Dans une interview exclusive, Victor Gao, vice-président du Center for China and Globalization et professeur à l’Université de Soochow (CCG), livre une analyse percutante des relations sino-américaines sous l’administration Trump. Gao, expert reconnu en relations internationales, met en garde contre les risques d’escalade militaire et commerciale, tout en soulignant l’engagement de la Chine pour la paix et le développement mondial. Basée sur cette conversation approfondie, cet article explore les thèmes clés, en soulignant la vision de Gao d’une Chine pacifique face à une Amérique perçue comme belliqueuse.
Introduction : contexte des relations sino-américaines à l’ère Trump
Victor Gao, interrogé depuis Pékin, débute par un état des lieux des tensions actuelles. Il évoque les projets américains de défense antimissile, qualifiés de « dôme d’or » par l’hôte, et les réactions chinoises fermes. Gao insiste sur le choix historique que l’humanité affronte : paix ou guerre. Il critique la militarisation de l’espace extra-atmosphérique, arguant que cela pourrait mener à des conséquences imprévisibles. « L’humanité a déjà connu trop de guerres sur terre ; militariser l’espace est très dangereux », déclare-t-il. Gao présente la Chine comme une nation défensive, prête à riposter si sa souveraineté est menacée, mais non agressive.
La Chine : une force positive pour la paix mondiale
Gao contraste la diplomatie chinoise avec celle des États-Unis. Selon lui, la Chine se soucie d’avoir des amis dans le monde, tandis que les États-Unis semblent obsédés par la création d’ennemis. « Parmi les 140 pays qui considèrent la Chine comme leur principal partenaire commercial, aucun n’a été menacé », affirme-t-il. Il met en avant la promotion du libre-échange et du développement mutuel, sans imposer d’exclusivité. Gao rappelle que la Chine n’a participé à aucune guerre depuis la fin de la Guerre froide, contrairement aux États-Unis impliqués dans de multiples conflits (Afghanistan, Irak, Syrie). La philosophie chinoise, ancrée dans 5.000 ans d’histoire, voit la guerre comme un dernier recours, avec un engagement clair contre l’usage premier d’armes nucléaires.
Analyse du conflit Inde-Pakistan : le rôle des armes chinoises
Abordant le conflit récent entre l’Inde et le Pakistan, Gao condamne l’escalade initiée par l’Inde suite à une attaque terroriste. Il loue la coopération sino-pakistanaise, qualifiant le Pakistan de « frère et sœur » de la Chine. Les armes chinoises, comme le JF-17 (appelé « Shaong » dans la vidéo) et le J-10CE, ont prouvé leur supériorité lors des affrontements aériens, intégrant des systèmes holistiques fusionnant air, terre, mer et espace. Gao critique la dépendance indienne à des fournisseurs multiples (France, Russie, États-Unis), source de vulnérabilités (interopérabilité). Il appelle à un traité sur l’eau de l’Indus, impliquant Chine, Inde et Pakistan, pour éviter des « crimes contre l’humanité » comme le détournement de rivières par les pays situés en amont.
La guerre commerciale : une erreur stratégique des États-Unis
Gao dénonce la guerre tarifaire lancée par Trump comme une « catastrophe » imprévisible, menaçant le libre-échange mondial.
Il argue que les États-Unis, en imposant des droits de douane massifs, se tirent une balle dans le pied : « Les consommateurs américains paieront ces taxes, pas la Chine ».
La riposte chinoise est ferme – « Si vous giflez la Chine, la Chine vous rendra la gifle » – mais Gao souligne que la Chine défend le libre-échange pour le bien de tous. Il prédit que cette politique accélérera l’autosuffisance chinoise, comme dans les puces semi-conductrices, où la Chine importait autrefois 400 milliards de dollars annuels. « Bientôt, la Chine exportera des puces au monde entier, faisant baisser les prix », prévient-il.
La guerre technologique : Huawei et l’autosuffisance chinoise
S’attardant sur les restrictions américaines contre Huawei et les puces, Gao accuse Washington d’abus de pouvoir : « Qui vous donne le droit d’interdire au monde d’utiliser des produits Huawei ?« . Il voit cela comme une surextension impériale, contraire à la démocratie et au libre-échange. Ces mesures, selon lui, ont poussé la Chine à innover, comme avec sa station spatiale ou le système Beidou (GPS), surpassant les équivalents occidentaux. Gao prédit un boomerang : les États-Unis perdront des marchés, tandis que la Chine deviendra leader en véhicules électriques et IA, rendant l’industrie américaine obsolète si elle s’isole.
L’inévitabilité de la paix sino-américaine
Rejetant la « théorie du piège de Thucydide » appliquée aux puissances nucléaires, Gao affirme que la guerre entre Chine et États-Unis mènerait à l’Armageddon : « Il n’y aura pas de vainqueur ». Il critique les exercices militaires américains (comme Balikatan avec les Philippines) et les discours belliqueux de figures comme Pete Hegseth. Washington, hanté par deux « cauchemars » – être dépassé économiquement et idéologiquement –, doit accepter l’ascension chinoise inévitable. Gao appelle à la coexistence : « Ton Dieu pour toi, mon Dieu pour moi ». La Chine, dit-il, ne cherche pas l’hégémonie, comme l’affirmait Deng Xiaoping en 1964.
Vers un monde multipolaire : le rôle de la chine
Gao défend un ordre international multipolaire, tel que conçu en 1945 aux Nations Unies, contre l’unipolarité américaine. La Chine traite tous les pays sur un pied d’égalité, construisant infrastructures (chemins de fer au Laos, ports au Pérou) pour un développement partagé. Il réfute l’idée de « sphères d’influence » chinoises, voyant le monde comme une totalité interconnectée. Face aux crises (Ukraine, Gaza), la Chine promeut la paix et le libre-échange, bénéficiant à 140 partenaires commerciaux sans coercition.
L’avenir : défis de l’IA et espoir de coopération
En conclusion, Gao exprime son plus grand cauchemar : une IA militarisée menant à la subordination de l’humanité. Il appelle à une coopération sino-américaine en IA, regrettant le refus des États-Unis de signer des accords internationaux. Optimiste, il croit en l’inévitabilité de la paix, invitant au dialogue pour résoudre les crises. « La Chine excellera et deviendra l’un des pays les plus influents, comme au cours des 5.000 dernières années », conclut-il, soulignant un monde joyeux si Chine et États-Unis coopèrent. Cet avertissement de Gao résonne comme un appel urgent à la raison dans un monde au bord du précipice.
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