La Détresse des paysans français

La Détresse des paysans français

Syndicats en lutte et ascension de la Coordination Rurale

La France, berceau d’une agriculture riche et diversifiée, traverse une crise profonde qui met en péril l’existence même de ses paysans. Entre suicides en hausse, faillites massives et rachats par des géants agro-industriels, les agriculteurs vivent un drame quotidien qui interpelle la nation entière. Au cœur de cette tourmente, les syndicats paysans jouent un rôle central, avec des approches souvent divergentes. La Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), syndicat historique majoritaire, est accusée de trahison pour son alignement sur les politiques gouvernementales, tandis que la Coordination Rurale émerge comme une voix radicale et authentique, défendant farouchement les intérêts des paysans. Cette détresse alarmante, ces dynamiques syndicales, et l’importance cruciale des agriculteurs pour la souveraineté alimentaire méritent un examen approfondi, surtout face aux politiques de l’Union Européenne (UE) qui rendent l’agriculture bio quasiment impossible.

Le drame quotidien des paysans : suicides, faillites et désespoir

Les paysans français sont confrontés à une réalité impitoyable qui va bien au-delà des aléas météorologiques ou des fluctuations de marché. Selon les données de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) pour 2024-2025, le taux de suicide chez les agriculteurs reste alarmant, avec une surmortalité de 43% supérieure à la moyenne nationale, particulièrement dans l’élevage bovin. Un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) publié en avril 2024 souligne que la prévention du mal-être et du risque suicidaire en agriculture est une « préoccupation nouvelle », révélant une sensibilité accrue de la société à ce fléau. En 2025, il est a déplorer au moins six tentatives de suicide par jour chez les agriculteurs, dues à la perte de revenus, aux cadences infernales et à la souffrance animale.

Les faillites s’enchaînent : des milliers d’exploitations ferment annuellement, rachetées par des multinationales comme JBSTyson ou Cargill, qui transforment l’agriculture familiale en production industrielle à bas coût. L’association Solidarité Paysans, active depuis des années, accompagne les agriculteurs en difficulté sur les plans juridique et humain, défendant leurs intérêts face aux créanciers. Dans le Lot-et-Garonne, une messe a été organisée en septembre 2024 pour rendre hommage aux paysans suicidés, qualifiant la situation de « faillite nationale ». Des témoignages poignants, comme celui d’agriculteurs en larmes lors de manifestations à Agen en 2024, illustrent ce désespoir : « On va crever, mais on va se battre ! », criait une membre de la Coordination Rurale.

Cette détresse est amplifiée par des normes excessives et une concurrence déloyale. Les contrôles satellites sur les exploitations françaises contrastent avec les imports peu vérifiés (seulement 3-7% contrôlés, selon un rapport sénatorial). Les paysans se sentent abandonnés, écrasés par des dettes et une honte de ne pas transmettre leur ferme. Comme l’explique Véronique Le Floch, présidente de la Coordination Rurale, dans une interview sur Sud Radio : « C’est pour nous et pour le consommateur, pour l’avenir du pays ». Le philosophe Michel Onfray, compagnon de route du syndicat, dénonce une « compétence paysanne contre incompétence bureaucratique maastrichtienne ».

Les syndicats paysans : entre cogestion et révolte

Les syndicats paysans sont les porte-voix de cette détresse, mais leurs stratégies divergent. La FNSEA, avec ses 212 000 adhérents, domine historiquement, mais elle est très critiquée pour sa « cogestion » avec le gouvernement, finissant toujours par se ranger du côté des autorités après des promesses la plupart du temps non tenues. Lors des mobilisations de 2024-2025, la FNSEA a levé les blocages prématurément, laissant un « sentiment de trahison » chez les agriculteurs. Des publications sur X, comme celle de N. Dupont-Aignan en juin 2025, accusent la FNSEA de trahison face au Mercosur, exhortant les paysans à s’unir sans elle.

Au centre des critiques : Arnaud Rousseau, président de la FNSEA depuis 2023 et dirigeant du groupe Avril, un colosse agroalimentaire avec 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Accusé d’être un « businessman en habit de paysan », Rousseau est déconnecté des réalités : il exploite 700 hectares mais tire ses revenus principaux d’Avril, investissant au Brésil tout en dénonçant Mercosur. Hugo Clément sur Facebook en juin 2025 l’a qualifié de tromperie envers les adhérents. Même vestimentairement, en costume cravate, il n’incarne plus le paysan authentique. Des articles comme celui de L’Humanité le dépeignent comme un « grand patron » spoliant la valeur ajoutée des agriculteurs.

Face à cela, la Confédération Paysanne, orientée vers l’agriculture alternative, gagne du terrain avec 20,49% des voix aux élections 2025, mais c’est la Coordination Rurale qui émerge comme force contestataire.

Focus sur la coordination rurale : percée et représentativité

Fondée en 1991 contre la réforme de la PAC, la Coordination Rurale se positionne comme un syndicat « 100% agriculteurs », indépendant des agro-industriels. Surnommés « bonnets jaunes » pour leurs actions militantes, ils défendent des prix rémunérateurs plutôt que des subventions, et luttent contre les normes excessives et les accords de libre-échange.

