La menace quantique : vers la fin des cryptomonnaies ?

La menace quantique : vers la fin des cryptomonnaies ?

En mai 2025, BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde avec 11,6 trillions de dollars sous gestion, a jeté un pavé dans la mare. Dans une mise à jour de son ETF iShares Bitcoin Trust (IBIT), la firme a officiellement averti que l’informatique quantique pourrait compromettre la sécurité de Bitcoin en cassant ses fondations cryptographiques : SHA-256 et ECDSA. Cette alerte, loin d’être une spéculation de crypto-enthousiastes, marque un tournant. Elle pose une question cruciale : les cryptomonnaies, piliers de la finance décentralisée, peuvent-elles survivre à l’ère quantique ?

Une menace bien réelle : SHA-256 et ECDSA en danger

Bitcoin repose sur deux algorithmes cryptographiques. SHA-256, utilisé pour le minage et l’intégrité des blocs, est un rempart contre la falsification. ECDSA (Elliptic Curve Digital Signature Algorithm) sécurise les portefeuilles en garantissant que seul le détenteur de la clé privée peut signer une transaction. Ces systèmes, robustes face aux ordinateurs classiques, sont vulnérables aux ordinateurs quantiques. L’algorithme de Shor pourrait casser ECDSA en dérivant une clé privée à partir d’une clé publique, tandis que l’algorithme de Grover pourrait réduire la complexité de SHA-256, rendant le minage ou les attaques plus accessibles.

Actuellement, les ordinateurs quantiques, comme celui d’IBM avec 65 qubits en 2020 ou les 1 225 qubits d’Atom Computing en 2022, sont loin des 1 500 à 300 millions de qubits nécessaires pour briser ECDSA ou SHA-256. Mais les progrès s’accélèrent. Google a annoncé en décembre 2024 son processeur Willow, capable de résoudre en minutes des calculs qui prendraient 10^25 ans à un superordinateur classique (Cela représente une durée extrêmement longue, bien au-delà de l’âge de l’univers estimé à environ 13,8 milliards d’années, soit 1,38 × 10^10 ans). Des estimations récentes, relayées par Google Quantum AI, suggèrent qu’un million de qubits pourraient suffire pour casser RSA-2048 en une semaine, bouleversant les prévisions. Sur X, des posts alarmistes évoquent une menace sur Bitcoin dès 2032, voire plus tôt.

Les vulnérabilités du Bitcoin

BlackRock souligne que 25 % des bitcoins (environ 4 millions de BTC) sont stockés dans des adresses vulnérables, ayant déjà révélé leur clé publique. Ces portefeuilles, souvent anciens (comme ceux attribués à Satoshi Nakamoto, estimés à 1 million de BTC), pourraient être pillés si un ordinateur quantique devenait opérationnel. Les transactions en attente de confirmation (10 minutes en moyenne pour Bitcoin) offrent une fenêtre d’attaque : un quantum malveillant pourrait dériver la clé privée avant que la transaction ne soit validée.

Le problème ne se limite pas à Bitcoin. Tout système reposant sur ECDSA ou RSA (Ethereum, réseaux bancaires, VPN) serait menacé. Si un « Q-Day » – le jour où un quantum casse ces algorithmes – survenait, l’impact dépasserait largement la crypto, touchant l’infrastructure numérique mondiale. Mais pour Bitcoin, un actif décentralisé sans autorité centrale pour imposer des mises à jour rapides, la transition vers une sécurité post-quantique est un défi titanesque.

Une transition post-quantique : lente et conflictuelle

La communauté Bitcoin n’ignore pas la menace. Des solutions existent, comme les signatures post-quantiques (SPHINCS+, Lamport) ou des algorithmes basés sur les réseaux en treillis (lattice-based cryptography). Le NIST a publié en 2024 ses premiers standards post-quantiques, incitant les industries à migrer. Des propositions d’amélioration (BIPs) pour Bitcoin envisagent des soft forks ou hard forks pour intégrer ces algorithmes, mais leur mise en œuvre est complexe :

Taille des signatures : Les signatures post-quantiques, comme Lamport, sont 40 à 170 fois plus grandes qu’ECDSA, augmentant les coûts et les temps de transaction.

