L’inaction de l’opposition en France : un système politique à bout de souffle

L’inaction de l’opposition en France : un système politique à bout de souffle

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, la France traverse une crise politique profonde, marquée par une opposition incapable de s’organiser efficacement pour contrer les réformes et les décisions du gouvernement. Cette inaction, couplée à un désintérêt croissant du peuple pour ses institutions, révèle un système démocratique en perte de vitesse, où les élus, obsédés par leur réélection, semblent déconnectés des aspirations des citoyens. Cet article explore les multiples facettes de cette crise : l’inaction de l’opposition, la peur des députés de perdre leur siège, le rejet populaire de Macron et des élus, la baisse du niveau des responsables politiques, l’abstention record, la normalisation du Rassemblement National (RN), et, en toile de fond, un dégoût généralisé pour la politique.

Une opposition impuissante face à Macron

Le gouvernement Macron, malgré une impopularité croissante, a réussi à imposer des réformes controversées – comme la réforme des retraites en 2023 – sans rencontrer de véritable résistance parlementaire. Les outils constitutionnels à disposition de l’opposition, tels que les motions de censure ou la procédure de destitution du président (article 68 de la Constitution), sont restés largement inutilisés ou inefficaces. En 2023, deux motions de censure ont été déposées contre le gouvernement d’Élisabeth Borne après l’utilisation de l’article 49.3 pour passer la réforme des retraites sans vote. La première, portée par le centriste Charles de Courson, a échoué à seulement neuf voix près, tandis que celle du RN a été rejetée massivement. Pourtant, ces tentatives n’ont pas été suivies d’une stratégie concertée pour déstabiliser le gouvernement.

En décembre 2024, le gouvernement de Michel Barnier a été renversé par une motion de censure, soutenue par une alliance improbable entre le RN et le Nouveau Front Populaire (NFP), après un nouveau recours au 49.3 pour le budget de la Sécurité sociale. Cependant, cette chute, la première depuis 1962, semble davantage liée à des calculs électoraux qu’à une opposition structurée. Les motions de censure restent rares, et la destitution de Macron, bien que techniquement possible, n’a jamais été sérieusement envisagée, même par les partis les plus critiques comme La France Insoumise (LFI). Cette frilosité traduit une opposition fragmentée, incapable de s’unir autour d’un objectif commun, et souvent paralysée par des divergences idéologiques.

La peur des députés de perdre leur siège

L’une des raisons principales de cette inaction réside dans la crainte des députés de ne pas être réélus. Les élections législatives de 2022 et 2024 ont montré une Assemblée nationale divisée en trois blocs – NFP, Ensemble, RN – sans majorité absolue, rendant chaque vote à haut risque. Les élus, conscients que des élections anticipées pourraient bouleverser leurs positions, préfèrent souvent éviter les confrontations directes avec le gouvernement. Par exemple, lors du vote de censure de janvier 2025, le Parti socialiste (PS) et le RN ont choisi l’abstention, permettant au gouvernement de survivre, par peur de provoquer une crise politique qui pourrait leur coûter cher électoralement.

Cette obsession de la réélection pousse les députés à privilégier des postures médiatiques ou des critiques symboliques plutôt que des actions concrètes. Les débats à l’Assemblée se réduisent souvent à des joutes verbales, sans impact réel sur la politique gouvernementale. Cette attitude renforce l’image d’une classe politique déconnectée, plus soucieuse de sa survie que de l’intérêt général.

Le rejet populaire de Macron et des élus

Le peuple français exprime un rejet massif non seulement d’Emmanuel Macron, mais aussi de l’ensemble des élus. Dès 2022, des observateurs relevaient une « hostilité viscérale » envers Macron, particulièrement parmi les classes populaires, alimentée par des réformes perçues comme injustes (retraites, immigration) et un style de gouvernance jugé arrogant. En 2023 et 2024, la révolte des paysans, marquée par des blocages de routes et des manifestations contre les accords de libre-échange et les normes environnementales jugées asphyxiantes, a amplifié ce mécontentement, illustrant la fracture entre le monde rural et le pouvoir central. En 2024, certains candidats de Renaissance ont même choisi de ne pas afficher le visage ou le nom de Macron sur leurs affiches de campagne, un signe révélateur de son impopularité croissante.

Ce mécontentement s’étend aux députés, perçus comme inefficaces et déconnectés. Les Français estiment que leurs représentants ne remplissent plus leur rôle de contrôle du pouvoir exécutif. Les manifestations des Gilets jaunes en 2018-2019, suivies des protestations contre la réforme des retraites, témoignent d’un sentiment d’abandon et d’une fracture entre le peuple et ses élus. Ce désaveu se traduit par une défiance envers les institutions, considérées comme incapables de répondre aux attentes des citoyens.

