L’enjeu de l’histoire et de son enseignement

L’enjeu de l’histoire et de son enseignement : une transmission essentielle pour lutter contre le mémoricide

Une transmission essentielle pour lutter contre le mémoricide

L’histoire est bien plus qu’un récit du passé : elle est une clé pour comprendre notre identité collective et un rempart contre l’oubli des tragédies humaines. Dans une récente émission du Libre Journal de l’Éducation en partenariat avec l’ICEP (Institut des sciences sociales, économiques et politiques), l’historien Reynald Secher, connu pour ses travaux sur les guerres de Vendée et son concept de « mémoricide », partage une réflexion profonde sur l’enjeu de l’histoire et de son enseignement. À travers son travail de restauration patrimoniale et ses méthodes pédagogiques, il illustre comment l’histoire peut être solidifiée dans le réel pour transmettre une mémoire vivante et éviter que les horreurs du passé ne se répètent.

Le patrimoine comme histoire coagulée

Reynald Secher, auteur du Génocide franco-français et figure de la préservation du patrimoine vendéen, incarne cette idée que le patrimoine est une « histoire coagulée », selon les mots de l’animateur de l’émission. Sa restauration de la chapelle Basse-Mer, un lieu marqué par le massacre de 74 habitants brûlés vifs par les républicains lors des guerres de Vendée, en est un exemple frappant.

La Chapelle Basse Mer (44)
La Chapelle Basse Mer 44

Avec l’aide de 2000 bénévoles sur plusieurs décennies, Secher a non seulement reconstruit ce monument, mais en a fait un mémorial pour raconter l’histoire de la Vendée militaire. Ce lieu, où des traces de suie persistent dans les pierres comme un témoignage indélébile de l’incendie, devient un espace de mémoire et de réflexion. Pour Secher, préserver ces lieux, c’est maintenir un lien entre passé et présent, une « verticalité » spirituelle et une « horizontalité » communautaire, comme il le souligne en évoquant l’importance des églises dans les villages.

Transmettre l’histoire : un défi pédagogique

L’enseignement de l’histoire, selon Secher, doit dépasser les livres, dont le « coefficient de lecture » est faible (0,64 lecteur par livre vendu). Pour toucher un public plus large, il a recours à des supports visuels et accessibles : bandes dessinées (avec un coefficient de lecture de 11), films, et surtout son mémorial à la chapelle Basmaire. Ce dernier, enrichi par des œuvres comme le bronze de Daphné du Barry sur les noyades de Nantes et les peintures de Robert Pruty retraçant les horreurs des guerres de Vendée, vise à rendre l’histoire tangible. Cependant, Secher reconnaît la difficulté de transmettre des vérités brutales, notamment aux jeunes générations. Face aux scènes de violence représentées – bébés cloués sur des portes, femmes éventrées, corps profanés –, il défend la nécessité de montrer ces réalités pour ne pas trahir la vérité historique. « Le scandale n’est pas la représentation, mais les actes », insiste-t-il, tout en précisant que l’accès au mémorial est déconseillé aux enfants, laissant aux parents la responsabilité de juger.

Le mémoricide : un danger pour l’avenir

Secher introduit le concept de « mémoricide », qu’il définit comme l’acte de tuer la mémoire en laissant les lieux de mémoire disparaître ou en refusant de reconnaître les crimes du passé. Il compare les massacres de la Vendée, planifiés au plus haut niveau de l’État républicain, à d’autres tragédies comme la Shoah ou Oradour-sur-Glane, mais souligne une différence cruciale : la Vendée souffre d’un oubli institutionnel. La République, selon lui, refuse de reconnaître ses crimes, comme en témoigne son inaction face aux lois d’extermination de l’époque révolutionnaire, jamais abrogées. Cet oubli, soutient Secher, a permis l’émergence d’autres systèmes mortifères, comme le communisme ou le national-socialisme. « C’est parce qu’on a oublié la Vendée qu’on arrive à l’industrialisation de la mort de masse », affirme-t-il, citant un journaliste de 1932 qui voyait dans cet oubli les prémices des horreurs nazies.

Les églises, lieux de mémoire et de communauté

Les églises, pour Secher, sont des maillons essentiels de la chaîne historique. Elles incarnent une double dimension : l’horizontalité, en tant que lieux de rassemblement communautaire, et la verticalité, en reliant les générations à une transcendance spirituelle. Il déplore la désacralisation et l’abandon des églises en France, contrastant avec l’Angleterre où elles restent des lieux visités et respectés. Secher propose de leur redonner une fonction, par exemple en les transformant en bibliothèques ou mémoriaux, tout en respectant leur caractère sacré. Il critique également l’idée de ne pas faire payer l’entrée des touristes à Notre-Dame de Paris, estimant que ces revenus pourraient financer l’entretien des églises rurales, souvent laissées à l’abandon depuis la nationalisation des biens religieux en 1905.

Faut-il tout montrer ? Le débat sur la mémoire traumatique

La transmission de l’histoire soulève une question éthique : jusqu’où montrer les horreurs du passé ? Secher évoque l’exemple d’une enseignante ayant projeté des images de la Shoah à des élèves de primaire, provoquant une crise d’hystérie. Il juge cette démarche inappropriée, plaidant pour un enseignement adapté à la maturité des enfants. Cependant, il insiste sur l’importance de préserver les lieux de mémoire, comme les camps de concentration ou les villages martyrs, pour que les générations futures comprennent la gravité des crimes commis. Ne pas le faire, c’est commettre un mémoricide, un acte qui, selon lui, empêche les sociétés de tirer les leçons du passé et favorise la répétition des tragédies.

L’histoire comme acte de résistance

Reynald Secher nous rappelle que l’histoire n’est pas seulement un savoir académique, mais un acte de résistance contre l’oubli et l’effacement des identités. En restaurant des lieux comme la chapelle Basse-Mer, en utilisant des supports visuels pour enseigner, et en luttant contre le mémoricide, il propose une approche vivante et incarnée de l’histoire. Comme le symbole de la croix, qui transforme une horreur – la crucifixion – en un message d’espérance, l’enseignement de l’histoire doit permettre de transformer les tragédies en leçons pour l’avenir. À une époque où le patrimoine est menacé par la désaffection et les idéologies, préserver et transmettre la mémoire reste un enjeu crucial pour notre humanité.

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