Le 1er septembre 2025, le ministère des Armées a dévoilé les orientations clés qui guideront la mise à jour de la Loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030. Cette actualisation s’inscrit dans le prolongement des conclusions de la Revue nationale stratégique publiée le 14 juillet 2025, et répond à l’annonce du président Emmanuel Macron, qui a plaidé pour une accélération du budget défense afin d’atteindre 64 milliards d’euros dès 2027, soit deux ans plus tôt que prévu. Pour 2026, une augmentation de 6,7 milliards d’euros est déjà intégrée au projet de loi de finances.
Cette dynamique traduit une entrée de la France dans une logique plus guerrière, qui suscite des interrogations au sein de la population.
En effet, de nombreux Français ne souhaitent pas voir leur pays s’engager davantage dans une posture militariste, d’autant plus que les finances publiques sont réputées exsangues. Les citoyens sont constamment appelés à consentir à des efforts budgétaires de plus en plus intenables, avec des restrictions sur les dépenses sociales et les services publics, tandis que les priorités militaires absorbent des ressources massives.
Un contexte de tensions géopolitiques et de défis internes
La mise à jour de la LPM intervient dans un environnement international marqué par des menaces persistantes et des instabilités croissantes. Le ministère met l’accent sur la nécessité d’adapter les forces armées aux réalités contemporaines, sans minimiser les vulnérabilités actuelles. Cette initiative s’accompagne d’un calendrier chargé pour le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui entame une série de visites dès le 1er septembre : à Airbus Helicopters à Marignane, au 1er régiment de spahis à Valence, au site du radar Nostradamus à Crucey, et enfin à l’inauguration d’un supercalculateur dédié à l’intelligence artificielle au Mont-Valérien, développé par Hewlett Packard Enterprise (multinationale américaine) et Orange.
Ces déplacements soulignent l’engagement du gouvernement à renforcer la souveraineté nationale à travers la défense, tout en stimulant l’emploi et l’innovation.
Cependant, cette accélération budgétaire pose question : comment justifier de tels investissements alors que les caisses de l’État sont censées être vides, forçant les ménages à des sacrifices quotidiens qui deviennent insoutenables ?
Les quatre axes prioritaires de l’actualisation
Le ministère a structuré cette actualisation autour de quatre priorités essentielles, visant à moderniser et à consolider les capacités militaires françaises :
- Adapter les capacités militaires aux menaces réelles : L’accent est mis sur le renforcement des drones, des munitions, de la guerre électronique et de la défense aérienne. Il s’agit de combler les faiblesses identifiées sans les sous-estimer, pour une réponse plus efficace aux défis sécuritaires actuels.
- Rassembler la Nation autour de ses armées : Cette priorité vise à mobiliser les citoyens, en renforçant les réserves et en « remilitarisant » la Journée défense et citoyenneté. Le président Macron a évoqué de nouvelles formes d’engagement pour la jeunesse, qui seront précisées à l’automne, afin de durcir le modèle et d’accroître la masse mobilisable.
- Renforcer l’industrie de défense : Un soutien accru est prévu pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI), avec une sécurisation des chaînes d’approvisionnement et une promotion de l’emploi dans les régions. Cette approche vise à dynamiser l’économie nationale via le secteur défense.
- Miser sur les ruptures technologiques : Les efforts se concentrent sur l’intelligence artificielle, l’espace, les technologies quantiques et la cyberdéfense, pour anticiper les innovations qui définiront les conflits futurs.
Ces orientations réaffirment que l’effort de défense n’est pas seulement une impérative militaire, mais aussi un gage de souveraineté, un levier d’emploi et un moteur d’innovation.
Des implications budgétaires et politiques
L’accélération du budget à 64 milliards d’euros d’ici 2027, via l’ajout de 6,7 milliards en 2026, marque un engagement financier significatif. Pourtant, le contenu précis de ces priorités reste à détailler.
Sur le plan politique, cette actualisation survient dans un contexte d’instabilité, avec le Premier ministre François Bayrou en quête de confiance parlementaire avant les débats sur le projet de loi de finances 2026. Cela pourrait influencer le processus législatif. Au-delà, cette orientation vers une posture plus offensive interroge sur le consensus national : les Français, déjà confrontés à des contraintes budgétaires sévères, aspirent-ils vraiment à une France plus « guerrière » ? Les appels à des efforts supplémentaires paraissent d’autant plus contestables que les ressources publiques semblent épuisées, rendant ces sacrifices intenables pour une large part de la population.
En somme, cette actualisation de la LPM 2024-30 positionne la France comme un acteur résolu sur la scène internationale, mais elle soulève des débats profonds sur les priorités nationales et la soutenabilité des choix budgétaires.
Les Français préfèreraient sans doute que l’on renforce l’économie du pays – en luttant contre le chômage persistant et en inversant la désindustrialisation qui mine les régions – par des moyens pacifiques et directs, plutôt qu’en misant sur une logique guerrière comme le suggèrent les quatre axes prioritaires, qui lient trop étroitement croissance économique et effort de guerre.
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