L’euro numérique, projet porté par la Banque centrale européenne (BCE), est une monnaie numérique de banque centrale (MNBC, ou CBDC en anglais -Central Bank Digital Currency-) qui vise à compléter l’argent liquide et les systèmes de paiement existants. Présenté comme une innovation pour faciliter les paiements électroniques, renforcer la souveraineté monétaire de l’Union européenne et soutenir l’inclusion financière, il soulève pourtant des inquiétudes majeures quant à ses implications pour les libertés individuelles et la démocratie. Derrière les promesses d’efficacité technologique se profile un outil de contrôle centralisé sans précédent, capable de restreindre les dépenses, de traquer chaque transaction et d’intégrer des mécanismes de scoring social. Cet article explore ce qu’est l’euro numérique et dénonce ses dérives anti-démocratiques, étayées par des sources et des analyses critiques.
Qu’est-ce que l’Euro numérique ?
L’euro numérique est une forme de monnaie numérique émise et garantie par la BCE, conçue pour coexister avec l’argent liquide et les moyens de paiement électroniques actuels. Selon le rapport de la BCE de septembre 2024, il se déclinerait en deux versions : une MNBC de « gros » (wholesale) pour les transactions interbancaires, et une MNBC de « détail » (retail) pour les citoyens et les entreprises. Prévu pour un lancement potentiel à partir de 2026, il fonctionnerait via une infrastructure hybride combinant blockchain et réseaux centralisés traditionnels. Les transactions seraient gérées par des banques commerciales et des prestataires de services de paiement (PSP), mais la BCE aurait un contrôle direct sur l’émission et la traçabilité des fonds.
La BCE présente l’euro numérique comme un outil pour renforcer la zone euro, réduire les coûts des transactions et répondre à la concurrence des cryptomonnaies privées comme l’USDT ou l’USDC. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a souligné dans un entretien en 2023 que les MNBC sont une réponse à la montée des stablecoins, perçus comme une menace pour la souveraineté monétaire. Selon un sondage de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) de 2023, 94 % des 86 banques centrales interrogées développaient une MNBC, et en mai 2024, 134 pays, représentant 98 % du PIB mondial, étaient engagés dans des projets similaires. L’euro numérique s’inscrit donc dans une tendance globale, mais ses implications locales sont particulièrement préoccupantes.
Les dérives anti-démocratiques de l’Euro numérique
Loin d’être une simple « mise à jour » des systèmes monétaires, l’euro numérique représente un danger pour la démocratie en raison de son potentiel de contrôle centralisé, de surveillance de masse et de restriction des libertés individuelles. Voici les principales dérives identifiées, étayées par des analyses critiques et des sources fiables.
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Contrôle total des dépenses et traçabilité absolue
L’euro numérique, par sa nature programmable, permet une traçabilité complète de chaque transaction. Contrairement à l’argent liquide, qui garantit un certain anonymat, chaque paiement en euro numérique serait enregistré et associé à une identité numérique, conforme aux exigences de vérification KYC (Know Your Customer). Le rapport de la BCE de septembre 2024 confirme que « les transactions devront être tracées pour des raisons de conformité réglementaire », limitant ainsi le degré de confidentialité. Cette surveillance permanente, justifiée par des impératifs de lutte contre le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme, ouvre la voie à une société de contrôle où chaque achat est scruté par les autorités.
Cette traçabilité soulève des risques majeurs pour la vie privée. Comme le souligne la vidéo Mon Radar Crypto (YouTube, 2024), les MNBC, par leur architecture centralisée, sont « assimilées à une arme par destination pouvant porter atteinte à la confidentialité des transactions ». Un article de Réseau International (2023) va plus loin, qualifiant les MNBC de « prison numérique » où chaque mouvement financier est sous surveillance. En Chine, le yuan numérique (e-CNY), l’un des projets les plus avancés, illustre ce danger : il permet aux autorités de suivre en temps réel les dépenses des citoyens, renforçant le contrôle de l’État sur la société.
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Restriction des dépenses et monnaie programmable
L’une des caractéristiques les plus inquiétantes de l’euro numérique réside dans sa programmabilité, rendue possible par les smart contracts. Cette technologie permet d’imposer des conditions spécifiques à l’utilisation de la monnaie, transformant l’argent en un outil de contrôle social. Par exemple, la BCE pourrait restreindre l’usage de l’euro numérique à certains types de produits ou services, fixer des dates d’expiration pour les fonds ou imposer des critères d’éligibilité pour certaines dépenses. La vidéo Mon Radar Crypto évoque un scénario où un diabétique pourrait se voir refuser l’achat de sucreries en raison de données de santé liées à son identité numérique.
Ces restrictions, bien que présentées comme hypothétiques, sont techniquement réalisables et déjà envisagées dans d’autres projets de MNBC. Un rapport du Forum économique mondial (2023) reconnaît que les MNBC offrent des « opportunités de gestion conditionnelle des transactions », mais minimise les risques pour la confidentialité. Cependant, des critiques comme celles de Réseau International (2024) alertent sur le potentiel de ces monnaies à instaurer une « économie de vitesse », où les citoyens seraient discriminés par des règles monétaires imposées par une autorité centrale. Par exemple, une dévaluation pourrait n’affecter que la MNBC de détail, touchant les citoyens et les petites entreprises, tandis que la MNBC de gros resterait protégée.
