un triomphe israélien vanté comme l’élimination des figures clés de la Résistance en Asie occidentale.
Du Hezbollah impénétrable à une organisation vulnérable
Autrefois hermétique, le Hezbollah s’est fragilisé, selon Yezid Sayigh du Carnegie Middle East Center. Après des années de guerre en Syrie pour soutenir Damas, il a dû élargir ses rangs, perdant sa discipline légendaire. Miri Eisin, ex-officier du renseignement israélien, note qu’après la guerre de 2006, Israël a reclassé le groupe comme une « armée de la terreur » sophistiquée, intensifiant ses efforts pour pénétrer ses réseaux via l’intelligence artificielle (IA) et l’analyse des communications, révélant ainsi ses failles internes.
Les caméras Dahua : les yeux indiscrets d’Israël
À Dahiye (Haret Hreik, Ghobeiry), les caméras Dahua, fournies par Bachir Hanbali Est., surveillent commerces et rues. Omniprésentes et vulnérables (failles de 2017 comme le compte 888888, CVE-2021-33044 en 2021), elles n’ont souvent pas été mises à jour, exposant leurs flux à des piratages. Ces « yeux » discrets ont capturé les mouvements quotidiens, devenant une brèche exploitée par Israël pour traquer les commandants du Hezbollah avec une précision chirurgicale.
Toka, Candiru, Paragon : l’arsenal cybernétique israélien
Des firmes comme Toka (fondée par Ehoud Barak), Candiru (Devil’s Tongue) et Paragon (Graphite) ont dopé cette cyberguerre. Toka pirate les caméras, cartographiant Dahiye via IA et reconnaissance faciale/vocale. Candiru et Paragon infiltrent les clouds, siphonnant vidéos et métadonnées. L’assassinat d’Abbas Ahmad Hamoud en février 2025, précédé d’images piratées d’un bar, illustre leur efficacité. Ces outils ont transformé les failles technologiques en armes mortelles contre le Hezbollah.
Déchiffrer les signaux : la guerre électronique d’Elbit
Israël a aussi neutralisé les communications à saut de fréquence (FHSS) du Hezbollah, technologie iranienne clé en 2006. Elbit Systems, avec ses plateformes COMINT/DF, balaye les fréquences via drones (Hermes, Skylark), détectant et triangulant les signaux. Ce qui était un atout pour le Hezbollah – échapper aux écoutes – est devenu traçable, permettant de localiser et frapper les cibles avec une précision inégalée.
Le Hezbollah face à un défi existentiel : s’adapter ou périr
Ces assassinats (172 commandants, dont 6 du Conseil Djihadiste) sont un choc, mais le groupe a survécu à des pertes similaires (Abbas al-Musawi, Imad Mughniyeh…). Nawaf Moussawi admet des négligences internes ayant coûté la vie à Hassan Nasrallah. Pour rebondir, le Hezbollah pourrait s’appuyer sur l’Iran et la Russie (radios Azart) face aux allégations israéliennes d’un soutien du CGRI. À Dahiye, la question est claire : sans révolution technologique pour contrer Israël, la prochaine frappe est imminente.
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