L’absentéisme au parlement : un coût exorbitant pour le contribuable

L’absentéisme au parlement : un coût exorbitant pour le contribuable

Dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale, où l’on débat gravement des destins de la nation, un scandale aussi banal qu’agaçant a refait surface ces derniers jours : l’absentéisme chronique de certains députés. Des échanges houleux ont stigmatisé ces « fantômes » du Palais Bourbon, qui désertent les séances pour des motifs aussi flous que des « engagements locaux » ou des « raisons personnelles » .

Ces tensions internes au Parlement ne sont pas nouvelles – elles illustrent une fracture profonde, entre une classe politique déconnectée et une opinion publique lassée de payer pour des chaises vides.

Mais au-delà de l’anecdote, cet épisode révèle un mal plus structurel : un système représentatif hypertrophié, où l’absence de sanctions réelles contraste avec la rigueur impitoyable du secteur privé, et dont le coût faramineux pèse sur les épaules des Français.

Absentéisme : impuni au palais, fatal en entreprise

Imaginez un salarié d’une entreprise privée qui s’absente régulièrement des réunions cruciales, laissant ses collègues ramer seuls sur des projets stratégiques. Résultat ? Un avertissement, puis un licenciement pour faute grave. C’est la règle élémentaire de la responsabilité : le travail mérite salaire, et l’inaction appelle des conséquences. Pourtant, à l’Assemblée, ces principes fondamentaux semblent s’évaporer comme un brouillard matinal sur la Seine. Les débats du 21 novembre ont mis en lumière des députés qui cumulent les absences – parfois plus de 30 % des séances – sans que cela n’entraîne la moindre sanction tangible. Pas de réduction d’indemnités, pas de rappel à l’ordre contraignant, à peine un haussement de sourcil médiatique.

Ce laxisme n’est pas anodin : il sape la légitimité même du Parlement. Alors que les Français galèrent avec un SMIC net de 1.400 euros par mois et une inflation qui grignote les fins de mois, un député absent perçoit tout de même 7.637 euros bruts mensuels en 2025 – soit environ 5.950 euros nets après cotisations. Ajoutez à cela une avance de frais de mandat de 6.353 euros mensuels pour couvrir voyages et collaborateurs, et vous obtenez un « package » total dépassant les 14.000 euros par mois, indépendamment de la présence effective. Dans une entreprise, un tel détachement de la réalité du travail mènerait droit au conseil de prud’hommes. Au Parlement, il est toléré, voire banalisé, sous prétexte de « mandat multiple« . Résultat ? Une défiance croissante : selon un sondage récent d’IFOP, 68 % des Français estiment que les élus « ne font pas leur boulot » . Ce n’est pas seulement une question d’éthique ; c’est un gaspillage pur et simple des deniers publics.

Trop de représentants pour trop peu d’efficacité : la France, championne bicamérale de l’hypertrophie

Pire que l’absentéisme, c’est le nombre même de ces « représentants » qui pose question. La France compte 577 députés et 348 sénateurs, soit un total de 925 parlementaires – un record absolu en Europe pour un pays de 68 millions d’habitants.

À titre de comparaison, l’Allemagne, plus peuplée avec 84 millions d’habitants, se contente de 709 députés au Bundestag (sans chambre haute équivalente au Sénat). Le Royaume-Uni, avec une population similaire à la nôtre, en a 650 à la Chambre des Communes (plus 800 lords non élus, mais sans pouvoir législatif fort). L’Italie, souvent moquée pour sa bureaucratie, culmine à 945, mais avec une représentativité par habitant bien plus faible (un élu pour 60.000 habitants contre un pour 73.000 en France).

Ces chiffres ne sont pas anodins : ils traduisent une surreprésentation française qui frise le ridicule. Un parlementaire hexagone représente en moyenne 73.000 citoyens, un ratio honorable en surface, mais qui masque une inefficacité flagrante. Pourquoi tant d’élus pour si peu de résultats concrets ? Parce que notre système bicaméral, hérité de la IIIe République, multiplie les strates inutiles. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : ajoutez le « millefeuille territorial » – régions (13 en métropole, plus outre-mer), départements (101), intercommunalités (2.000 environ), communes (35.000) – et vous obtenez un empilement kafkaïen où les compétences se chevauchent comme des dominos mal rangés. Des maires qui gèrent l’urbanisme, des présidents de région qui font de même, des préfets qui arbitrent… Résultat : des doublons partout, et une confusion pour le citoyen lambda qui ne sait plus à quel saint se vouer pour réparer une route ou financer une école.

Le prix fort : un budget qui explose les compteurs

Passons aux chiffres, car c’est là que le bât blesse vraiment. Le budget de l’Assemblée nationale pour 2025 s’élève à 643,1 millions d’euros, couvrant salaires, collaborateurs (2.130 pour 577 députés), frais de fonctionnement et investissements. Côté Sénat, on atteint 354 millions d’euros pour les dépenses courantes, plus des investissements qui portent le total à environ 370 millions. 

Au total, les deux chambres coûtent plus de 1 milliard d’euros par an aux contribuables – soit environ 15 euros par Français et par an.

Mais creusons : les indemnités seules représentent 111 millions d’euros annuels pour l’ensemble des parlementaires, sans compter les retraites généreuses (jusqu’à 4.350 euros mensuels pour les anciens).

Et le millefeuille ? Un rapport gouvernemental de 2024, actualisé pour 2025, évalue son coût à 7,5 milliards d’euros par an – principalement dû aux chevauchements de compétences. Les communes absorbent 4,8 milliards, les intercos 696 millions, les départements 355 millions, et les régions 117 millions. Ajoutez les salaires des élus locaux (1,2 milliard d’euros pour les indemnités de base en 2011, probablement plus aujourd’hui avec l’inflation), et vous atteignez un gisement d’inefficacité de près de 10 milliards d’euros annuels.

C’est l’équivalent du budget de la défense divisé par deux, ou de 100.000 SMIC mensuels gaspillés en pure perte. Pour un pays endetté à 110 % du PIB, c’est intenable.

Vers une refondation radicale ?

L’absentéisme n’est que le symptôme visible d’un corps maladif : un Parlement surdimensionné, un territoire stratifié, et un coût qui étouffe l’économie. Emmanuel Macron promettait en 2017 une réduction de 30 % des parlementaires ; sept ans plus tard, rien n’a bougé. Il est temps d’imposer des sanctions réelles – comme une retenue automatique sur indemnités pour absences injustifiées – et de tailler dans le vif : fusionner départements et régions, limiter les intercos, et ramener le nombre de députés à 400. Sans cela, le 21 novembre 2025 ne sera qu’un énième épisode d’une comédie française où les acteurs s’absentent, mais la facture, elle, reste entière.

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