Les élections aux chambres d’agriculture de janvier 2025 marquent une percée historique : la Coordination Rurale obtient 29,85% des suffrages nationaux, contre 21,5% en 2019, devenant le deuxième syndicat. Elle conquiert 14 chambres départementales (contre 3 en 2019), notamment dans le Sud-Ouest (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne), des zones intermédiaires touchées par la colère persistante. L’alliance FNSEA-JA recule à 46,70% (sous les 50%), perdant la majorité absolue. En Bretagne, la Coordination atteint 33,27%.

Patrick Legras, porte-parole, souligne sur Sud Radio que avec seulement 40 animateurs contre 1000 pour la FNSEA, cette victoire force l’écoute : « On a 32% de représentativité, ce qui en fait le premier syndicat individuel ». La Coordination change la gestion des chambres : « Ce sera le terrain qui dicte, pas l’État« . Ils se mobilisent ainsi activement contre Mercosur : « Entendez-vous la détresse de nos campagnes ? ».

L’importance des paysans : souveraineté alimentaire en péril

Les paysans restent indispensables à la France, particulièrement dans un monde marqué par des tensions douanières – comme les droits de douane américains sur les vins français ou les subventions chinoises sur leurs marchés agricoles. Les paysans garantissent la souveraineté alimentaire, ce droit fondamental à une alimentation saine, culturellement adaptée et produite localement. Sans eux, le pays sombrerait dans une dépendance accrue aux importations vulnérables, exposées aux aléas géopolitiques, telles que le poulet ukrainien ou la viande argentine via des accords comme le Mercosur. Sur 100 € dépensés par les consommateurs en alimentation, seulement 6,50 € reviennent en valeur ajoutée aux agriculteurs français, tandis que les importations représentent environ 30 € (dont la moitié concerne des produits que la France ne produit pas de toute manière, comme certains fruits tropicaux ou matières premières exotiques). Le reste, soit plus de 60 €, est absorbé par la transformation industrielle, la distribution (grande surfaces et commerces), les transports et une part de taxes comme la TVA.
Dans ce contexte de guerres commerciales, où des pays comme l’Inde et la Chine protègent farouchement leurs marchés avec des barrières douanières élevées, les paysans français maintiennent une qualité et une traçabilité essentielles pour la santé publique et l’économie rurale. Perdre cette base productive reviendrait à risquer des crises alimentaires lors de perturbations globales – guerres, pandémies ou crises climatiques. Comme l’avertit Véronique Le Floch : « Dépendance dit offre réduite et explosion des prix ». Cette vulnérabilité souligne l’urgence de protéger les agriculteurs, non seulement pour nourrir la nation, mais aussi pour préserver son indépendance stratégique dans un monde de plus en plus instable.

Vers une renaissance par la lutte ?

La détresse des paysans français exige un sursaut collectif immédiat. Avec sa percée historique aux élections des chambres d’agriculture de 2025, où elle a obtenu 29,85 % des suffrages nationaux et conquis 14 départements contre seulement trois en 2019, la Coordination Rurale s’impose comme une alternative crédible à la trahison perçue de la FNSEA, souvent accusée de se ranger du côté du gouvernement au détriment des agriculteurs de terrain.

Rejeter les chaînes imposées par l’Union européenne, comme la Politique Agricole Commune et le Green Deal – dont les ambitions environnementales ont été critiquées pour ignorer les réalités des exploitants et favoriser une dérégulation au profit des importations –, s’impose comme un impératif vital pour instaurer une agriculture souveraine en France.

Cela nécessite une renégociation radicale des traités pour promouvoir un protectionnisme ciblé, des prix rémunérateurs et des circuits courts, libérés des diktats de Bruxelles qui privilégient les multinationales agro-industrielles. Sans cette rupture, la France continuera de sacrifier son autonomie alimentaire, exposée aux vulnérabilités géopolitiques et à une dépendance croissante aux importations.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

NOUS CONCERNANT
NOUS CONCERNANT
MultiPol 360
À l’heure où tout semble s’effondrer dans les sociétés humaines et où ceux qui prônaient un Nouvel Ordre Mondial unipolaire découvrent avec rage que la majorité des peuples du monde n’acceptent plus la dictature occidentale, notre équipe a décidé de vous présenter ce monde en mutation en analysant les faits principaux qui sont soit occultés soit manipulés par les médias aux ordres. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité française et internationale sans que vous perdiez votre temps à chercher parmi les milliers d’informations qui nous sont proposées chaque jour. Aujourd’hui, ceux qui veulent s’informer pour approcher la vérité et résister à la désinformation du Système ont un nouvel outil à leur disposition : Il s’appelle MultiPol360. Nous sommes heureux de le mettre à votre disposition. Bienvenue dans le monde multipolaire de demain !

NOS CONSEILS DE LECTURE

Vous y trouverez des conseils de lecture qui vous aideront à mieux comprendre les enjeux de la géopolitique et des interactions qui gouvernent notre monde.

SITES AMIS