Consensus : Un fork nécessite un accord communautaire, souvent source de conflits (par exemple, SegWit en 2017). Une transition précipitée pourrait fracturer le réseau.

Anciens portefeuilles : Les 25 % de BTC vulnérables nécessiteraient un transfert vers des adresses sécurisées, un processus lent et risqué si les clés publiques sont exposées.

Des projets comme Naoris proposent des solutions pour sécuriser les blockchains sans hard fork, mais leur adoption reste marginale. D’autres cryptomonnaies, conçues avec des algorithmes post-quantiques (par exemple, IOTA), pourraient devancer Bitcoin.

Scénarios prospectifs : extinction ou adaptation ?

Scénario 1 : Disparition des cryptomonnaies

Si un ordinateur quantique casse ECDSA avant une migration post-quantique, les portefeuilles vulnérables pourraient être vidés, provoquant une panique sur les marchés. Une chute du cours du Bitcoin (déjà volatil, avec 25 milliards USD de volume le 27 mai 2025) pourrait miner la confiance des investisseurs. Sans consensus rapide pour un fork, Bitcoin pourrait perdre sa crédibilité, ouvrant la voie à des alternatives centralisées ou post-quantiques. Les cryptomonnaies moins adaptables (par exemple, celles sans communauté active) risquent l’obsolescence.

Scénario 2 : Adaptation résiliente

Bitcoin a surmonté des crises (Mt. Gox, guerres des blocs). Une transition vers des algorithmes comme SPHINCS+, testés sur des testnets (Cointribune, 2025), pourrait sécuriser le réseau. La décentralisation de Bitcoin, bien que lente à évoluer, garantit une résilience à long terme. Les investisseurs institutionnels, comme BlackRock (64 milliards USD dans IBIT), pourraient pousser pour des mises à jour, renforçant la légitimité de Bitcoin. Des blockchains plus rapides (Solana, 400 ms de finalité) pourraient inspirer des améliorations.

Enjeux pour les investisseurs et la communauté

L’alerte de BlackRock n’est pas une condamnation, mais un appel à l’action. Les investisseurs doivent :

Éviter la réutilisation d’adresses : Les portefeuilles à usage unique limitent l’exposition des clés publiques.

Surveiller les BIPs : Les propositions post-quantiques seront cruciales (Royal Society Open Science, 2018).

Diversifier : Explorer des cryptomonnaies post-quantiques peut réduire les risques.

La communauté crypto doit accélérer la recherche, comme le souligne Paolo Ardoino (Tether), qui relativise la menace mais insiste sur la préparation. Sur X, l’urgence est palpable : des posts évoquent une menace dans « 3 ans, voire 3 mois ».

Une course contre la montre

L’informatique quantique ne signera pas nécessairement la fin des cryptomonnaies, mais elle impose une révolution cryptographique. Bitcoin, avec ses 16 ans d’existence, a prouvé sa résilience, mais le défi quantique teste ses limites. BlackRock, en sonnant l’alarme, rappelle que l’inaction n’est pas une option. La question n’est pas si Bitcoin survivra, mais qui sera prêt quand le « Q-Day » arrivera. Préparez-vous, car le compte à rebours a déjà commencé.

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1). Définition : Un soft fork est une mise à jour du protocole d’une blockchain qui est rétrocompatible. Cela signifie que les nœuds (ordinateurs participant au réseau) qui adoptent la nouvelle version du protocole peuvent toujours interagir avec ceux qui utilisent l’ancienne version. Les nouvelles règles sont plus strictes, mais elles ne violent pas les anciennes.

2). Définition : Un hard fork est une mise à jour du protocole qui n’est pas rétrocompatible. Les nouvelles règles modifient fondamentalement le fonctionnement de la blockchain, et les nœuds qui ne se mettent pas à jour ne peuvent plus valider les blocs ou transactions conformes aux nouvelles règles. Cela peut entraîner une division de la blockchain en deux chaînes distinctes si une partie du réseau refuse la mise à jour.

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