Le European Media Freedom Act : encore un nouvel outil de contrôle ?

Le European Media Freedom Act : encore un nouvel outil de contrôle ?

Le 8 août 2025, le Règlement (UE) 2024/1083, plus connu sous le nom de European Media Freedom Act (EMFA), est pleinement entré en vigueur dans tous les États membres de l’Union européenne. Présenté comme un rempart pour la liberté de la presse et l’indépendance des médias, ce texte législatif vise à établir un cadre commun pour les services médiatiques au sein du marché intérieur. Cependant, des voix critiques, comme celles relayées par le site Disclose.tv, soulignent des dispositions potentiellement répressives, telles que la possibilité d’arrêter des journalistes si cela est justifié par un « intérêt public prépondérant ». Cet article explore les tenants et aboutissants de l’EMFA, en s’appuyant sur des sources officielles, des analyses critiques et des débats en ligne, pour évaluer si cette loi renforce réellement la démocratie ou si elle ouvre la porte à des abus.

Qu’est-ce que l’European Media Freedom Act ?

L’EMFA, adopté le 11 avril 2024 par le Parlement européen et le Conseil, a pour objectif principal de protéger le pluralisme et l’indépendance des médias dans l’UE. Selon le texte officiel publié sur EUR-Lex, il établit des règles communes pour le bon fonctionnement du marché intérieur des services médiatiques, tout en créant un Conseil européen des services médiatiques chargé de superviser l’application de ces normes. Parmi ses mesures phares :

Protection de l’indépendance éditoriale : Les États membres doivent respecter la liberté éditoriale des fournisseurs de services médiatiques et s’abstenir d’interférer dans leurs décisions.

Transparence de la propriété : Obligation de créer des listes nationales des propriétaires de médias et de leurs adresses, pour lutter contre les concentrations excessives (Article 6). Par exemple, en France, une cartographie publiée par Le Monde diplomatique illustre cette problématique : la quasi-totalité de la presse française appartient à une poignée de milliardaires, tels que Bernard Arnault (Les Echos, Le Parisien), Vincent Bolloré (Canal+, CNews, Europe 1, Le Journal du dimanche), Patrick Drahi (Libération, BFM TV, RMC), Serge Dassault (Le Figaro), François Pinault (Le Point) ou encore Xavier Niel (Le Monde), qui partagent souvent des objectifs favorisant le globalisme et le néolibéralisme.

Ainsi, neuf milliardaires contrôlent plus de 80 % des médias en France, soulignant une concentration qui pourrait miner le pluralisme malgré les nouvelles obligations de transparence.

Lutte contre la désinformation : Promotion de la coopération entre autorités nationales pour contrer les fausses informations, avec un accent sur la régulation des plateformes en ligne.

Financement des médias publics : Des processus transparents pour les nominations et un financement durable.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a salué cette loi comme un moyen d’améliorer la protection d’une presse libre et indépendante, affirmant : « Une presse libre et indépendante est un pilier essentiel de notre démocratie. » Le règlement s’applique directement dans tous les pays de l’UE, sans besoin de transposition nationale pour la plupart de ses dispositions.

Les dispositions clés sur la protection des journalistes : l’Article 4 en détail

L’un des aspects les plus controversés de l’EMFA est l’Article 4, qui traite des droits des fournisseurs de services médiatiques, y compris la protection des sources journalistiques et des communications confidentielles. Le texte interdit aux États membres de :

  • Obliger les médias ou leur personnel à divulguer des informations sur leurs sources (point 3a).
  • Détenir, sanctionner, intercepter ou surveiller les journalistes ou leurs locaux pour obtenir ces informations (point 3b).
  • Déployer des logiciels de surveillance intrusive sur leurs appareils (point 3c).

Cependant, des dérogations sont prévues. Par exemple, au paragraphe 4, une mesure dérogatoire peut être prise si elle est prévue par le droit de l’UE ou national, conforme à la Charte des droits fondamentaux, justifiée par un « motif impérieux d’intérêt public » sur une base cas par cas, proportionnée, et autorisée préalablement par une autorité judiciaire ou indépendante (ou ultérieurement en cas d’urgence justifiée). Pour les logiciels de surveillance intrusive, cela est limité aux enquêtes sur des crimes graves, comme ceux punis d’au moins trois ans de prison (par exemple, terrorisme, trafic d’êtres humains, racisme ou xénophobie), et seulement si d’autres mesures sont insuffisantes.

Ces exceptions ont suscité des inquiétudes. Des critiques, comme ceux publiés sur Apollo News, arguent que la notion vague d’ « intérêt public » pourrait être exploitée pour justifier des arrestations ou des surveillances arbitraires, transformant ainsi une loi protectrice en outil de répression. Le site Disclose.tv va plus loin en titrant que l’EMFA « permet l’arrestation de journalistes si cela est justifié par l’intérêt public », en se basant sur ces clauses dérogatoires.

