L’augmentation du prix du timbre : un pas vers la disparition du courrier papier ?

L’augmentation du prix du timbre en France : un pas vers la disparition du courrier papier ?

En France, le prix du timbre-poste continue son ascension inexorable, reflétant les défis structurels auxquels fait face La Poste.

Dès le 1er janvier 2025, les tarifs postaux ont augmenté en moyenne de 6,8 %, avec le timbre vert – utilisé pour les envois quotidiens – passant à 1,39 euro. Et ce n’est pas fini : pour 2026, une nouvelle hausse de 7,4 % en moyenne est annoncée, portant le timbre vert à 1,52 euro, soit une augmentation de 9,35 %.

Ces ajustements tarifaires, validés par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), visent à compenser la chute drastique des volumes de courrier papier, qui ont diminué de plus de 50 % en une décennie en raison de la digitalisation des échanges. Mais derrière ces chiffres se cache une stratégie plus profonde de La Poste, qui semble préparer le terrain pour une réduction, voire une suppression progressive, de la distribution traditionnelle du courrier.

Les raisons de l’augmentation : Une distribution jugée trop onéreuse

La Poste justifie ces hausses par la nécessité de maintenir son équilibre financier face à un modèle économique obsolète. Les coûts fixes – salaires des facteurs, maintenance des centres de tri, véhicules de distribution – pèsent lourdement sur un service universel postal en perte de vitesse. En 2024, le déficit du service postal s’est creusé à 1,3 milliard d’euros, obligeant l’État à verser au moins 500 millions d’euros annuellement en compensation. Cette situation pousse La Poste à rationaliser ses opérations. Des expérimentations lancées dès 2023 dans 68 zones rurales et semi-urbaines ont testé la suppression des tournées quotidiennes des facteurs, avec une réorganisation vers des passages moins fréquents. Plus récemment, en février 2025, la Cour des comptes a recommandé explicitement la fin des distributions quotidiennes « six jours sur sept », proposant un passage à trois à cinq tournées hebdomadaires pour des économies budgétaires.

Critiques et observateurs, comme le mensuel Que Choisir, n’hésitent pas à alerter : « On voudrait tuer le courrier qu’on ne s’y prendrait pas autrement. » Arnaud de Blauwe, rédacteur en chef du magazine, dénonce une stratégie où La Poste « traîne le courrier comme un boulet », avec des hausses annuelles extrêmes pour compenser la baisse du trafic. En effet, la direction semble miser sur une accélération de la transition numérique, privilégiant les services en ligne et les colis (dont les tarifs augmentent aussi, mais moins fortement). Des fermetures d’agences postales en zones rurales accentuent cette tendance, rendant le courrier papier de plus en plus marginal et coûteux. À terme, ces mesures pourraient mener à une suppression partielle ou totale de la distribution physique, jugée trop onéreuse dans un monde où les emails et les messageries instantanées dominent.

Le virage vers le courrier électronique : Une alternative problématique

Face à cette érosion du courrier papier, le remplacement par des échanges électroniques semble inévitable. La Poste elle-même encourage cette transition, avec des services comme l’e-lettre rouge ou des plateformes numériques pour les envois administratifs. Sur le plan écologique, cela pourrait réduire l’empreinte carbone liée à la production et à la distribution du papier, y compris la facture pétrolière des véhicules postaux. De plus, les data centers nécessaires pour les emails sont globalement moins énergivores que le système actuel. Économiquement, cela soulagerait les finances publiques en diminuant les subventions à La Poste.

Cependant, ce basculement pose de graves questions sur la liberté de correspondance, un droit fondamental protégé par la loi française. Le secret de la correspondance est consacré par l’article 226-15 du Code pénal, qui punit d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende « le fait, commis de mauvaise foi, d’intercepter, de détourner, d’utiliser ou de divulguer des correspondances émises, transmises ou reçues par la voie électronique. » Ce statut légal assimile les courriels à une correspondance privée, au même titre que les lettres papier, et interdit toute ouverture ou suppression frauduleuse. Malgré cette protection, la réalité est bien différente : les emails transitent par des fournisseurs d’accès internet (FAI) privés, comme Orange, Free ou des géants étrangers tels que Google et Microsoft, qui exercent un contrôle discrétionnaire et opaque.

Ces FAI opèrent une censure autoritaire et cachée via des filtres anti-spam ou des algorithmes de non-délivrance. Des messages légitimes, notamment ceux envoyés en masse par des associations loi 1901, partis politiques ou communautés d’idées, finissent souvent dans les dossiers « pourriels » ou ne sont tout simplement pas distribués. Cela entrave la diffusion d’informations démocratiques, favorisant les intérêts des FAI ou de leurs financeurs. Des exemples récents, comme la fermeture de comptes sur les réseaux sociaux pour motifs politiques (à l’image de Donald Trump), s’étendent aux emails, où la censure ne dit pas son nom. Sur le plan démocratique, cela pénalise les acteurs civiques qui ne peuvent plus informer leurs adhérents sereinement.

