La guerre du nucléaire : l’alliance germano-américaine contre l’atome français

La guerre du nucléaire : l'alliance germano-américaine contre l'atome français

La guerre du nucléaire : l’alliance germano-américaine contre l’atome français

En 2022, alors que l’Europe fait face à une crise énergétique exacerbée par la guerre russe en Ukraine, Emmanuel Macron annonce un virage stratégique majeur : la relance ambitieuse du nucléaire civil français avec la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs EPR2. Ce plan, présenté comme un pilier de la souveraineté énergétique française, n’est pas accueilli avec enthousiasme par tous. Au contraire, il semble avoir déclenché une offensive discrète mais coordonnée de la part de Washington et Berlin, visant à affaiblir la filière nucléaire tricolore. Cette alliance de fait, révélée par une enquête d’Off Investigation, met en lumière des enjeux de diplomatie, d’industrie et de géopolitique, où la France se retrouve prise en étau entre dépendance russe et emprise américaine.

Cette série d’enquêtes en trois parties expose comment des pressions politiques, médiatiques et économiques ont été exercées pour saper les partenariats français, notamment avec le géant russe Rosatom, et favoriser les intérêts américains en Europe de l’Est. Alors que la France cherche à proposer une « troisième voie » nucléaire indépendante, les manoeuvres germano-américaines risquent de verrouiller le marché européen pour une décennie, au détriment de la souveraineté énergétique du continent.

Greenpeace en première ligne : les accusations sur l’uranium russe

Tout commence par une campagne virulente de Greenpeace contre la dépendance du nucléaire français à l’uranium russe. Dès mars 2022, l’ONG écologiste dénonce les liens entre EDF, Orano et Rosatom, accusant la France de financer indirectement la guerre en Ukraine via ses importations de combustible nucléaire. Greenpeace met en avant que la Russie détient l’unique usine mondiale capable de reconditionner l’uranium usé des réacteurs français, située à Seversk en Sibérie, et que 45 % de l’uranium enrichi utilisé en France provient de zones sous influence russe comme le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.

Peu après ces allégations, Jennifer Morgan, alors directrice exécutive mondiale de Greenpeace International, est nommée secrétaire d’État à l’action climatique internationale au ministère allemand des Affaires étrangères, sous la direction de la ministre verte Annalena Baerbock. Cette transition, survenue en février 2022, coïncide avec une intensification des pressions. Le Congrès américain et le Département d’État saisissent ces arguments pour exiger des sanctions contre le nucléaire russe, ciblant implicitement les partenariats franco-russes. Greenpeace France envoie même une mise en demeure formelle à EDF et Orano pour rompre leurs liens avec la Russie, invoquant le devoir de vigilance. Ces actions soulèvent des questions sur une possible coordination entre ONG écologistes, Berlin – engagé dans sa sortie du nucléaire (Energiewende) – et Washington, soucieux de promouvoir ses propres technologies.

Pressions à Bruxelles et Washington : sanctions ciblées sur Framatome et Rosatom

Framatome, filiale d’EDF et unique filière nucléaire complète en Europe, devient la cible principale. Ses partenariats avec Rosatom, incluant des accords de coopération à long terme signés en décembre 2021 et renouvelés malgré les sanctions, sont dénoncés comme une faille dans l’effort occidental contre Moscou. Les États-Unis, via des initiatives au Congrès, poussent pour des sanctions élargies sur Rosatom, qui échappent largement aux restrictions malgré son rôle dans l’armement russe.

À Bruxelles, l’Allemagne soutient ces efforts, profitant de son influence au sein de l’UE pour promouvoir une fin des importations d’uranium russe. Pourtant, des rapports soulignent que Rosatom continue d’étendre son influence globale, signant plus de 70 accords depuis l’invasion, y compris avec des entreprises occidentales comme Framatome. Cette double norme – sanctions sélectives qui épargnent les intérêts américains tout en affaiblissant les français – illustre l’enjeu : priver la France de licences russes pour l’empêcher de concurrencer les États-Unis en Europe de l’Est, où de nombreux réacteurs sont de conception soviétique.

La bataille de Lingen : une usine française menacée en Allemagne

Au coeur de cette offensive, l’usine Framatome de Lingen, en Basse-Saxe, fait face à des pressions politiques et médiatiques intenses. Cette installation, qui produit des assemblages combustibles pour réacteurs, est visée par des militants anti-nucléaires et des autorités locales depuis des années. En 2023, alors que l’Allemagne ferme ses derniers réacteurs, des manifestations et occupations appellent à la fermeture de Lingen, accusée de prolonger la dépendance au nucléaire via ses liens avec Rosatom.

Framatome tente de diversifier en convertissant ses lignes pour réduire la dépendance russe, invitant même des experts de Rosatom en 2024 pour préparer cette transition. Mais ces efforts sont controversés, alimentant les critiques d’une alliance franco-russe qui contourne la sortie allemande du nucléaire. Berlin, engagé dans son Energiewende, voit d’un mauvais oeil cette présence française sur son sol, renforçant l’idée d’une pression coordonnée pour affaiblir la filière tricolore.

Westinghouse avance en Pologne : contrats sans appel d’offres et conflits d’intérêts

Parallèlement, l’entreprise américaine Westinghouse remporte des contrats juteux en Pologne sans appel d’offres formel, pour construire des réacteurs AP1000. Ce succès est soutenu par des figures influentes, dont Jared Kushner, gendre de Donald Trump, impliqué dans des réseaux financiers liés à Westinghouse via des consortiums et investissements. Des enquêtes révèlent des conflits d’intérêts potentiels, notamment dans des deals saoudiens où Westinghouse bénéficie de liens familiaux avec la Maison Blanche sous Trump.

Cette avancée américaine en Europe de l’Est vise à remplacer les technologies russes, mais au prix d’une marginalisation de Framatome, qui propose des alternatives pour les réacteurs VVER russes. L’enjeu est clair : verrouiller le marché pour dix ans, privant la France d’une position de leader indépendant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

NOUS CONCERNANT
NOUS CONCERNANT
MultiPol 360
À l’heure où tout semble s’effondrer dans les sociétés humaines et où ceux qui prônaient un Nouvel Ordre Mondial unipolaire découvrent avec rage que la majorité des peuples du monde n’acceptent plus la dictature occidentale, notre équipe a décidé de vous présenter ce monde en mutation en analysant les faits principaux qui sont soit occultés soit manipulés par les médias aux ordres. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité française et internationale sans que vous perdiez votre temps à chercher parmi les milliers d’informations qui nous sont proposées chaque jour. Aujourd’hui, ceux qui veulent s’informer pour approcher la vérité et résister à la désinformation du Système ont un nouvel outil à leur disposition : Il s’appelle MultiPol360. Nous sommes heureux de le mettre à votre disposition. Bienvenue dans le monde multipolaire de demain !

NOS CONSEILS DE LECTURE

Vous y trouverez des conseils de lecture qui vous aideront à mieux comprendre les enjeux de la géopolitique et des interactions qui gouvernent notre monde.

SITES AMIS