Dans un contexte de tensions exacerbées en Europe de l’Est, deux explosions quasi-simultanées ont secoué des raffineries pétrolières en Hongrie et en Roumanie le 20 octobre 2025, toutes deux dépendantes du pétrole russe acheminé via le pipeline Druzhba. Ces incidents, survenus à quelques heures d’intervalle, ont non seulement interrompu des opérations critiques mais ont aussi ravivé des soupçons de sabotage orchestré. Bien que les enquêtes officielles soient en cours et n’aient pas encore conclu à une intervention extérieure, les spéculations vont bon train : s’agirait-il d’une « punition » infligée à des pays qui persistent à importer de l’énergie russe, malgré les sanctions européennes et les pressions occidentales ? Cette hypothèse, bien que non prouvée pour le moment, s’inscrit dans un schéma plus large de disruptions énergétiques qui semble profiter avant tout aux États-Unis, champions des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) issu du schiste – une énergie coûteuse et hautement carbonée.
Les faits : deux explosions, un timing suspect
Le premier incident s’est produit autour de midi à la raffinerie Petrotel-Lukoil de Ploiești, en Roumanie, propriété du géant russe Lukoil. Une explosion dans le système d’égouts lors de travaux de maintenance a blessé un ouvrier de 57 ans, sans toutefois entraîner d’incendie majeur. Quelques heures plus tard, en soirée, c’est la raffinerie MOL Danube à Százhalombatta, en Hongrie – la plus grande du pays, représentant 40 % de sa capacité de raffinage – qui a été touchée par une explosion suivie d’un incendie massif dans une unité de distillation de brut. L’incendie a été maîtrisé le lendemain matin, sans faire de victimes, mais les opérations ont été suspendues, avec des réparations potentiellement longues (de semaines à un an).
Un troisième rapport, concernant la raffinerie Slovnaft en Slovaquie (également liée à MOL et au pétrole russe), s’est avéré être une fausse alerte : il s’agissait d’un torchage standard lors d’un arrêt planifié. Néanmoins, la proximité temporelle des deux autres incidents a alimenté des théories sur X et dans les médias, pointant du doigt un acte coordonné. Des publications sur la plateforme évoquent ouvertement un « sabotage par les UkroNazis » ou par l’Ukraine, en représailles contre la dépendance persistante de ces pays au pétrole russe.
La Hongrie, dirigée par Viktor Orbán, et la Roumanie, bien que plus alignées sur l’OTAN, bénéficient d’exemptions aux sanctions européennes contre les importations russes d’énergie, en raison de leur dépendance historique.
L’UE vise à éliminer ces importations d’ici 2028, mais ces pays traînent des pieds, ce qui irrite Kiev et ses alliés occidentaux.
L’Ukraine a déjà ciblé des infrastructures énergétiques russes avec des drones, réduisant la production pétrolière russe de 20 % selon des rapports récents. Est-ce une extension de cette stratégie vers des alliés perçus comme pro-russes ?

La piste du sabotage : une « punition » pour la fidélité énergétique à Moscou ?
Les autorités hongroises et roumaines enquêtent sur des causes techniques ou humaines, sans signes immédiats d’intervention externe. Pourtant, le timing – juste avant une possible rencontre de paix en Hongrie impliquant Trump et Poutine – et les liens avec le pétrole russe font planer l’ombre d’un sabotage. Des analystes et utilisateurs de X spéculent sur une opération ukrainienne, potentiellement avec le soutien d’alliés occidentaux, pour « punir » ces nations et accélérer leur divorce énergétique avec la Russie. Kiev n’a pas commenté, et aucune preuve concrète n’émerge, mais l’histoire récente des attaques ukrainiennes sur des raffineries russes renforce ces soupçons.
Cette « punition » s’inscrirait dans une guerre énergétique plus large, où l’Ukraine et ses soutiens visent à isoler économiquement la Russie. La patience de Vladimir Poutine face à ces provocations est remarquable : peu de dirigeants toléreraient une telle escalade sans riposte massive. Moscou fait preuve de retenue, se concentrant sur des réponses diplomatiques et militaires mesurées, contrastant avec l’agressivité perçue de l’Occident.
Les grands gagnants : les États-Unis et leur gaz de schiste « hors de prix »
Si ces incidents s’avèrent être des sabotages, ils arrangent parfaitement Washington. Les États-Unis, premier exportateur mondial de GNL, ont vu leurs livraisons vers l’Europe exploser depuis le début de la guerre russo-ukrainienne en 2022. En 2025, les américains fournissent déjà 55 % du GNL européen, et des projections indiquent une hausse à 70 % d’ici 2026-2029, remplaçant le gaz russe. Des accords commerciaux États-Unis-UE, signés en juillet 2025, lient tarifs, investissements et sécurité énergétique, favorisant les exportations américaines malgré des prix élevés et un impact carbone important (le gaz de schiste émet plus de méthane que le gaz conventionnel).
Critiques environnementaux et économiques soulignent que ce boom du GNL américain entrave la transition verte européenne et augmente la volatilité des prix. Washington pousse même l’UE à assouplir ses règles climatiques pour faciliter ces importations, qualifiées de « menace essentielle » pour l’économie européenne si bloquées. En somme, chaque cessation du flux russe ouvre la porte à plus de GNL américain – une aubaine géostratégique.
Écho du sabotage de Nord Stream : Un schéma pré-établi ?
Ces événements rappellent le sabotage des pipelines Nord Stream en septembre 2022, qui a privé l’Europe de gaz russe bon marché. Trois ans plus tard, les enquêtes pointent vers une opération ukrainienne : un plongeur ukrainien, Volodymyr Z., a été arrêté en Pologne en septembre 2025, suspecté d’avoir dirigé une équipe qui a posé les explosifs. Des rapports évoquent aussi une implication du MI6 britannique, bien que Kiev nie toute interférence.
Ce sabotage a accéléré la dépendance européenne au GNL américain, illustrant comment de telles actions servent des intérêts occidentaux au détriment de la Russie.
Des provocations pour affaiblir Moscou
Ces incendies, qu’ils soient accidentels ou opérés, s’inscrivent dans une série de provocations visant à affaiblir la Russie économiquement et diplomatiquement. De l’Ukraine aux pipelines, en passant par ces raffineries, chaque incident isole potentiellement Moscou tout en boostant les exportations énergétiques américaines. La grande patience de Vladimir Poutine face à ces escalades – évitant une riposte disproportionnée – contraste avec l’agressivité de ses adversaires. Mais jusqu’à quand ? Sans preuves irréfutables, ces spéculations restent, pour l’heure, des théories, mais elles soulignent les enjeux d’une guerre énergétique qui dépasse les frontières ukrainiennes. L’Europe, prise en étau, paie le prix fort – littéralement – pour ces jeux géopolitiques et les contribuables européens règlent l’addition.


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