Le monde est en train de basculer, et ce basculement porte un nom : BRICS+. L’acronyme BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine – apparaît pour la première fois en 2001 dans un rapport de l’économiste britannique Jim O’Neill, chez Goldman Sachs, intitulé Building Better Global Economic BRICs. Ce ‘S’ final, marque du pluriel, ne désigne pas encore l’Afrique du Sud, mais reflète une projection visionnaire : ces quatre pays, déjà puissants grâce à leurs vastes marchés intérieurs, sont promis à une croissance rapide qui bouleversera l’économie mondiale. Ce qui n’était qu’une étiquette inventée par un économiste pour orienter les investisseurs s’est transformé, par un effet performatif, en une réalité politique et économique tangible, concrétisée en 2006 par la première réunion des BRIC, devenue BRICS en 2011 avec l’entrée de l’Afrique du Sud. »
Mais c’est en 2024 que l’histoire s’accélère avec l’élargissement à l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, formant les BRICS+. Cet élargissement marque un tournant géopolitique et économique majeur, redessinant les contours d’un ordre mondial multipolaire.
Une genèse ancrée dans la quête d’autonomie
L’idée des BRICS est née d’une observation simple : les économies émergentes, portées par une croissance rapide et des ressources abondantes, allaient bouleverser la hiérarchie mondiale dominée par l’Occident. Dès 2006, la Russie pousse pour transformer cet acronyme en un véritable groupe de coopération, avec un premier sommet officiel à Iekaterinbourg en 2009. L’objectif ? Créer une plateforme où ces nations pourraient coordonner leurs politiques et peser sur les institutions internationales, souvent perçues comme des instruments de l’hégémonie occidentale.
Avec l’ajout de l’Afrique du Sud, les BRICS se dotent d’une voix africaine, renforçant leur légitimité comme porte-parole du « Sud global ». En 2014, la création de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) et du Fonds de Réserve des BRICS illustre leur volonté d’indépendance financière, loin des conditionnalités du FMI ou de la Banque mondiale. L’élargissement de 2024, décidé lors du sommet de Johannesburg en 2023, amplifie cette ambition : les BRICS+ ne sont plus seulement un club d’économies prometteuses, mais une coalition géopolitique représentant près de la moitié de la population mondiale et plus d’un tiers du PIB global en parité de pouvoir d’achat.
Un changement de paradigme monumental
L’émergence des BRICS+ incarne un changement de paradigme sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pendant des décennies, l’Occident, avec les États-Unis en tête, a imposé un ordre unipolaire, dictant les règles du commerce, de la finance et de la diplomatie. Mais cet ordre vacille. Les pays émergents, lassés d’être marginalisés dans les institutions comme le Conseil de sécurité de l’ONU ou le FMI (où leur poids économique n’est pas proportionnel à leurs droits de vote), se tournent vers les BRICS+ pour faire entendre leur voix.
Ce regroupement n’est pas seulement économique : il est idéologique. Les BRICS+ prônent un monde multipolaire, où la souveraineté nationale prime et où les relations internationales reposent sur le respect mutuel plutôt que sur l’imposition de normes occidentales. La perte de confiance envers l’Occident, accentuée par des crises comme la guerre en Ukraine, les sanctions économiques perçues comme arbitraires, ou encore l’endettement imposé par les institutions financières occidentales, a poussé ces nations à s’unir sous une bannière commune. Cette bannière leur offre une alternative crédible pour négocier d’égal à égal avec les puissances traditionnelles.
Une force démographique et économique colossale
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les BRICS+ regroupent environ 3,5 milliards de personnes, soit près de 46 % de la population mondiale, contre moins de 10 % pour le G7. En termes de PIB, ils représentent 35,6 % du total mondial en parité de pouvoir d’achat (contre 31,6 % pour les BRICS avant l’élargissement), dépassant déjà le G7. Mais leur véritable puissance réside dans leurs ressources : ils contrôlent plus de 43 % de la production mondiale de pétrole, des gisements stratégiques de minerais rares, et des routes commerciales clés comme le détroit d’Ormuz ou le canal de Suez.
La Chine, avec 52 % du PIB des BRICS+, joue un rôle moteur, mais l’Inde, avec sa démographie dynamique, la Russie, avec ses ressources énergétiques, et les nouveaux membres comme l’Arabie saoudite ou l’Iran, renforcent l’influence du groupe. Cette concentration de population et de ressources donne aux BRICS+ un levier colossal pour façonner l’économie mondiale, des marchés énergétiques aux chaînes d’approvisionnement.
