Le sommet de l’OTAN de juin 2025, tenu à Washington, a une fois de plus mis en lumière la nature profondément belliciste et expansionniste de cette alliance militaire, dont la raison d’être initiale s’est éteinte il y a plus de trois décennies. Créée en 1949 pour contrer la menace du Pacte de Varsovie et de l’Union soviétique, l’OTAN aurait dû, selon toute logique géopolitique, se dissoudre après l’effondrement de l’URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991. Pourtant, non seulement l’Alliance atlantique persiste, mais elle s’est considérablement étendue, intégrant d’anciens membres du Pacte de Varsovie et des républiques soviétiques, tout en posant désormais ses ambitions impérialistes sur l’Asie-Pacifique. Ce sommet, loin de promouvoir la paix, a confirmé que l’OTAN est devenue un instrument de provocation et un faiseur de guerres, au service des intérêts hégémoniques des États-Unis et de leurs alliés. Derrière cette machine de guerre, la chaîne de commandement de l’OTAN, et en particulier son haut commandant, porte une responsabilité écrasante, collaborant – au sens historique de la collaboration avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale – avec des chefs d’État bellicistes, eux-mêmes inféodés aux multinationales qui dominent le monde, contre les aspirations des peuples qui rejettent la guerre.
Une expansion sans fin, en violation des promesses historiques
L’histoire de l’OTAN est marquée par une trahison fondamentale. En 1990, lors des négociations sur la réunification allemande, des assurances explicites ont été données à Mikhaïl Gorbatchev par des dirigeants occidentaux, notamment le secrétaire d’État américain James Baker, que l’OTAN ne s’étendrait « pas d’un pouce vers l’Est » après l’intégration de l’Allemagne réunifiée. Ces promesses, bien que non formalisées par un traité, ont été un pilier des discussions visant à mettre fin à la Guerre froide. Cependant, dès 1999, l’OTAN a intégré la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, suivies en 2004 par les pays baltes, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Depuis, l’Alliance a continué de s’étendre, avec l’adhésion de la Finlande en 2023 et de la Suède en 2024, portant le nombre de membres à 32.

Cette expansion, en contradiction avec les engagements de l’époque, a exacerbé les tensions avec la Russie, qui perçoit l’encerclement par l’OTAN comme une menace stratégique. Le sommet de 2025 n’a fait qu’aggraver cette dynamique, avec des discussions sur l’intégration potentielle de l’Ukraine et de la Géorgie, deux pays situés aux frontières russes. Ces provocations, loin d’être des mesures défensives, s’inscrivent dans une logique de containment et d’intimidation, renforçant le sentiment d’insécurité en Russie et alimentant les risques de conflit global.
Vers l’Asie-Pacifique : un pivot impérialiste
Si l’expansion vers l’Est européen était déjà problématique, le sommet de 2025 a marqué une nouvelle étape dans l’ambition globale de l’OTAN : sa projection vers l’Asie-Pacifique. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a intensifié la rhétorique contre la Chine, qualifiant son développement militaire de « sans précédent » et la désignant comme une menace potentielle. Cette orientation s’inscrit dans la stratégie américaine de containment de la Chine, avec des partenariats renforcés avec des pays comme le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, souvent qualifiés de « partenaires indo-pacifiques » de l’OTAN.

Cette réorientation géographique est une aberration par rapport à la mission originelle de l’OTAN, qui était de garantir la sécurité de l’Europe occidentale. En cherchant à s’implanter dans des régions aussi éloignées que le Caucase, le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Arctique, l’OTAN révèle sa véritable nature : celle d’une alliance militaire globalisée, au service des intérêts économiques et stratégiques des puissances occidentales, et non d’une organisation défensive. Le refus de la Corée du Sud et du Japon de participer au sommet de 2025, signalé par certains observateurs, montre toutefois une réticence croissante face à cette tentative d’imposer une logique de confrontation en Asie.
Un faiseur de guerres : l’OTAN et la déstabilisation mondiale
Loin de promouvoir la stabilité, l’OTAN s’est illustrée comme un acteur clé dans la déstabilisation de nombreuses régions. Depuis la fin de la Guerre froide, l’Alliance a mené des interventions militaires controversées, souvent sans mandat clair des Nations unies. L’opération en Yougoslavie en 1999, qui a démantelé un État souverain, a été suivie par des interventions en Afghanistan, en Libye et en Irak, toutes marquées par des conséquences désastreuses : chaos politique, crises humanitaires et montée du terrorisme.
