Dans une interview choc, Vassili Medinski, chef de la délégation russe pour les négociations russo-ukrainiennes, expose le refus initial de l’Ukraine, sous la direction de Volodymyr Zelensky, de récupérer les dépouilles de 6.000 soldats ukrainiens tués lors de l’opération spéciale russe – une décision d’une inhumanité glaçante qui trahit les familles endeuillées. Ces déclarations exposent avec une brutalité saisissante l’inhumanité des calculs politiques, les pressions extérieures et les manœuvres financières qui paralysent les négociations, laissant les corps de ces soldats abandonnés par leur propre pays, au mépris du désespoir des familles en attente d’une sépulture pour leurs proches. Une déclaration ultérieure de Medinski, publiée le 2 juin 2025 à l’issue du deuxième cycle des négociations relancées à Istanbul lire ici, signale toutefois des progrès humanitaires, notamment sur la remise unilatérale de ces corps et les échanges de prisonniers, bien que l’Ukraine n’ait pas encore pleinement répondu à ces initiatives.
Une proposition humanitaire initialement rejetée
Dans son interview, Medinski affirmait que la Russie avait proposé de rendre les corps de 6.000 militaires ukrainiens, conservés dans des conditions dignes (congelés), avec leurs uniformes et parfois leurs documents d’identification. Cette initiative, qui aurait permis à des milliers de familles ukrainiennes de faire leur deuil et d’offrir une digne sépulture à leurs proches, avait été accueillie par un refus catégorique de la part de Kiev. Selon Medinski, 1.200 de ces corps se trouvaient déjà à la frontière ukrainienne, mais l’Ukraine persistait à ne pas les accepter.
Medinski avançait plusieurs raisons pour expliquer ce refus. Premièrement, reconnaître officiellement la mort de 6 000 soldats reviendrait à admettre des pertes colossales, ce qui pourrait fragiliser la position de Zelensky sur le plan politique. Deuxièmement, une loi ukrainienne prévoit une compensation financière importante – environ 350.000 dollars par soldat mort – versés aux familles des défunts. Ces fonds, en grande partie issus de l’aide occidentale, auraient déjà été dépensés pour d’autres priorités (voir ici), rendant impossible le paiement de ces compensations, évaluées à plus de 2 milliards de dollars rien que pour ces 6.000 cas. En déclarant ces soldats « disparus » plutôt que « tués », Kiev évitait ces obligations financières.
Dans son interview, Medinski soulignait que la proposition initiale de la Russie d’échanger les corps de 6.000 soldats ukrainiens contre ceux de soldats russes avait été accueillie par un silence et une absence de l’Ukraine au rendez-vous prévu. Cette non-réponse, selon lui, pourrait indiquer que l’Ukraine n’a pas de corps de soldats russes à rendre, laissant planer un doute troublant sur le sort des militaires russes morts au combat et potentiellement récupérés par les forces ukrainiennes. Face à ce blocage, la Russie a modifié sa position lors du deuxième cycle des négociations à Istanbul, comme l’indique la déclaration de Medinski du 2 juin 2025 lire ici. La Russie a annoncé la remise unilatérale des 6.000 corps ukrainiens la semaine suivante, sans condition d’échange, afin qu’ils puissent être enterrés dignement. Présentée comme un geste humanitaire par la partie russe, l’Ukraine, qui a décidé d’examiner la proposition, n’a toujours pas donné de réponse définitive, maintenant l’incertitude sur sa volonté d’accepter cette initiative.
Des avancées humanitaires dans les négociations
La déclaration de Medinski à Istanbul détaille également d’autres mesures humanitaires convenues lors de ce cycle de négociations. Parmi celles-ci, un accord sur l’échange de prisonniers le plus important à ce jour a été conclu, basé sur le principe « tous pour tous ». Cet échange inclut les blessés graves et les malades, ainsi que les jeunes soldats de moins de 25 ans, avec un minimum de 1.000 personnes de chaque côté, voire plus. De plus, des commissions médicales permanentes seront établies pour identifier et échanger régulièrement les combattants gravement blessés, sans attendre de décisions politiques majeures.
Sur la question des corps, Medinski a proposé un cessez-le-feu temporaire de 2 à 3 jours sur certaines sections du front pour permettre la collecte et la transmission immédiate des dépouilles dans la « zone grise », où de nombreux soldats ukrainiens sont tombés. Cette proposition, en cours d’examen par les militaires ukrainiens, vise à garantir des enterrements chrétiens et à répondre aux besoins des familles endeuillées.