L’Occident en crise, l’Europe à la traîne
Pendant ce temps, l’Occident s’enlise. Les États-Unis, embourbés dans des conflits internes et une dette galopante, peinent à maintenir leur hégémonie. L’Europe, quant à elle, est dramatiquement à la ramasse. L’Union européenne, engluée dans des divisions internes et une dépendance énergétique chronique, ne représente qu’une fraction déclinante du PIB mondial (environ 17 %). Sa voix géopolitique est affaiblie par son alignement systématique sur Washington, au détriment de ses propres intérêts.
La France, en particulier, est à un carrefour. En s’accrochant à un modèle occidental en perte de vitesse, elle risque de se marginaliser. Les pays émergents, qui autrefois voyaient en l’Europe un partenaire privilégié, se tournent désormais vers les BRICS+ pour des partenariats plus équitables. Si la France ne parvient pas à comprendre cette nouvelle dynamique et à s’y adapter, elle court le risque de devenir économiquement et diplomatiquement insignifiante.
Les avantages d’une intégration française aux BRICS+
Et si la France envisageait une coopération renforcée, voire une intégration, avec les BRICS+ ? Les bénéfices seraient nombreux :
- Accès aux marchés en croissance : Les BRICS+ regroupent des économies à fort potentiel, comme l’Inde ou l’Éthiopie, où la demande pour les biens et services français (aéronautique, agroalimentaire, technologies) est en pleine expansion. Intégrer ce réseau permettrait aux entreprises françaises de diversifier leurs débouchés, loin des marchés saturés de l’UE.
- Influence géopolitique renforcée : En rejoignant les BRICS+, la France pourrait jouer un rôle de pont entre l’Occident et le Sud global, retrouvant ainsi une stature internationale érodée par des décennies d’alignement atlantiste. Elle pourrait défendre ses intérêts (comme la francophonie en Afrique) tout en participant à la gouvernance d’un monde multipolaire.
- Sécurité énergétique et alimentaire : Avec des membres comme l’Arabie saoudite, l’Iran ou la Russie, les BRICS+ offrent un accès privilégié à l’énergie. La France, confrontée à des crises énergétiques récurrentes, y gagnerait en stabilité. De plus, le Brésil et l’Inde, géants agricoles, pourraient sécuriser les approvisionnements alimentaires face aux incertitudes climatiques.
- Indépendance financière : Les BRICS+ promeuvent des alternatives au dollar, comme des monnaies communes ou des systèmes de paiement indépendants (BRICS Pay). En s’associant à ces initiatives, la France pourrait réduire sa vulnérabilité aux sanctions financières extraterritoriales américaines et diversifier ses réserves.
- Innovation et coopération technologique : La Chine et l’Inde sont des leaders dans l’IA, les énergies renouvelables et les biotechnologies. Une collaboration étroite permettrait à la France de rester compétitive dans ces secteurs stratégiques, tout en attirant des investissements massifs.
Conclusion : un choix crucial pour la France
Les BRICS+ ne sont pas une simple alliance économique ; ils sont l’incarnation d’un nouvel ordre mondial où le Sud global revendique sa place. Face à cet élan, l’Europe, et la France en particulier, ne peuvent se permettre de rester spectateurs. L’Occident, miné par ses contradictions internes, perd chaque jour un peu plus la confiance des nations émergentes. Pour la France, comprendre et travailler avec les BRICS+ n’est pas une option, mais une nécessité vitale.
Intégrer ou coopérer étroitement avec les BRICS+ offrirait à la France une chance de redevenir un acteur majeur, capable de naviguer dans un monde multipolaire. À défaut, elle risque de s’enfermer dans une Europe déclinante, incapable de peser face à la montée en puissance du Sud. Le choix est clair : s’adapter ou disparaître.
Certaines voix se sont élevées pour évoquer l’entrée de la France et de la Francophonie au sein de l’Union des BRICS, notamment, Pierre de Gaulle (Petit-fils du Géneral de Gaulle) lors du Sommet de l’Union des Cultures à Saint-Pétersbourg le 17 novembre 2023 dernier.
Je suis de l’avis de PIERRE DE GAULLE La colonisation par le dollar fût subtilement menée, s’y ajoutant la loi
D’EXTRATERRITORIALITE, complétant la main mise sur les nations utilisant cette monnaie. Et la fin de l’abonnement à l’or ; leur a permis de fluctuer le dollar comme ils le souhaitais