Une baisse alarmante du niveau des responsables politiques

La qualité des responsables politiques, qu’il s’agisse des présidents, des députés ou, dans une moindre mesure, des sénateurs, est en net déclin. Macron, souvent critiqué pour son style « jupitérien » et son manque d’écoute, incarne pour beaucoup une présidence déconnectée des réalités. Les députés, quant à eux, peinent à proposer des visions cohérentes ou à s’imposer comme une force d’opposition crédible. Les débats parlementaires sont souvent marqués par des invectives ou des postures politiciennes, loin des échanges de fond nécessaires à une démocratie saine. Les sénateurs, bien que moins exposés, souffrent également d’une image d’élus conservateurs, parfois perçus comme éloignés des préoccupations quotidiennes.

Cette baisse de niveau s’explique en partie par la professionnalisation de la politique, où les carrières politiques priment sur l’engagement idéologique. Les élus, souvent issus des mêmes cercles (grandes écoles, apparatchiks partisans), manquent de diversité et de représentativité, accentuant le fossé avec la population.

Abstention et bulletins blancs : la crise de confiance

Le taux d’abstention et le nombre de bulletins blancs traduisent une crise de confiance sans précédent. Lors des élections législatives de 2022, l’abstention a atteint des niveaux records, avec près de 52 % des inscrits qui ne se sont pas déplacés. En 2017, à Amiens, seulement un tiers des électeurs d’un quartier populaire ont voté, illustrant un désintérêt particulièrement marqué dans les classes populaires. En 2022, les votes protestataires (abstention, bulletins blancs, votes antisystème comme LFI ou RN) représentaient 68 % des inscrits au premier tour de la présidentielle, un chiffre en hausse de 26 points en vingt ans.

Ces chiffres révèlent un peuple qui ne croit plus en ses institutions. Les Français, désabusés par des promesses non tenues et des réformes impopulaires, expriment leur méfiance en désertant les urnes ou en votant blanc, signe d’un rejet du système politique dans son ensemble.

Le Rassemblement National : un parti mainstream qui déçoit les patriotes

Le Rassemblement National, longtemps présenté comme un parti d’extrême droite, s’est considérablement normalisé, au point de devenir un acteur mainstream. Sous la houlette de Marine Le Pen et Jordan Bardella, le RN a abandonné certaines positions marquées pour se rapprocher du centre droit. Il se déclare désormais pro-européen, pro-OTAN, favorable à une immigration contrôlée mais non opposée à l’islam (qu’il juge compatible avec la République), et soutient l’Ukraine contre la Russie, malgré des liens financiers passés avec une banque russe leur ayant permis de se présenter alors que les banques françaises leur faisaient barrage.

Cette modération, destinée à élargir son électorat, suscite la méfiance des patriotes, qui y voient une trahison des valeurs originelles du parti. Les critiques sur les réseaux sociaux, comme celles d’un utilisateur de X dénonçant le refus du RN de censurer le gouvernement ou de soutenir la destitution de Macron, reflètent ce désenchantement. Pour beaucoup, le RN n’est plus l’alternative antisystème qu’il prétendait être, mais un parti intégré au système, prêt à collaborer avec Macron lorsque cela sert ses intérêts. À tel point, que les positions du nouveau patron du parti politique Les Républicains, semblent plus à droite que celles du RN

Un dégoût généralisé pour la politique

La France est confrontée à un dégoût profond pour la politique et ses acteurs. L’opposition, paralysée par ses divisions et la peur de perdre des sièges, ne parvient pas à contrer un gouvernement Macron pourtant affaibli. Les outils constitutionnels, comme les motions de censure ou la destitution, restent lettre morte, tandis que les élus privilégient leur carrière au détriment de l’intérêt général. Le peuple, exaspéré par un président impopulaire et des députés jugés incompétents, se détourne des urnes, comme en témoignent les taux d’abstention et de bulletins blancs. Même le RN, autrefois symbole de rupture, s’est fondu dans le moule mainstream, décevant ses soutiens les plus fervents. Ce tableau d’une classe politique médiocre, obsédée par la réélection et déconnectée des citoyens, illustre une crise démocratique majeure, où la confiance dans les institutions s’effrite dangereusement.

Pour répondre à cette crise, des propositions émanant du mouvement des Gilets jaunes pourraient redonner un souffle démocratique. Parmi elles, deux mesures phares : la reconnaissance et la comptabilisation du vote blanc dans les scrutins électoraux, afin de donner une voix au désaveu populaire, et l’instauration d’un mandat révocatoire, permettant aux citoyens de destituer un élu ou un président en cas de manquement grave à ses engagements. De plus, une idée novatrice pourrait briser le cycle du mal-nommé « barrage républicain » contre l’extrême droite, qui conduit à élire des candidats par défaut plutôt que par adhésion. Cette proposition consisterait à ajouter un « candidat virtuel » aux deux finalistes d’une élection, notamment à la présidentielle. Si ce candidat virtuel recueillait plus de voix que les deux autres, les finalistes seraient disqualifiés pour le mandat à venir, obligeant les partis à présenter des candidats véritablement soutenus par le peuple. Une telle mesure empêcherait la perpétuation d’élections où les Français votent non pas pour un projet, mais contre un adversaire, comme cela a été le cas lors des seconds tours opposant Macron à Le Pen en 2017 et 2022. Sans un sursaut, que ce soit par ces réformes ou par une refonte profonde du système, la France risque de s’enfoncer davantage dans le chaos politique.

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