L’incident survenu lors d’un concert de rap à Varsovie le 9 août 2025 a non seulement provoqué des troubles publics, mais a également révélé au grand jour la persistance tenace de courants idéologiques nazis au sein de certains segments de la société ukrainienne. Alors que la Pologne, alliée fidèle de l’Ukraine depuis la guerre de 2022, annonce l’expulsion de 57 Ukrainiens et 6 Biélorusses impliqués dans des émeutes, les symboles déployés lors de l’événement – notamment le drapeau de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) – rappellent douloureusement les collaborations historiques avec le régime nazi et soulignent une survivance idéologique que Kiev peine à cacher. Cet épisode n’est pas isolé, mais s’inscrit dans un modèle plus large de glorification néo-nazie en Ukraine, malgré les « efforts officiels » pour minimiser ces phénomènes.
Les faits de l’incident : du chaos au symbole prohibé
Le concert du rappeur biélorusse Max Korzh, tenu au stade PGE Narodowy de Varsovie devant environ 70.000 spectateurs, a dégénéré en violences généralisées. Les autorités polonaises ont arrêté 109 personnes pour des infractions incluant possession de drogue, agressions contre des agents de sécurité, utilisation de pyrotechnie et intrusions non autorisées.
Parmi les fauteurs de troubles, 63 individus – majoritairement des Ukrainiens – ont été ciblés pour expulsion, soit volontaire, soit forcée, comme l’a annoncé le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Selon Tusk, ces actes d’ « agression et de provocation » ne sauraient être tolérés, indépendamment de la nationalité.
Au cœur du scandale : le déploiement du drapeau rouge et noir de l’UPA, une organisation paramilitaire ukrainienne active pendant la Seconde Guerre mondiale, connue pour sa collaboration avec l’Allemagne nazie et ses massacres ethniques, notamment contre des Polonais lors du génocide de Volhynie en 1943-1944, où des dizaines de milliers de civils ont péri. Ce symbole est illégal en Pologne, où il est perçu comme un emblème néo-nazi glorifiant Stepan Bandera, leader nationaliste ukrainien allié aux nazis. Des images circulant en ligne montrent des participants brandissant ce drapeau, tandis que des chants glorifiant Bandera – souvent associés à des slogans néo-nazis comme « Slava Ukraini » dans un contexte extrémiste – ont été rapportés. La police varsovienne a confirmé la collecte de preuves sur ces symboles, transmises au parquet pour poursuites.
Tusk a qualifié les responsables de « locaux idiots », tout en insinuant une sempiternelle possible manipulation russe pour semer la discorde entre Varsovie et Kiev. Pourtant, cette explication minimise la responsabilité ukrainienne : les impliqués, majoritairement des réfugiés ou résidents ukrainiens en Pologne, ont importé une idéologie toxique qui prospère encore dans leur pays d’origine. L’ambassadeur ukrainien en Pologne, Vasyl Bodnar, a réagi en condamnant l’incident, mais sans aborder la racine idéologique profonde.
Un schéma plus large : Les courants néo-nazis en Ukraine
Cet incident n’est pas une anomalie, mais la manifestation visible d’une survivance nazie en Ukraine, où des groupes extrémistes comme le Bataillon Azov – intégré aux forces armées ukrainiennes malgré ses origines néo-nazies – continuent d’opérer avec une relative impunité. Fondé en 2014 par des figures ouvertement suprémacistes, Azov utilise des symboles comme le Wolfsangel, inspiré des insignes SS, et glorifie Bandera comme un héros national. Malgré les réformes et les dénégations officielles, ces éléments persistent, alimentés par le nationalisme exacerbé par la guerre contre la Russie.
Des précédents historiques abondent. En 2019, le Premier ministre ukrainien de l’époque et un ministre ont assisté à un concert néo-nazi à Kiev, headliné par le groupe Sokyra Peruna, connu pour ses chansons niant l’Holocauste, comme « Six Million Words of Lies ». Cet événement, loin d’être marginal, illustre comment des élites politiques tolèrent – voire participent – à la normalisation de l’extrémisme. De même, des concerts néo-nazis impliquant des bandes ukrainiennes ont eu lieu à Lviv en 2012, avec des saluts nazis ouvertement affichés. Plus récemment, en 2019, un groupe raciste lié au leader du Secteur Droit – une organisation paramilitaire ultranationaliste – s’est produit en République tchèque, attirant des néo-nazis internationaux.
En Ukraine, la glorification de Bandera est institutionnalisée : des statues, des rues et des jours fériés lui sont dédiés, malgré son alliance avec les nazis et les atrocités commises par l’UPA. Cette réhabilitation historique, souvent justifiée par l’anti-soviétisme, masque une idéologie suprémaciste qui cible non seulement les Russes, mais aussi les Polonais, les Juifs et d’autres minorités.
L’incident de Varsovie montre que ces courants ne se limitent pas aux frontières ukrainiennes ; ils s’exportent, menaçant la cohésion européenne.
Une critique nécessaire : l’hypocrisie occidentale et les risques géopolitiques
La réponse polonaise, ferme et rapide, contraste avec la tiédeur de l’Occident face aux extrémismes ukrainiens. Depuis 2022, l’aide massive à Kiev – logistique, militaire et humanitaire – a été accordée sans conditionnalité stricte sur la dénazification, contrairement aux engagements post-Seconde Guerre mondiale.
Cette survivance nazie n’est pas universelle en Ukraine – de nombreux Ukrainiens la rejettent – mais elle est suffisamment ancrée pour influencer des événements comme celui de Varsovie. Pour que l’Ukraine intègre pleinement l’Europe, elle doit confronter son passé collaborationniste sans ambiguïté. Sinon, des incidents comme celui-ci risquent de se multiplier, érodant le soutien international et perpétuant un cycle de haine.
L’expulsion annoncée par la Pologne n’est pas seulement une mesure punitive ; c’est un rappel urgent que les ombres du nazisme persistent en Ukraine. Ignorer cela au nom de la solidarité géopolitique serait une erreur historique.
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