Les critiques : une loi insuffisante ou dangereuse ?

Malgré ses intentions affichées, l’EMFA fait l’objet de nombreuses critiques. Des organisations comme l’Electronic Frontier Foundation (EFF) estiment que le texte final est un « mauvais accord pour les utilisateurs », car il pourrait saper l’égalité de parole, favoriser la désinformation et menacer les groupes marginalisés en autorisant une surveillance accrue. L’European Digital Rights (EDRi) regrette que le règlement manque de garde-fous solides contre la surveillance des journalistes, favorisant potentiellement l’usage de spywares dans l’UE.

Politico.eu note que, bien que la loi soit en vigueur, elle risque d’être ignorée par des partis illibéraux ou populistes qui érodent déjà l’indépendance des médias dans certains États membres. D’autres analyses, comme celle du Review of Democracy, pointent des failles et un langage trop vague, ne fixant que des normes minimales qui laissent place à des abus. Sur Reddit, des discussions soulignent que, malgré les protections, des critiques persistent quant à son efficacité contre les ingérences politiques.

En France, des commentateurs comme Didier Maïsto dénoncent un « renversement orwellien », où la loi, sous couvert de protection, impose une coercition via des comités non démocratiques et une lutte contre la désinformation qui pourrait criminaliser les voix dissidentes. Des eurodéputés comme Manon Aubry (LFI) ont voté pour, tandis que ceux du RN et de Reconquête s’y sont opposés.

Les débats sur les réseaux sociaux : une polémique enflammée

Sur X (anciennement Twitter), l’EMFA suscite un vif débat. Des posts récents, comme celui de Disclose.tv, accusent la loi de permettre des arrestations arbitraires, qualifiant cela de « mensonge flagrant » par certains défenseurs qui insistent sur ses protections. D’autres, comme le Sénateur Yves Pozzo di Borgo, alertent sur une légalisation des arrestations sans décision judiciaire préalable, contraire à la loi française de 1881 sur la presse.

Des utilisateurs espagnols critiquent les exigences de transparence qui pourraient stigmatiser les médias critiques, tandis que des publications françaises évoquent des censures immédiates sur YouTube. En Allemagne, Markus Krall dénonce un « unfuckingfassbar » (incroyable) retournement. Globalement, les discussions récentes (depuis 2024) oscillent entre alarmisme sur la censure et défense de la loi comme bouclier contre les ingérences.

Un équilibre précaire

L’European Media Freedom Act représente un pas vers une régulation harmonisée des médias en Europe, avec des protections explicites contre les interférences. Pourtant, ses dérogations pour « intérêt public » et ses outils contre la désinformation soulèvent des craintes légitimes d’abus, particulièrement dans un contexte où la liberté de la presse est déjà menacée. Cet arsenal s’inscrit dans un ensemble plus large d’outils de contrôle mis en place par l’UE, tels que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) qui impose un contrôle strict sur les données personnelles et les flux d’informations, souvent critiqué pour ses exigences bureaucratiques et ses potentiels impacts sur la vie privée ; le Digital Services Act (DSA) qui régule les plateformes sociales en forçant la modération de contenus illégaux ou désinformants, accusé de favoriser la censure et de menacer la liberté d’expression ; le Digital Markets Act (DMA) visant les « gatekeepers » (désigne les grandes plateformes numériques dominantes qui agissent comme des « gardiens d’accès » ou « contrôleurs d’entrée » dans l’économie digitale) comme les grands réseaux sociaux pour promouvoir la concurrence mais perçu comme une ingérence dans les modèles économiques ; le Code of Practice on Disinformation, renforcé sous le DSA, qui pousse les plateformes à lutter contre les fausses informations au risque de surmodération ; ou encore la directive sur les services de médias audiovisuels (AVMSD) et la proposition de règlement sur la protection des enfants contre les abus sexuels (CSA Regulation), critiquée pour affaiblir le chiffrement et autoriser une surveillance accrue.

Ces dispositifs, bien que présentés comme protecteurs, sont souvent dénoncés pour leur potentiel à renforcer la surveillance, à limiter la dissidence et à centraliser le pouvoir sur les flux d’information, transformant l’UE en un espace de « souveraineté numérique » au détriment des libertés individuelles. Comme l’indiquent les critiques, cette loi pourrait être un « cheval de Troie » pour plus de contrôle, surtout si elle n’est pas appliquée avec rigueur. Pour les citoyens, il est essentiel de rester vigilants : la vraie liberté de la presse dépend non seulement des textes, mais de leur mise en œuvre démocratique. Des réformes supplémentaires pourraient être nécessaires pour combler les lacunes et assurer une protection réelle contre les dérives autoritaires.

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