La France face à son déclin industriel : un pays sans usines, une défense sans moyens

La France face à son déclin industriel : un pays sans usines, une défense sans moyens

La France, autrefois fer de lance de l’industrie européenne, semble aujourd’hui s’enfoncer dans une crise profonde, marquée par une désindustrialisation galopante et une incapacité chronique à répondre aux défis stratégiques contemporains. Jadis symbole d’innovation et de puissance, le pays des grandes révolutions technologiques et militaires peine désormais à maintenir une base industrielle digne de ses ambitions. Les signaux d’alarme se multiplient, provenant de sources variées, tandis que l’État, englué dans une dette colossale et une bureaucratie paralysante, semble incapable de redresser la barre.

Une industrie en perdition

Le constat est sans appel : la France a perdu une grande partie de son tissu industriel. Selon un rapport de l’Institut Montaigne publié en 2024, la part de l’industrie dans le PIB français est passée de 16 % en 2000 à moins de 10 % aujourd’hui, un effondrement bien plus marqué que chez ses voisins allemands ou italiens. Les fermetures d’usines se succèdent, et des fleurons comme Renault ou Stellantis délocalisent une part croissante de leur production.
Un cas emblématique de cette débâcle est la vente controversée de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric (GE) en 2014, un dossier dans lequel Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, a joué un rôle central. En tant que ministre, Macron a formellement autorisé cette transaction de 12,3 milliards d’euros, présentée comme une « alliance industrielle », mais critiquée comme un abandon de souveraineté, notamment parce qu’elle a transféré à GE la maintenance des turbines des 58 réacteurs nucléaires français. Cette décision, entérinée malgré les objections de son prédécesseur Arnaud Montebourg, fait l’objet d’une information judiciaire ouverte en 2022, qui examine le rôle des agents publics, dont Macron, dans cette vente. Les soupçons, portés notamment par le député Olivier Marleix et l’association Anticor, évoquent un possible « pacte de corruption », pointant des liens entre les acteurs de la transaction et le financement de la campagne présidentielle de Macron en 2017. Bien que le volet « pots-de-vin » de l’affaire ait reçu un non-lieu en octobre 2024, l’enquête sur le rôle de Macron se poursuit, alimentant les critiques sur sa gestion des intérêts industriels nationaux. Cette cession, qui a fragilisé un secteur stratégique, illustre une désindustrialisation amorcée dès les années 1980 et accélérée par les politiques de mondialisation. Les entreprises ferment, les savoir-faire s’exportent, et les emplois industriels s’évanouissent, laissant des régions entières sinistrées.
 

Le secteur de la défense, pilier stratégique, n’échappe pas à cette débâcle. Un article du Figaro daté de juin 2025 souligne que la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) française est « à bout de souffle ». Les cadences de production des équipements militaires, des munitions aux blindés, ne suivent pas les besoins croissants, notamment dans le contexte du réarmement global impulsé par les tensions géopolitiques et les exigences de l’OTAN. Les industriels, tels que Nexter ou MBDA, alertent sur l’absence d’investissements structurés et sur les retards de paiement de l’État, qui fragilisent leurs capacités de production. « Nous sommes dans une situation où la France doit importer des composants critiques, parfois de pays tiers, pour équiper son armée », déplore un cadre de Thales dans une interview à La Tribune.

Une souveraineté en péril

Cette faiblesse industrielle a des répercussions directes sur la souveraineté nationale. La France, qui se targue d’une tradition d’indépendance stratégique héritée du gaullisme, se trouve aujourd’hui dépendante de fournisseurs étrangers pour des éléments essentiels à sa défense. Selon une analyse du Centre d’études stratégiques de l’IRSEM (2024), la pénurie de munitions et la lenteur des livraisons affectent gravement les capacités opérationnelles de l’armée française. L’exemple le plus frappant est celui des obus de 155 mm, dont la production française peine à répondre à la demande, obligeant le pays à se tourner vers des partenaires comme la Corée du Sud ou les États-Unis.

À cela s’ajoute une crise énergétique qui aggrave la situation. La fermeture de centrales nucléaires dans les années 2010, combinée à une transition énergétique mal maîtrisée, a fait exploser les coûts de l’électricité. En 2025, les prix de l’énergie en France restent parmi les plus élevés d’Europe, selon Eurostat, décourageant les investisseurs et asphyxiant les rares usines encore en activité. « Pourquoi installer une usine en France quand la Pologne ou l’Espagne offrent des coûts énergétiques et des démarches administratives bien plus compétitifs ? », s’interrogent les industriels.

Une dette écrasante et un État impuissant

Le tableau est assombri par une situation budgétaire catastrophique. La dette publique française a dépassé les 3.400 milliards d’euros en 2025, soit plus de 120 % du PIB, selon les chiffres de l’INSEE. Les intérêts de cette dette, estimés à 70 milliards d’euros annuels, absorbent une part croissante du budget de l’État, au détriment des investissements stratégiques. Le ministère des Armées, déjà confronté à une dette de 8 milliards d’euros envers ses fournisseurs, peine à honorer ses engagements. La Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui prévoyait 413 milliards d’euros pour moderniser les forces armées, est largement compromise : près d’un quart des fonds sert à éponger des arriérés, selon un rapport du Sénat publié en mars 2025.

Cette situation financière désastreuse limite la capacité de l’État à impulser un véritable sursaut industriel. Les annonces de réindustrialisation, portées par des plans comme France 2030, se heurtent à une réalité implacable : les fonds promis sont souvent redirigés vers des dépenses courantes ou des mesures d’urgence. Pire, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, aggravée par un système éducatif en crise et une fuite des talents vers l’étranger, paralyse les ambitions de reconstruction industrielle. Un rapport de la Confédération des PME (CPME) de 2025 estime que 150 000 emplois industriels restent non pourvus, faute de candidats formés.

Une perte de compétitivité face à l’Europe

La France, qui se rêvait en locomotive de l’Europe, se fait désormais distancer par ses voisins. L’Italie, malgré ses propres défis, attire davantage d’investisseurs grâce à une fiscalité plus favorable et une politique industrielle plus cohérente. L’Espagne, sortie exsangue de la crise de 2008, connaît un regain industriel, notamment dans l’automobile et les énergies renouvelables. Même des pays comme la République tchèque ou la Hongrie se révèlent plus dynamiques, grâce à des coûts salariaux compétitifs et une administration simplifiée. Pendant ce temps, la France s’enlise dans une bureaucratie pesante et une instabilité réglementaire qui découragent les entrepreneurs.

Vers une prise de conscience tardive ?

Face à ce constat alarmant, quelques voix s’élèvent pour appeler à un sursaut. De plus en plus de voix plaident pour une réforme profonde du modèle économique français, basée sur une baisse massive des charges, une simplification administrative et un retour à une planification industrielle ambitieuse. Certains responsables politiques, à l’image de ceux auditionnés par la commission des finances de l’Assemblée nationale en 2025, insistent sur la nécessité de réinvestir dans l’énergie nucléaire et de relocaliser les industries stratégiques.

Mais le temps presse. Chaque année, des milliers d’emplois industriels disparaissent, et la dépendance envers l’étranger s’accroît. La France, qui ambitionnait de redevenir une grande puissance industrielle, risque de n’être plus qu’un musée de son passé glorieux, un pays où les usines sont remplacées par des entrepôts logistiques et où la souveraineté n’est qu’un souvenir. Sans une rupture radicale avec des décennies d’inaction, le déclin risque de devenir irréversible.

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