En 2025, l’Union européenne (UE) se retrouve dans une position aussi paradoxale que ridicule : après des années de sanctions contre la Russie et de discours vantant une indépendance énergétique, elle abandonne l’idée d’interdire les importations de gaz russe, cédant à la peur des tarifs américains imposés par Donald Trump. Cette volte-face, rapportée par Reuters, illustre l’échec d’une stratégie européenne qui sacrifie ses principes géopolitiques pour des considérations économiques à court terme, révélant une dépendance énergétique mal gérée et une diplomatie incohérente.
Un revirement qui ridiculise les sanctions européennes
Depuis le début du conflit en Ukraine par la Russie en 2022, l’UE a multiplié les sanctions contre Moscou, visant à réduire sa dépendance au gaz russe. Un objectif non contraignant avait été fixé pour mettre fin à ces importations d’ici 2027, et des sanctions sur le pétrole russe avaient déjà été adoptées. Pourtant, malgré ces mesures, l’UE n’a jamais osé imposer un embargo total sur le gaz russe, notamment le gaz naturel liquéfié (GNL). En 2024, 19 % du gaz et du GNL de l’UE provenaient encore de Russie, une proportion qui a même augmenté pour le GNL par rapport à 2022. Cette dépendance persistante, alors que l’UE se targue de soutenir l’Ukraine, est déjà un aveu d’échec.
Mais le revirement de 2025 pousse l’absurde à son comble. La Commission européenne, qui devait présenter un plan détaillé pour éliminer les importations russes en mai, a reporté cette stratégie à deux reprises, invoquant l’incertitude liée aux tarifs de Donald Trump. Selon Reuters, l’UE craint de perdre l’accès au gaz russe alors qu’elle négocie avec les États-Unis pour éviter une guerre tarifaire. Certains pays, comme la Hongrie, s’opposent de longue date à des sanctions énergétiques contre la Russie, tandis que d’autres, comme la France, l’Espagne et la Belgique – qui représentent 85 % des importations de GNL russe en Europe selon l’IEEFA –, préfèrent maintenir le statu quo pour des raisons économiques. Résultat : l’UE préfère renoncer à ses principes plutôt que de risquer une pénurie énergétique.
Une dépendance énergétique mal anticipée
L’UE s’est tournée vers les États-Unis comme principal fournisseur alternatif de GNL après 2022, les importations américaines représentant plus de 50 % de ses approvisionnements en 2024. Mais cette dépendance, initialement perçue comme une solution, est devenue un talon d’Achille. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’énergie est devenue une arme de négociation. Trump, qui a imposé des tarifs de 25 % sur l’acier et l’aluminium européens, ainsi que 20 % sur la plupart des autres biens, exige que l’UE augmente ses achats de GNL américain pour réduire son déficit commercial. Comme l’a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, l’UE pourrait envisager de remplacer le GNL russe par du GNL américain, prétendument « moins cher et bénéfique pour les prix de l’énergie ». Mais cette proposition ignore une réalité : les États-Unis exportent déjà à pleine capacité, et une augmentation des volumes nécessiterait des investissements massifs dans de nouvelles infrastructures.
Pire encore, l’UE se méfie désormais de cette dépendance envers les États-Unis. Des experts, comme Tatiana Mitrova du Centre sur la politique énergétique mondiale de l’Université Columbia, soulignent que le GNL américain pourrait devenir un « outil géopolitique » si la guerre tarifaire s’intensifie. En cas de hausse de la demande intérieure aux États-Unis – notamment avec l’essor de l’intelligence artificielle – ou de tensions commerciales accrues, Washington pourrait limiter ses exportations, laissant l’UE vulnérable. Cette crainte, bien que légitime, rend d’autant plus absurde la décision de l’UE de renoncer à un embargo sur le gaz russe : elle préfère maintenir sa dépendance envers un fournisseur qu’elle sanctionne officiellement, plutôt que de risquer un bras de fer avec un allié qui la tient en otage.
Une politique européenne incohérente et risible
Ce revirement est un camouflet pour la crédibilité de l’UE. Pendant trois ans, elle a clamé haut et fort vouloir se libérer de l’emprise énergétique russe, tout en continuant d’acheter son GNL en quantités croissantes. Désormais, elle sacrifie cet objectif pour apaiser Trump, qui utilise les tarifs comme un levier de pression. L’UE se retrouve dans une position où elle doit choisir entre deux maux : soit céder à Moscou, qu’elle accuse de financer la guerre en Ukraine, soit plier face aux exigences commerciales de Washington, qui menace son économie. Ce dilemme est le fruit d’une politique énergétique mal pensée, qui n’a ni anticipé les alternatives au gaz russe, ni investi suffisamment dans les énergies renouvelables pour réduire sa dépendance globale.
Le ridicule de la situation est encore plus flagrant lorsque l’on considère les divisions internes de l’UE. Alors que des pays comme la Pologne ou les États baltes militent pour un embargo strict sur le gaz russe, d’autres, comme la Hongrie ou la Slovaquie, s’y opposent farouchement. La nécessité d’une unanimité pour adopter des sanctions énergétiques paralyse toute décision ambitieuse, laissant l’UE dans une posture d’impuissance. Pendant ce temps, des posts sur X ironisent sur cette situation, l’un d’eux résumant l’absurde ainsi : « L’UE boycottait le gaz russe… jusqu’à ce qu’elle en ait besoin. » Un autre va plus loin, suggérant que l’UE pourrait même racheter du gaz russe via des intermédiaires américains, une hypothèse qui, bien que spéculative, illustre le cynisme de la situation.
Une leçon d’humilité pour Bruxelles
L’abandon de l’interdiction du gaz russe par l’UE est un aveu d’échec qui ridiculise sa politique étrangère et énergétique. En cédant aux pressions tarifaires de Trump, elle montre qu’elle préfère préserver ses intérêts économiques immédiats plutôt que de défendre ses valeurs ou sa souveraineté énergétique. Cette décision ne fait qu’accroître sa vulnérabilité, la rendant dépendante à la fois de la Russie et des États-Unis, deux puissances qui n’hésitent pas à instrumentaliser l’énergie pour leurs propres intérêts.
Pour sortir de cette impasse, l’UE aurait dû mettre en place une véritable stratégie d’indépendance énergétique, notamment en investissant dans le nucléaire. Sans cela, elle continuera d’être la risée des grandes puissances, incapable de transformer ses ambitions en actions concrètes, et prête à tout accepter – même le gaz russe – pour éviter les foudres de Trump. Les dirigeants européens auront montré une fois de plus leur absence totale de crédibilité.
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