La situation s’aggrave particulièrement pour les envois en masse, ou « emailing ». Alors qu’un échange entre deux individus ou un petit groupe passe généralement sans encombre, l’envoi d’un même courriel à des dizaines, centaines ou milliers de destinataires – pratique courante pour les associations ou partis politiques – est souvent bloqué par les FAI. Ces fournisseurs considèrent les envois groupés comme potentiellement du spam, afin de protéger leurs utilisateurs contre les abus. Pour contourner ces blocages, il est nécessaire de recourir à des entreprises spécialisées dans la distribution d’emailings, souvent étrangères, comme Mailchimp (américain), Mailjet (français mais racheté par un groupe suédois), Brevo ou Sarbacane (français). Ces plateformes gèrent les aspects techniques pour améliorer la délivrabilité, mais elles introduisent de nouveaux risques. De plus, dans le cas de l’emailing, l’utilisation de ces sociétés est dorénavant obligatoire car les courriels délivrés doivent répondre aux exigences de la loi RGPD qui commande, entre autres, un lien de désinscription obligatoire dans chaque courriel reçu par le destinataire.

Et ça, les FAI classiques français ou étrangers (Yahoo, Gmail, Outlook, etc.) ne le prennent pas en compte et même refusent un même envoi à plus de X destinataires (varie selon l’entreprise, par exemple 500 par jour pour Gmail, 300 par jour pour Outlook gratuit). De plus, ces services impliquent des coûts qui peuvent s’avérer inaccessibles pour une petite association, bien qu’obligatoires en raison du RGPD. Ce coût varie de 13 $ à 27 $ par mois, pour atteindre 69 € par mois selon les options désirées. Les envois en masse et le respect complet des exigences RGPD nécessitent donc des abonnements payants, rendant cette transition particulièrement onéreuse pour les structures modestes.

Ces entreprises, fréquemment alignées sur des intérêts « mainstream » ou soumis à des pressions politiques, refusent parfois des clients pour des motifs idéologiques, invoquant des sempiternelles violations des « règles de la communauté » – une excuse popularisée par des plateformes comme Facebook ou X. Leur politique d’utilisation se fait donc à la tête du client et les suspensions ne sont pas rares, y compris politiques. Pire, même acceptés, les envois peuvent être altérés par des algorithmes qui réduisent artificiellement le taux de délivrabilité, en les dirigeant vers les spams ou en les bloquant purement et simplement.

À titre de comparaison, le taux de délivrabilité des courriels – c’est-à-dire la proportion atteignant la boîte de réception principale – varie grandement. Pour les envois standards (entre quelques expéditeurs/destinataires), il avoisine les 87-95 % selon les plateformes, mais pour les campagnes en masse (plus d’un million d’emails par mois), il peut chuter à seulement 27 % pour les gros expéditeurs, contre plus de 50 % pour les petits volumes. En revanche, le courrier papier, quant à lui, bénéficie d’un taux de livraison proche de 100 %, bien que sujet à des retards occasionnels… Cette disparité met en évidence l’inégalité entre les deux modes : le papier assure une arrivée fiable, tandis que l’électronique est soumis à des filtres arbitraires.

De surcroît, les courriels sont vulnérables aux interceptions par des hackers, des cybercriminels ou même des États via des programmes de surveillance (DSA -pour Digital Services Act- , VIGINUM, etc…).. En France, bien que le secret de la correspondance soit protégé, des lois comme celle sur le renseignement autorisent des écoutes ciblées sous contrôle judiciaire, mais les risques d’abus persistent, surtout avec des FAI extraterritoriaux soumis à des juridictions étrangères ou des FAI nationaux très heureux de collaborer de manière très zélée avec le gouvernement. Contrairement au facteur qui n’ouvre pas votre courrier et ne choisit pas s’il vous le distribue ou pas, les emails peuvent être scannés, modifiés ou bloqués sans transparence.

Vers une solution : sanctuariser le courrier électronique

Pour pallier ces travers une proposition de loi inspirante émerge :

sacraliser une adresse électronique par personne, la rendre aussi inviolable qu’une boîte aux lettres physique que nous conserverions toute notre vie et impénétrable aux SPAMS.

Cela impliquerait de confier cette mission à La Poste – ironiquement responsable de certaines dérives actuelles – ou aux FAI, avec une obligation légale d’inviolabilité sous peine de fortes sanctions pénales. Les Français, y compris les SDF (qui pourraient consulter leurs courriels dans des espaces d’accueil publics), disposeraient d’un espace virtuel sécurisé pour recevoir des informations personnelles ou administratives. La CNIL pourrait alors superviser ce système, garantissant le strict respect du secret de la correspondance.

Cette approche équilibrerait les bénéfices du numérique – démocratiques, économiques et écologiques – tout en protégeant les libertés fondamentales. Sans une telle réforme, l’augmentation du prix du timbre ne fera qu’accélérer la mort du courrier papier, au profit d’un système électronique inégal et potentiellement liberticide. Il est temps que les pouvoirs publics agissent pour que la transition digitale ne rime pas avec censure.

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