Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne depuis 2019, fait face à une vague inédite de contestations en 2025.
Depuis juillet, plusieurs motions de censure ont été déposées contre elle et sa Commission, reflétant un malaise profond au sein du Parlement européen.
Ces initiatives, portées par des groupes « d’extrême droite » et de gauche, mettent en lumière les scandales accumulés, comme le « Pfizergate », et critiquent une politique perçue comme autoritaire et déconnectée des réalités nationales. Au-delà de ces attaques directes, elles s’inscrivent dans une montée du souverainisme en Europe, où les peuples expriment un ras-le-bol croissant face aux « diktats » de Bruxelles, symbolisés par von der Leyen elle-même.
Les scandales et les motions de censure : une série de tentatives pour la destituer
Le scandale « Pfizergate » reste au cœur des critiques. Il accuse von der Leyen d’avoir négocié de manière opaque l’achat de 1,8 milliard de doses de vaccins COVID-19 avec Pfizer, via des SMS échangés avec le PDG Albert Bourla, non divulgués malgré les demandes. En mai 2025, la Cour de justice de l’UE a condamné la Commission pour manque de transparence, ordonnant la publication de documents supplémentaires. Ce verdict a alimenté les appels à la démission, von der Leyen qualifiant ces accusations de « conspiration theory » et de tentatives de division par des forces anti-UE.
Les motions de censure se succèdent :
– En juillet 2025, une première motion, déposée par l’extrême droite (Patriots for Europe – PfE), a été rejetée par 175 voix pour, 360 contre et 18 abstentions. Von der Leyen a dénoncé des « vieilles recettes extrémistes » et des « antivaccins ».
– En septembre 2025, deux nouvelles motions ont été lancées : l’une par PfE, critiquant sa politique climatique, migratoire et le manque de transparence ; l’autre par le groupe de gauche (The Left), accusant von der Leyen de complicité dans le génocide à Gaza, de capitulation face à Trump et de promotion de l’accord Mercosur. Le débat a eu lieu le 6 octobre, avec un vote prévu le 9 octobre 2025.
– Des eurodéputés comme Manon Aubry (LFI) appellent à son départ, soulignant que 60% des Européens souhaitent sa démission selon un sondage.
Malgré ces assauts, von der Leyen devrait survivre, grâce au soutien des groupes centristes (PPE, Renew, S&D), qui bloquent les deux tiers nécessaires pour une censure. Cependant, ces tentatives révèlent une fragilité : le Parlement pourrait bloquer ses initiatives clés, comme le budget ou les accords commerciaux, limitant son pouvoir sans la destituer formellement.
La montée du souverainisme : une vague qui ébranle l’UE
Ces motions s’inscrivent dans une montée irrésistible du souverainisme en Europe, accélérée par les élections de 2024. « L’extrême droite » et les partis populistes ont progressé dans 14 pays sur 27, formant des gouvernements ou coalitions en Italie, Hongrie, Belgique, et influençant des scrutins en Roumanie, Pologne et Portugal. En 2025, cette tendance s’amplifie : des figures comme George Simion en Roumanie, André Ventura au Portugal ou Karol Nawrocki en Pologne incarnent un virage nationaliste et populiste.
Les élections européennes de 2024 ont vu les partis eurosceptiques, nationalistes et anti-immigration envoyer de gros contingents au Parlement, créant un clivage centre-périphérie.
Le groupe Patriots for Europe, mené par Jordan Bardella, pousse pour plus de souveraineté nationale face à l’intégration fédérale. En France, le Rassemblement National oscille entre souverainisme et une « Europe puissance », mais critique von der Leyen sur des enjeux comme la défense. Partout, « l’extrême droite » – sous les labels de populisme, nationalisme ou souverainisme – gagne du terrain, remettant en question l’hégémonie bruxelloise.
Le ras-le-bol des peuples : fini les diktats de Bruxelles !
Derrière ces mouvements politiques, c’est un ras-le-bol populaire qui s’exprime contre les « diktats » de von der Leyen.
Les citoyens en ont assez de la bureaucratie envahissante, des politiques migratoires perçues comme laxistes, du « fanatisme climatique » imposant des normes coûteuses, et du bellicisme en Ukraine qui alimente une crise énergétique.
L’accord Mercosur, critiqué pour favoriser les importations bon marché au détriment des agriculteurs européens, cristallise les protestations : von der Leyen est accusée de le pousser malgré l’opposition.
Les tensions avec les États-Unis sous Trump amplifient ce sentiment de vassalisation : von der Leyen est vue comme faible face aux tarifs douaniers, sacrifiant l’économie européenne. Des pétitions et campagnes, comme celle d’Ekō, appellent les eurodéputés à soutenir les motions, invoquant la corruption (Pfizergate) et la complicité dans des conflits comme Gaza. En Autriche, le FPÖ dénonce von der Leyen pour « migration de masse, folie Corona, bellicisme et union de la dette ». Ce mécontentement populaire, avec 70% des Français voulant son départ, signale une Europe fatiguée d’une élite déconnectée, préférant la souveraineté nationale à une union perçue comme oppressive.
Vers une Europe des nations ou un effondrement ?
Les tentatives de renversement d’Ursula von der Leyen ne sont pas isolées : elles incarnent la résistance à un projet européen fédéraliste qui semble ignorer les aspirations souverainistes. Alors que « l’extrême droite » et les populistes montent en puissance, et que les peuples rejettent les diktats de Bruxelles, l’UE risque un glissement vers un modèle conflictuel. Von der Leyen survivra-t-elle aux votes d’octobre ? Peut-être, mais à quel prix pour la cohésion européenne ?
L’avenir pourrait bien voir émerger une « Europe des nations », ou un déclin accéléré si les réformes tardent.
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