Le clash spectaculaire entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky le 28 février 2025 à la Maison Blanche marque un tournant dans les relations entre les États-Unis et l’Ukraine, avec des répercussions potentielles majeures pour l’avenir de ce dernier pays. À partir des informations disponibles et en analysant les dynamiques en jeu, voici quelques perspectives possibles pour l’Ukraine dans les mois et années à venir.
Réduction du soutien américain et pression pour un cessez-le-feu
Trump a clairement exprimé son intention de pousser pour une résolution rapide du conflit, quitte à retirer le soutien américain si l’Ukraine ne s’aligne pas sur ses exigences. Lors de la rencontre, il a menacé de « laisser tomber » l’Ukraine si Zelensky ne concluait pas un accord avec la Russie, soulignant une approche pragmatique privilégiant la paix immédiate sur des garanties à long terme. Cette position pourrait forcer l’Ukraine à accepter un cessez-le-feu défavorable, impliquant potentiellement des concessions territoriales (comme la reconnaissance de facto des gains russes dans l’Est et le Sud). Sans l’aide militaire et financière massive des États-Unis, qui a été cruciale depuis 2022, Kyiv aurait du mal à maintenir sa résistance face à une Russie qui continue de progresser lentement mais sûrement dans le Donbass et dans l’oblast de Koursk.
Pivot vers l’Europe comme principal soutien
Face à la défection potentielle des États-Unis, l’Ukraine pourrait se tourner davantage vers l’Europe. Après le clash, plusieurs leaders européens, comme Emmanuel Macron, Donald Tusk et Keir Starmer, ont réaffirmé leur solidarité avec Zelensky, signalant une volonté de combler le vide laissé par Washington. Cependant, l’Europe manque actuellement des capacités militaires et logistiques pour remplacer pleinement le rôle américain. L’idée d’une force de « maintien de la paix » européenne de 200 000 hommes, évoquée par Zelensky, semble irréaliste à court terme faute de ressources et de consensus politique (notamment avec des pays comme la Hongrie ou la Slovaquie opposés à une implication accrue). À moyen terme, l’Europe pourrait toutefois renforcer l’armée ukrainienne avec des armes modernes et un entraînement, visant à créer une dissuasion face à la Russie plutôt qu’à espérer ’une victoire décisive.
Négociations sous pression et incertitude sécuritaire
Le fiasco de la rencontre a torpillé l’accord sur les minerais, qui devait lier l’exploitation des ressources ukrainiennes à des garanties de sécurité. Zelensky insistait sur des assurances fermes contre une future agression russe, mais Trump a rejeté l’idée de garanties militaires directes, suggérant que l’Europe prenne le relais. Cela place l’Ukraine dans une position vulnérable : accepter un cessez-le-feu sans garanties solides risque de donner à la Russie le temps de se réarmer pour une nouvelle offensive ultérieure. Les négociations pourraient donc aboutir à une « paix froide » instable, avec des lignes de front gelées mais aucune résolution durable.
Instabilité interne et défis politiques pour Zelensky
Le désaccord a aussi des implications domestiques. Zelensky, déjà sous pression après trois ans de guerre, pourrait voir sa stature affaiblie si les Ukrainiens perçoivent qu’il a « perdu » le soutien américain. Des figures comme Valery Zaluzhnyi, ancien chef d’état-major de l’armée ukrainienne, pourraient gagner du terrain dans un contexte électoral futur, surtout si la guerre stagne ou si des concessions impopulaires sont faites. La population, épuisée par le conflit, pourrait soutenir un accord de paix, même au prix d’une capitulation humiliante, maintenant Zelensky dans une position délicate entre résistance et compromis.
Scénario extrême : abandon et isolement
Dans le pire des cas, si Trump met sa menace à exécution et que l’Europe ne parvient pas à compenser, ce qui est plus que probable, l’Ukraine risque de se retrouver isolée face à une Russie enhardie. Les avancées russes récentes (Toretsk, Koursk, Pokrovsk) suggèrent que Moscou n’a pas intérêt à geler le conflit tant qu’elle gagne du terrain. Sans soutien occidental significatif, l’Ukraine pourrait perdre davantage de territoires, voire son existence comme État souverain menacée à brève échéance.
L’avenir de l’Ukraine dépendra largement de sa capacité à surmonter cette crise diplomatique. À court terme, la pression américaine pour un cessez-le-feu semble inévitable, mais les termes de cet accord seront cruciaux. L’Europe peut espérer offrir une bouée de sauvetage, mais ses limites pourraient laisser l’Ukraine dans une posture défensive plutôt qu’offensive. Zelensky devra équilibrer les attentes de son peuple, les réalités militaires et les jeux géopolitiques, tout en évitant de céder à ce que lui-même appelle des « compromis avec un tueur ». Le scandale diplomatique d’hier a révélé une fracture profonde, mais il pourrait aussi pousser l’Ukraine et ses alliés européens à repenser leur stratégie pour un futur incertain sans l’Amérique comme pilier dominant. L’Ukraine, même avec un nouveau dirigeant, a-t-elle encore un avenir ?
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