Dans un contexte où l’Union européenne pousse à une transition vers une société sans espèces, le gouvernement français semble prêt à emboîter le pas, suscitant des inquiétudes quant à la perte d’une liberté publique fondamentale. L’argent liquide, en tant que mode de paiement échappant presque entièrement au contrôle étatique, représente un rempart contre une surveillance omniprésente. Cependant, cette liberté pourrait bientôt disparaître, au profit d’un système numérique où chaque transaction serait tracée, analysée et potentiellement restreinte.
L’euro numérique : un pas vers le contrôle total
L’un des piliers de cette transformation est l’introduction de l’euro numérique, une initiative de la Banque centrale européenne (BCE) visant à créer une monnaie digitale publique. Contrairement à l’argent déposé sur un compte bancaire, qui est une créance sur une institution privée, l’euro numérique serait une dette directe de la BCE. Cela signifie que les citoyens auraient théoriquement un meilleur contrôle sur leur argent, mais au prix d’une transparence absolue. Chaque transaction serait enregistrée, rendant impossible toute forme d’anonymat financier.
Cependant, ce n’est pas la seule conséquence. L’euro numérique s’inscrit dans une logique plus large de contrôle, où des mécanismes comme le scoring pourraient être introduits. Le scoring, déjà utilisé dans certains pays comme la Chine, permettrait de surveiller et de limiter les dépenses des citoyens en fonction de leur comportement financier ou social. Par exemple, si un individu dépasse un certain seuil de dépenses jugé suspect ou non conforme à des critères prédéfinis, ses achats pourraient être bloqués. Cette perspective soulève des questions cruciales sur la liberté individuelle et le droit à la vie privée.
La MNBC : un outil de surveillance accrue
En parallèle, la Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC) représente une autre facette de cette évolution. La MNBC, bien que présentée comme une solution moderne et sécurisée, pourrait être utilisée pour renforcer le contrôle étatique sur les citoyens. En effet, avec une MNBC, les gouvernements et les institutions financières auraient la capacité de monitorer en temps réel chaque dépense, rendant impossible toute transaction hors des radars officiels. Ce système, combiné au scoring, pourrait transformer les habitudes de consommation en un outil de gouvernance, où les choix individuels sont dictés par des algorithmes plutôt que par des libertés personnelles.
La disparition de l’argent liquide : une perte de liberté
L’argent liquide, bien que souvent perçu comme archaïque, est l’un des derniers bastions de liberté financière. Il permet des transactions anonymes, échappant au regard des institutions et des entreprises de technologie. Avec sa disparition, non seulement les citoyens perdraient cette anonymité, mais ils s’exposeraient également à un risque accru de censure financière. Imaginez un scénario où, en raison d’une opinion politique ou d’un comportement jugé non conforme, un individu se voit privé de la possibilité d’effectuer des achats essentiels. Ce n’est pas une hypothèse abstraite, mais une réalité potentielle dans un monde où l’argent liquide n’existe plus (ce fut le cas pour les convois de la Liberté au Canada).
La collaboration zélée des banques françaises
Un aspect souvent négligé de cette transition vers une société sans espèces est la collaboration active des banques françaises, qui font preuve d’un zèle particulier lorsqu’il s’agit des comptes des particuliers. Ces institutions exigent désormais que les citoyens justifient leurs retraits d’argent liquide, sous peine de se voir refuser l’accès à leurs propres fonds. Cette pratique, qui n’est pas appliquée avec la même rigueur aux comptes des grandes entreprises ou des personnes riches, illustre un double standard alarmant. Alors que les banques ferment les yeux, voire participent, à des malversations ou à du blanchiment d’argent – souvent qualifié d’ »optimisation fiscale » – lorsqu’il s’agit de clients fortunés, elles imposent un contrôle strict sur les citoyens ordinaires. Ce comportement soulève des questions sur la partialité et la transparence des institutions financières, qui privilégient visiblement les intérêts des élites au détriment des libertés individuelles.
L’initiative suisse : un modèle à suivre
Face à ces enjeux, la Suisse a pris une mesure remarquable, grace à la mobilisation des citoyens, en « garantissant l’approvisionnement en numéraire » dans leur Constitution. Comme le rapporte Le Temps dans un article publié le 28 janvier 2024, le Parlement suisse a soutenu l’inscription de l’argent liquide dans la Constitution, garantissant ainsi son existence pour toujours. Cette décision, motivée par des préoccupations similaires concernant la perte de liberté et la surveillance, offre un contre-exemple puissant à la tendance européenne. En Suisse, les citoyens peuvent continuer à utiliser des billets et des pièces sans craindre qu’un jour ces moyens de paiement soient abolis au profit d’un système numérique totalement contrôlé.
L’argument principal en faveur de cette constitutionnalisation est que l’argent liquide reste un droit fondamental, permettant aux individus de gérer leurs finances sans ingérence étatique excessive. Cette initiative suisse pourrait servir de modèle pour d’autres pays, y compris la France, qui hésitent encore à embrasser pleinement une société sans espèces.
La pression de l’Union européenne pour supprimer l’argent liquide en France, couplée à l’introduction de l’euro numérique et de la MNBC, représente une menace significative pour les libertés publiques. L’anonymat financier, déjà fragile, pourrait disparaître, laissant place à un système où chaque transaction est surveillée et potentiellement restreinte. De plus, la collaboration zélée des banques françaises, qui exigent des justifications pour les retraits d’argent liquide tout en fermant les yeux sur les malversations des élites, illustre un double standard inquiétant. Face à cette perspective, l’initiative suisse de constitutionnaliser l’argent liquide apparaît comme une sage décision, protégeant les citoyens contre une perte irréversible de liberté. Il est temps pour la France de réfléchir sérieusement aux implications de cette transition et de considérer des mesures similaires pour préserver un droit fondamental.
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