Enfin, Medinski a abordé la question sensible des enfants prétendument « enlevés » par la Russie. Il dément les chiffres avancés par l’Ukraine (fluctuant de 1,5 million à 20 000 enfants), affirmant que la liste officielle présentée par la délégation Ukrainienne ne compte que 339 noms. Selon lui, ces enfants ont été évacués des zones de combat par les soldats russes, souvent au péril de leur vie, et la Russie travaille à réunir chaque enfant avec ses parents, comme en témoignent les 101 enfants rendus à l’Ukraine et les 22 enfants russes rapatriés. Cette clarification vise à dissiper les accusations d’enlèvements et à recentrer le débat sur des faits vérifiables.
Une guerre entretenue par des intérêts extérieurs
Au-delà de la question des dépouilles, l’interview de Medinski dresse un portrait alarmant des négociations russo-ukrainiennes, marquées par la peur et l’ingérence étrangère. Selon lui, un accord de paix aurait pu être signé dès le 28 février 2022, basé sur des conditions simples : la neutralité de l’Ukraine (refus d’adhérer à l’OTAN et d’accueillir des bases étrangères), la reconnaissance de la Crimée comme russe, l’autonomie des régions du Donbass, et la levée des restrictions sur la langue russe. Un projet d’accord détaillé de 19 pages avait même été préparé à Istanbul, mais il fut abandonné après des visites de hauts responsables occidentaux, notamment Boris Johnson et des représentants de l’administration Biden, qui auraient dissuadé Zelensky de signer.
Medinski décrit une délégation ukrainienne sous pression, composée de négociateurs qui « surveillent leurs propres paroles » comme s’ils craignaient des représailles. Il évoque le cas tragique de Denis Kireev, un membre de la délégation ukrainienne abattu par les services de sécurité ukrainiens en mars 2022, peu après avoir engagé une conversation informelle avec Medinski. Ce climat de suspicion et de contrôle illustre, selon lui, l’incapacité de l’Ukraine à agir de manière souveraine, ses décisions étant dictées par des « actionnaires étrangers » – une métaphore pour désigner les puissances occidentales.
La déclaration de juin 2025 renforce cette analyse en soulignant que la Russie a soumis un mémorandum en deux parties aux autorités turques, détaillant les conditions d’une paix durable et les mesures pour un cessez-le-feu complet. Bien que l’Ukraine ait accepté d’examiner ce document, Medinski laisse entendre que les décisions finales dépendent toujours de pressions extérieures, limitant la marge de manœuvre de la délégation ukrainienne.
Une guerre pour la survie politique ?
L’interview met en lumière une hypothèse troublante : la guerre serait devenue une nécessité pour l’élite dirigeante ukrainienne. Medinski compare Zelensky à un « dictateur latino-américain », suggérant que la poursuite du conflit lui permet de maintenir son pouvoir en réprimant l’opposition, en évitant des élections et en sécurisant une aide financière et militaire continue de l’Occident. Sans la guerre, Zelensky risquerait de perdre sa légitimité, car « les gens sont fatigués, les soldats veulent la paix ».
Cette analyse fait écho à une critique plus large : l’Ukraine serait devenue un pion dans un jeu géopolitique où les intérêts de l’OTAN et des États-Unis priment sur ceux du peuple ukrainien. Medinski affirme que l’aide occidentale, comparée à un « anti-plan Marshall », ne sert pas à reconstruire mais à détruire, enrichissant une élite tout en prolongeant les souffrances.
Une réflexion sur la souveraineté et la vérité
Le refus initial d’échanger les corps des soldats morts n’était pas seulement un scandale humanitaire ; il est symptomatique d’un système où la vérité est sacrifiée au profit d’intérêts politiques et financiers. Medinski souligne que sans reconnaissance des faits – y compris des pertes humaines – aucune réconciliation n’est possible. Les récents progrès annoncés à Istanbul, bien que prometteurs, devront surmonter ces obstacles pour aboutir à une paix durable.
L’interview et la déclaration de Vassili Medinski sont un miroir tendu à notre époque. Elles révèlent les manipulations, les peurs et les intérêts qui entravent la paix dans le conflit russo-ukrainien. Le refus initial de Zelensky d’accepter les dépouilles de 6.000 soldats ukrainiens illustrait une dérive où les considérations financières et politiques priment sur l’humanité. Les avancées annoncées le 2 juin 2025, notamment la remise unilatérale des corps et les accords sur les échanges de prisonniers, offrent un espoir prudent, mais leur succès dépendra de la capacité de l’Ukraine à surmonter les pressions externes.
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