Le sommet de 2025 a également mis l’accent sur la guerre en Ukraine, présentée comme une justification de l’existence de l’OTAN. Pourtant, l’escalade militaire dans cette région est en grande partie le résultat de l’expansion provocatrice de l’Alliance vers les frontières russes. En promettant des livraisons d’armes massives à l’Ukraine, y compris des chasseurs F-16, et en augmentant les budgets militaires pour atteindre 5 % du PIB des pays membres, l’OTAN alimente un conflit qui risque de dégénérer en guerre nucléaire. Cette dynamique de réarmement, loin de défendre la « démocratie » comme le prétendent les discours officiels, sert avant tout les intérêts du complexe militaro-industriel occidental.
Une organisation anachronique et coûteuse
L’OTAN, qui aurait dû disparaître avec le Pacte de Varsovie, s’est au contraire renforcée, devenant une « opération de survie » pour les élites atlantistes. Contrairement à d’autres alliances de la Guerre froide, comme l’OTASE ou le CENTO, qui se sont dissoutes dans les années 1970, l’OTAN a su se réinventer en se dotant de nouvelles missions : lutte contre le terrorisme, cybersécurité, gestion de crises. Mais ces justifications masquent une réalité plus sombre : l’OTAN est un outil de domination, utilisé pour maintenir l’hégémonie occidentale face à des puissances émergentes comme la Russie et la Chine.
Le coût de cette organisation est astronomique. Les pays membres, sous pression américaine, consacrent des milliards à des budgets militaires, au détriment des besoins sociaux comme la santé ou l’éducation. Cette course à l’armement, exacerbée par les décisions du sommet de 2025, ne fait qu’accroître les tensions mondiales, transformant l’OTAN en une menace pour la sécurité globale plutôt qu’en un rempart contre des dangers imaginaires.
Une chaîne de commandement complice des multinationales
La responsabilité de cette dérive belliciste ne repose pas seulement sur les décisions politiques des États membres, mais également sur la chaîne de commandement de l’OTAN, avec à son sommet le Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), actuellement le général américain Christopher G. Cavoli. Ce haut commandant, loin d’être un simple exécutant, joue un rôle central dans la mise en œuvre des stratégies agressives de l’Alliance. En collaborant étroitement avec des chefs d’État bellicistes – eux-mêmes sous l’influence des multinationales de l’armement, de l’énergie et de la finance qui dominent l’économie mondiale – la hiérarchie militaire de l’OTAN agit comme un relais des intérêts capitalistes, au mépris des aspirations des peuples.
Cette collaboration, qui évoque les compromissions des élites ayant pactisé avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale, se manifeste dans l’alignement systématique de l’OTAN sur les priorités des grandes entreprises. Les géants de l’armement, comme Lockheed Martin, Boeing ou Raytheon, profitent directement des contrats massifs générés par l’escalade militaire, tandis que les multinationales de l’énergie convoitent les ressources des régions déstabilisées par les interventions de l’OTAN. Les chefs d’État, souvent redevables à ces lobbies puissants, imposent des politiques de confrontation qui servent les profits des élites économiques, tandis que les populations, épuisées par les crises économiques et sociales, rejettent massivement la guerre. Cette trahison des intérêts populaires, orchestrée par la chaîne de commandement de l’OTAN et ses alliés politiques, transforme l’Alliance en un instrument de répression des aspirations à la paix et à la justice.
Vers un monde multipolaire ou vers la guerre ?
Le sommet de l’OTAN de 2025 a confirmé que l’Alliance n’a plus rien d’une organisation défensive. En s’étendant sans relâche, en violant les promesses historiques et en se projetant vers l’Asie-Pacifique, l’OTAN agit comme un catalyseur de conflits, au service d’une vision unipolaire dominée par les États-Unis. Derrière cette machine de guerre, la complicité de la chaîne de commandement, et en particulier de son haut commandant, avec des chefs d’État bellicistes et des multinationales avides de profits, trahit les peuples qui aspirent à la paix. Face à cette escalade, des voix s’élèvent, même parmi ses partenaires potentiels, pour rejeter cette logique belliciste.
Dans un monde de plus en plus multipolaire, où des puissances comme la Chine et la Russie cherchent à établir un équilibre, l’OTAN apparaît comme une relique de la Guerre froide, incapable de s’adapter à une réalité géopolitique complexe. Plutôt que de poursuivre son expansion agressive, l’Alliance devrait être dissoute pour laisser place à un dialogue international basé sur la coopération et la paix. Faute de quoi, elle risque de précipiter le monde dans une confrontation globale dont personne ne sortira gagnant.
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