En novembre 1967, au lendemain de la Guerre des Six Jours qui avait vu Israël remporter une victoire militaire fulgurante contre une coalition arabe (Égypte, Jordanie et Syrie) entre le 5 et le 10 juin de la même année, le général Charles de Gaulle, président de la République française, tenait une conférence de presse mémorable au Palais de l’Élysée.
Ce conflit, marqué par une attaque préventive israélienne et l’occupation subséquente du Sinaï, de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et du Golan, avait profondément remodelé le paysage géopolitique du Moyen-Orient.
Charles De Gaulle, qui avait imposé un embargo sur les livraisons d’armes françaises à Israël dès le 2 juin 1967 – rompant avec la politique pro-israélienne de ses prédécesseurs – y exposait une vision lucide et prémonitoire sur les conséquences à long terme de cette guerre. Ses propos, souvent qualifiés de visionnaires par les historiens pour leur anticipation des impasses diplomatiques et des cycles de violence qui perdurent encore aujourd’hui, soulignaient les risques d’une occupation prolongée et appelaient à une résolution internationale fondée sur le droit et l’équité. Ces déclarations, issues de sa conférence de presse du 27 novembre 1967, ont suscité une vive controverse à l’époque, notamment pour sa description du peuple juif comme un « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », mais elles témoignent d’une analyse géostratégique clairvoyante, préfigurant les défis persistants du conflit israélo-palestinien et l’importance d’une solution multilatérale respectant la Charte des Nations Unies.
VERBATIM
C’est ce que j’avais moi-même déclaré à monsieur Eban, ministre des affaires étrangères d’Israël que je voyais à Paris. Si Israël est attaqué, lui dis-jalors en substance, nous ne le laisserons pas détruire. Mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l’infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisé, beaucoup plus rassemblé, beaucoup mieux armé que les Arabes, je ne doute pas qu’ le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires, mais ensuite vous vous trouveriez engagé sur le terrain et au point de vue international dans des difficultés grandissantes. D’autant plus que la guerre en Orient peut pas manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable et d’avoir des conséquence très malencontreuse pour beaucoup de pays. Si bien que c’est à vous devenu des conquérants qu’on en attribuerait peu à peu les inconvénients. On sait que la voix de la France n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué s’est emparé en 6 jours de combat des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et il s’y manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme. Il est vrai que les deux belligérants observent pour le moment d’une manière plus ou moins précaire, irrégulière le cesser le feu prescrit par les Nations Unies. Mais il est bien évident que le conflit n’est que suspendu et qu’il ne peut pas avoir de solution sauf par la voie internationale. Mais un règlement dans cette voie. À moins que les Nations- Unies ne déchirent que elles-mêm leur propre charte. Un règlement doit avoir pour base l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belle gérance et la reconnaissance de chacun des États en cause par tous les autres.
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