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Scoring social et contrôle comportemental
L’intégration de l’euro numérique avec l’identité numérique européenne, prévue pour 2026, ouvre la voie à un système de scoring social similaire à celui en place en Chine. L’identité numérique, qui contiendra des données personnelles telles que l’état de santé, les antécédents judiciaires ou les comportements d’achat, pourrait être utilisée pour conditionner l’accès à certains services ou limiter les dépenses en fonction d’un « score » attribué aux citoyens. Un article de Contrepoints (2024) met en garde contre ce risque, décrivant les MNBC comme un « outil de discipline sociale » capable de punir les comportements jugés indésirables.
En Chine, le yuan numérique est déjà couplé au système de crédit social, qui restreint l’accès aux transports, à l’éducation ou aux emplois pour les citoyens mal notés. L’UE, bien que plus attentive aux questions de vie privée, n’échappe pas à cette tentation. Le règlement eIDAS 2.0, qui encadre l’identité numérique européenne, prévoit une interconnexion des données entre les États membres, rendant possible un contrôle centralisé des comportements. Comme l’explique Réseau International (2023), « les MNBC, associées à l’identité numérique, pourraient transformer les citoyens en sujets d’une technocratie autoritaire ».
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Érosion de la souveraineté individuelle et nationale
L’euro numérique, en centralisant le pouvoir monétaire entre les mains de la BCE, menace la souveraineté des individus et des États. Les citoyens perdent la possibilité d’utiliser une monnaie anonyme comme l’argent liquide, devenant entièrement dépendants d’un système numérique contrôlé par une institution non élue. De plus, la BCE pourrait imposer des politiques monétaires discriminatoires, comme des taux d’intérêt négatifs ou des restrictions de dépenses, sans consultation démocratique.
Sur le plan national, les États membres de l’UE risquent de perdre leur autonomie face à une BCE toute-puissante. Un rapport de l’Atlantic Council (2024) note que les MNBC pourraient nécessiter une « normalisation internationale », réduisant encore davantage la marge de manœuvre des gouvernements nationaux. Cette centralisation, dénoncée par des figures comme Javier Milei en Argentine, s’oppose aux principes démocratiques qui exigent un contrôle décentralisé et transparent du pouvoir.
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Risques de cyberattaques et de dépendance technologique
Enfin, l’euro numérique, en s’appuyant sur une infrastructure numérique complexe, expose les citoyens à des risques de cyberattaques et de pannes systémiques. Un rapport de la BRI (2023) reconnaît que les MNBC, même avec des fonctionnalités hors ligne limitées, restent vulnérables aux piratages et aux défaillances technologiques. Une attaque réussie pourrait paralyser l’économie ou compromettre les données personnelles des utilisateurs, renforçant la méfiance envers les institutions.
De plus, la dépendance à une infrastructure numérique centralisée fragilise les populations, notamment en cas de crise énergétique ou de censure. Comme le souligne Mon Radar Crypto, « la confiance dans les MNBC repose sur la capacité des banques centrales à garantir la sécurité et la confidentialité, une quadrature du cercle difficile à résoudre ».
Une menace pour la démocratie
L’euro numérique, malgré les assurances de la BCE sur la protection de la vie privée, représente une menace existentielle pour la démocratie. En permettant un contrôle total des dépenses, des restrictions programmées et un scoring social, il transforme la monnaie en un instrument de surveillance et de discipline. Cette dérive, exacerbée par l’intégration de l’identité numérique, risque de réduire les citoyens à des numéros dans une matrice technocratique, où chaque comportement est surveillé et sanctionné.
Les promesses de la BCE, comme les fonctions de paiement hors ligne ou les garanties de confidentialité, ne suffisent pas à dissiper les craintes. Les précédents rapports de la BCE, moins axés sur la vie privée, montrent que l’attention récente portée à cet enjeu est davantage une stratégie de communication qu’un engagement sincère. Comme le note Réseau International, « les MNBC sont un cheval de Troie pour un contrôle totalitaire déguisé en progrès technologique ».
Vers une résistance citoyenne ?
Face à cette menace, des initiatives comme Open CBDC, portée par le MIT et des banques centrales comme celles du Canada et d’Angleterre, proposent une approche open-source pour garantir plus de transparence. Cependant, ces projets restent marginaux et ne répondent pas pleinement aux risques de centralisation. La véritable résistance viendra des citoyens, qui doivent exiger le maintien de l’argent liquide et s’opposer à l’adoption aveugle des MNBC.
Ainsi, l’euro numérique, sous ses airs d’innovation, est un outil anti-démocratique qui menace les libertés fondamentales. Sa capacité à surveiller, restreindre et conditionner les comportements financiers ouvre la voie à une dystopie où la souveraineté individuelle est annihilée. Comme l’a dit Christine Lagarde, les MNBC sont une « course contre la montre » pour préserver le pouvoir des banques centrales.
Préservons la démocratie ! Les citoyens européens doivent se mobiliser pour rejeter ce projet et défendre leur droit à la liberté et à la vie privée, avant qu’il ne soit trop tard.
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